Dhina~ Et je te souhaite de trouver tes propres raisons (terminé)

Lun 5 Oct 2020 - 19:10

D'ici là,
La lune brille pour toi
Elle guide chacun de tes pas
Dans l'escalier qui mène au toit

Derrière la porte close, Dhan était assis contre le rebord de son bureau, le visage levé vers le plafond et les poutres de bois mat. Sa poitrine se soulevait à peine sous sa chemise blanche, alors qu’il laissait courir son regard sur les plinthes, la couleur sombre qui luisait par endroit et les noeuds comme autant d’yeux endormis qui le fixaient placidement. A coté de sa main gauche, l’eau chaude se teintait d’une couleur ambrée trouble, à mesure que les feuilles de thé noir infusaient, la vapeur d’eau fumant au dessus de la tasse. Dhan semblait perdu dans ses pensées, en réalité, il n’avait jamais aussi ancré, dans le présent : certainement pas égaré, il restait immobile, mais la phosphorescence sous le crâne ordonnait les idées avec une précision d’horloger. Il avait envoyé un message discret à celle qui attendait depuis quelques minutes déjà sans le moindre battement de cils, mais il était confiant, elle n’était que fort rarement en retard et, le cas échéant, elle avait toujours une excellente raison de l’être, justifiant bien qu’elle égrène quelque peu sa patience.

La décision de Mac Arthur était tombée la veille au soir, à la fin d’un conseil d’administration informel qui s’était éternisé jusque tard dans la nuit où, finalement, il n’était plus resté qu’eux deux. Ils avaient partagé un verre, offrande d’Ezechiel à son bras droit de l’avoir privé du coucher de sa petite fille, avant d’aborder d’autres sujets, tantôt personnels, tantôt professionnels, jusqu’à la conclusion : Le Professeur Pence ne reviendrait pas, il en avait à présent la confirmation, et dès le lundi, l’université se retrouvait orpheline de son maitre de conférence et enseignant de Runes. C’était fâcheux, d’autant que la matière était au menu de plusieurs cursus, tant en matières principales que facultatives, et que l’on ne pouvait décemment pas laisser les étudiants en défaut pendant plusieurs mois, le temps de trouver un autre maitre des arcanes. Dhan n’avait pas relevé, mais plongé ses prunelles sombres dans celles pétillantes de l’éminent doyen de la faculté. « Harshavardhan », avait il dit sans la moindre écorchure à ce prénom exigeant, « ne me forcez pas à vous supplier, consentez simplement à m’ôter une énième épine du pied en acceptant de prendre la relève, au moins un an, que vous puissiez décider de si le poste est taillé pour vous, ou non. Nous avons failli vous perdre au profit d’Ilvermorny, je ne ferais pas la même erreur deux fois .» L’ancien Lufkin avait objecté ne pas avoir l’age requis pour occuper une telle place dans l’organigramme, argument que l’Eminence balaya d’un geste de la main et un claquement de langue presque agacé par la probité de son second : on ne parlait que d’une poignée de mois, pas d’années ! De plus, il s’agissait d’une seule et unique année de remplacement, il ne serait titularisé à la rentrée prochaine, si l’alignement des étoiles et la volonté du bureau allaient en ce sens. Finalement, Dhan avait fini sa boisson d’un trait et serré la main du Doyen dans la sienne, sans l’ombre d’un sourire. Celui de Mac Arthur ne finit par déteindre sur ses lèvres qu’après une longue minute, et que celui ci lui tape amicalement sur l’épaule, prêt à lui faire signer un contrat qu’il avait rédigé des dizaines de fois pour d’autres que lui.

Quand le bouton doré de la porte se mit à tourner sur lui même, Dhan coula son regard du plafond à celle qui venait de faire son apparition à son encadrement, dans toute sa splendeur candide et évanescente. Elle était l’une des rares à pouvoir tirer naturellement un rictus de tendresse sans avoir à ouvrir la bouche, petite protégée aux manières aériennes, à la présence lunaire et douce comme la brume matinale qu’exhalait le loch, au plus froid de l’hiver.

- Bonjour Pina. Je suis content que tu ais pu te libérer, j’espère que tu vas bien.

(c) SIAL ; icons wild heart; @"Pina Jakobsen"

Ven 16 Oct 2020 - 14:45

D'ici là,
La lune brille pour toi
Elle guide chacun de tes pas
Dans l'escalier qui mène au toit

La tour d'astronomie offrait, en toute période, une vue imprenable sur le domaine de l'université. Mais une des choses favorites de Pina en cette période de l'année consistait à s'enrouler chaudement dans une écharpes, les yeux perdus dans l'océan colorés des arbres, le vent jouant avec facilité dans les feuilles orangées, le carmin de certaines autres donnant à la forêt une nouvelle intensité. L'eau de l'étang reflétaient les couleurs en un nouvel écrin de jaunes, de verts et d'oranges dansant à l'horizon alors que la lufkin laissait dériver ses pensées. C'était son moment, entre la fin de ses cours et le début de sa soirée. Parfaitement silencieuse, elle ne souriait que quand le petit boursouf piaillait avec plaisir dans son cou, cherchant la chaleur de la laine et le réconfort de sa peau.

Le vent s'engouffrait dans la tour avec force, faisant parfois plisser des yeux la renarde qui hésita un instant à se transformer pour profiter de la fourrure rassurante de son alter-égo, oubliant néanmoins l'idée alors qu'elle caressait distraitement le boursouf. Son moment de calme intérieur fut dérangé par la curiosité alors qu'un flocon volait lentement vers elle, prise dans quelques bourrasques avant de venir flotter devant ses yeux. Un sourire doux s'invita de suite sur ses lèvres alors qu'elle reconnaissait le pliage que lui réservait le secrétaire de l'université. Levant la main, elle récupéra la papier en le laissant se déplier au creux de sa paume. Il était rare que le secrétaire la demande dans son bureau, étant plutôt habituée à s'y cacher de son plein gré, discrète et douce présence au sorcier qui, depuis quatre années maintenant, avait tant pris l'habitude de la voir lire au bord de la fenêtre ou partager un thé avec elle.

Pina ramassa alors son sac, calant la bandoulière sur son épaule alors qu'elle resserrait ses bras sur sa poitrine en descendant les escaliers de la tour, ignorant le vent froid de l'automne qui jouait avec ses vêtements. Elle salua d'un sourire poli et d'un mouvement de la tête la professeure de divination et fut un instant accompagnée par le Duc de Norfolk qui l'avait fait sursauter au point de rattraper in extremis le livre qu'elle avait faillis lâcher. « J'espère que vous êtes en route pour aller étudier, mademoiselle ! » ronchonnait-il en découpant l'air de son épée sur leur passage. Amusée autant qu'intimidée par sa présence, se rappelant une journée particulière l'année dernière ou celui-ci s'était emparée de son corps, elle lui offrit un sourire doux en tapotant le livre dans ses bras, « Toujours, cher Duc, toujours. » alors qu'il s'éloignait en ronchonnant « Ces lufkins, jamais en faute, jamais en faute... on ne peut jamais râler... Satanés Lufkins... »

Pina le regarda partir, amusée, alors qu'elle tournait dans le couloir pour rejoindre les grands escaliers, descendant jusqu'au rez-de-chaussée, arpentant cette partie du château avec l'aisance de l'habitude. Trois petits coups à la porte qu'elle ouvrait souvent sans attendre de réponse, Pina passa d'abord la tête pour vérifier si le secrétaire était seul, puis le corps en lui offrant un sourire doux en refermant derrière elle. « Bonjour Pina. Je suis content que tu ais pu te libérer, j'espère que tu vas bien. »

Force est de constater qu'elle faisait toujours la même chose en entrant dans ce bureau, la lufkin s'en alla directement vers la fenêtre, posant son sac sur la banquette en répondant tranquillement « Bonjour ! J'étais dans la tour d'astronomie, je venait de finir les cours, » avant de se débarrasser également de son écharpe ainsi que de son manteau, le boursouf s'accrochant à son pull en laine avant de se replacer sur son épaule « J'ai croisé ce très charmant Duc de Norfolk dans les couloirs, d'excellente humeur, comme à son habitude... » L'étudiante afficha un sourire amusé alors qu'elle dégageait ses cheveux vers l'arrière avant d'approcher du bureau en regardant Dhan avec affection, s'asseyant sur le fauteuil en face du siens « Comment allez-vous aujourd'hui ? », s'enquit-elle, ravalant la question de sa présence en cherchant un indice sur les papiers posés sur le bureau du secrétaire.

(c) SIAL ; icons wild heart; @Dhan chaffinch

Mar 20 Oct 2020 - 15:13

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La lune brille pour toi
Elle guide chacun de tes pas
Dans l'escalier qui mène au toit

Douce Pina, délicate enfant aux yeux et teint aussi clairs que les siens étaient sombres, aussi petite qu’il se faisait grand. Et pourtant, lui semblait il, ils se ressemblaient : dans leur rythme parfois lent, mais implacable, entre cycles lunaires et mouvements des marées, prévisibles et pourtant implacables. Dans cette façon qu’ils avaient d’occuper les lieux sans s’y imposer, le regard souvent perdu dans leur environnement, mais l’esprit et le coeur ouverts aux quatre vents, et à la merci de l’influence des astres et des mots. Quand la porte se referma sur elle, il n’eut pas besoin de l’inviter pour qu’elle s’installe directement dans ce fauteuil qui était presque sien depuis le temps, que ses vêtements viennent se pendre aux crochets non loin du feu : il y avait un autre porte manteau, à l’entrée, mais Pina, comme lui, était de ceux qui apprécient que les tissus s’imprègnent de l’odeur chaude et sensuelle de la fumée que l’âtre exhalait en petite quantité, en dépit des sortilèges ménagers autour. Au même moment, Dhan faisait voler sur le bras du crapaud moelleux une sous tasse, une tasse de vieille porcelaine anglaise et la boule à thé chargée de feuilles odorantes : tisane d’après midi, dénuée d’une théine par trop excitante si consommée en grosse quantité. C’était un mélange automnal qui sentait le clou de girofle et la cannelle, et un je ne sais quoi que rappelait les épices indiennes… Peut être bien un peu de cardamome.

- Ah, ce cher Duc … Il est un peu grognon depuis quelques jours, paraît il qu’il s’est disputé avec Mary, qu’elle est partie en pleurant et, quoi qu’il en dise, le Duc est le plus émotif et sensible de nos ectoplasmes… Mais il ne sait pas comment faire amende honorable. Alors il fait ce que les fantômes font le mieux : il se tourmente. La tour d’astronomie, donc ? J’en informerai le doyen, qu’il soit au courant si d’aventure il vient embêter quelques élèves moins habitués à ses humeurs ...

Cela finirait bien par passer, mais en attendant, nul doute qu’il serait plus bilieux qu’à l’ordinaire, le noble esprit. Dhan ramena une jambe sur l’autre, la cheville sur le genou, alors qu’il penchait la tête de droite et de gauche pour se délasser la nuque. Face à lui, le boursouf l’observait d’un œil curieux, l’air tiraillé entre la tentation de vérifier si le cou du sorcier était encore plus chaleureux que celui de sa petite maitresse et la crainte que l’inconnu ne soit pas aussi doux que cette dernière, poussant un petit couinement incertain qui tira un rictus amusé au sorcier.

- Heureusement qu’Héma n’est pas là, elle adore les boursoufs, mais elle n’est pas encore, comment dire, suffisamment douce pour que je prenne le risque de lui en faire adopter un… Quand je vois la vie qu’elle fait déjà à un furet et un chien autrement plus aptes à se défendre …

Encore que, Scapula et Axis connaissaient l’enfant depuis tellement petite qu’ils se montraient excessivement complaisants avec la petite sorcière au caractère déjà bien affirmé. Il l’avait déjà vu lancer le furet dans les airs sans que celui ci ne cherche à s’enfuir, et habiller le chien avec toutes les cravates de son père sans que l’animal ne fasse autre chose que de soupirer en coulant des regards pitoyables vers les adultes de l’assemblée (ce qui, d’après Mercy, lui faisait ressembler plus encore au Chaffinch sénior que tout l’attirail des cravates).

- Je vais bien, très bien en réalité, même si je t’avouerai que la situation est un petit peu … spéciale pour moi, dernièrement.

Il fit une pause pour prendre une gorgée de boisson brûlante. Dans le foyer, une bûche de bois épaisse se mit à craquer sous l’assaut des flammes gourmandes.

- Tu n’es surement pas sans savoir que Barthelemy Pence a décidé de suivre de plus intrigants présages, peu de temps après la rentrée. Il m’a fait savoir qu’il vous avait déjà fait ses adieux en classe, après avoir déposé sa lettre de démission …

Il se tut un temps, le regard enfoncé dans l’incendie domestique, qui refletait ses formes ondoyantes apprivoisées dans les prunelles sombres du Chaffinch, en surimpression qui s’étalaient même dans les pleins et les déliés de son profil offert à l’oeil de Pina.

- Ezechiel … Le doyen m’a proposé le poste. Un an. A l’essai, puisqu’il me manque au moins un anniversaire révolu pour pouvoir postuler en bonne et due forme ...

(c) SIAL ; icons wild heart; @"Pina Jakobsen"

Sam 24 Oct 2020 - 17:06

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Le même sentiment de confort s'installait en elle alors qu'elle prenait place en face du secrétaire, souriant affectueusement en l'observant lui servir une tasse de thé. Tout, dans ce bureau, apportait à Pina la sérénité dont elle avait besoin pour recharger ses batteries. Les effluves de la tisane vinrent se découvrir à elle alors qu'il déposait l tasse devant elle, Pina le remerciant d'un sourire doux. Elle y trempa les lèvres pour découvrir avec plaisir une de ses épices préférées, la cannelle, avant de réfléchir quelques secondes pour essayer de découvrir chaque précieux ingrédient qui parcourait ses papilles. Elle écouta le secrétaire lui raconter les dernières aventures des fantômes de l'université, fronçant légèrement les sourcils en apprenant le chagrin de la douce Mary. Elle se laissa une note mentale d'aller apporter un peu de réconfort au fantôme plus tard dans la semaine si celle-ci trempait encore les sols de ces larmes qu'on ne pouvait sécher.

« Heureusement qu'Héma n'est pas là, elle adore les boursoufs, mais elle n'est pas encore, comment dire, suffisamment douce pour que je prenne le risque de lui en faire adopter un... Quand je vois la vie qu'elle fait déjà à un furet et un chien autrement plus aptes à se défendre... » La vision de la fille du sorcier jouant avec les animaux réchauffa le cœur de la Lufkin, qui, en un instant, s'était couvert de mélancolie de penser à son furet, parti rejoint les étoiles plus tôt dans le mois. Pina afficha un sourire doux en proposant « Je serais ravie d'essayer de lui expliquer la fragilité de ces petites créatures, si un jour l'envie lui en dit- et que tu es d'accord, évidemment. » La renarde n'avait qu'à peu de reprises croisée la route de la précieuse enfant, mais son énergie solaire était telle que tout le monde ne pouvait que s'arrêter pour l'admirer évoluer avec aisance et intelligence.

Prenant le temps d'ensuite demander des nouvelles au sorcier, la curiosité fut de suite attisée. « Je vais bien, très bien en réalité, même si je t'avouerais que la situation est un petit peu... Spéciale pour moi, dernièrement. » Pendue à ses lèvres, elle laissa un instant la tasse en suspens devant ses lèvres, le pressant de continuer. Elle ne s'autorisa de boire une gorgée que lorsqu'il se remit à parler. « Tu n'es sûrement pas sans savoir que Barthelemy Pence a décidé de suivre de plus intrigants présages, peu de temps après la rentrée. » La lufkin fit la moue à cette évocation, faisant partie de ses élèves à qui le cours de runes manquait énormément ces dernières semaines. « Il m'a fait savoir qu'il vous avait déjà fait ses adieux en classe, après avoir déposé sa lettre de démission... »

Pina se recula doucement dans son siège, laissant à Dhan tout l'espace et le silence nécessaire pour instaurer l'ambiance couvrant son histoire d'un léger suspens que Pina appréciait particulièrement. « Ezechiel... Le doyen, m'a proposé le poste. Un an. A l'essai, puisqu'il me manque au moins un anniversaire révolu pour pouvoir postuler en bonne et due forme... » Et à mesure qu'il prononçait chaque mot, les yeux de Pina s'écarquillèrent à même mesure que son sourire s'agrandissait sur son visage, se penchant un peu en avant alors qu'elle posait avec excitation ses deux mains sur le bord du bureau « Vraiment ?! » L'idée même que Dhan puisse partager ses innombrables connaissances en la matière, et faire découvrir, avec cette éloquence et intérêt particulier les mystères des runes au plus grand nombre ravit la jeune lufkin qui se retenait de se lever pour lui offrir une accolade ravie, « C'est vraiment super, Dhan. Enfin, c'est super, non ? » s'enquit-elle néanmoins, sondant le regard du secrétaire face à elle en y cherchant cette lueur d'excitation et d'intérêt. « Quel plaisir de pouvoir t'avoir en classe. » Elle se reprit rapidement, levant une main en riant doucement « Non pas que Monsieur Pence n'était pas intéressant, mais nos longues conversations sur la matière m'ont toujours tant passionnée ! » avant de reprendre sa tasse de thé, cachant son sourire dans une gorgée réconfortante. « Tu as accepté, n'est-ce-pas ? »

(c) SIAL ; icons wild heart; @Dhan chaffinch

Sam 31 Oct 2020 - 18:37

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Dans l'escalier qui mène au toit

- Je ne doute pas une seconde qu’elle serait toute acquise à ta cause, simplement, sa bonne volonté est proportionnellement inverse à ses capacités de concentration… Mais elle serait absolument aux anges de pouvoir au moins cajoler celui là.

La parenthèse close, le sorcier ne tarda pas à aborder avec la lufkin le sujet de son appel:après tout, la jeune femme avait peut être d’autres choses de prévues à son agenda, et il ne s’agissait pas ici de lui prendre trop de temps, si celui-ci s’avérait précieux aujourd’hui. Néanmoins, il avait ressenti le besoin de lui en parler à elle, de lui offrir la primeur de l’information, si l’on excluait quelques uns de ses intimes : à ce jour, il n’y avait que les Donovan, Alex et Pryia qui avaient appris la nouvelle, la veille au soir. La Jakobsen serait la première étudiante à apprendre qu’ils ne souffriraient pas trop d’une carence dans cet enseignement, que beaucoup prenaient en options, plutôt qu’en matière principale. Il accueillit l’enthousiasme de la sorcière comme un baume tiède sur son coeur, alors qu’il souriait, presque contrit, de se sentir à la fois exalté et inquiet par cette toute nouvelle carrière qui s’offrait à lui.

- C’est … Super, oui, comme tu dis. C’est un peu inattendu, aussi, je ne pensais pas qu’on me le proposerait, considérant que j’ai, quoi, peut être une demi douzaine d’années de plus que certains dernières années, nous étions littéralement en classe ensemble quand j’étais encore à ta place … J’ai encore un peu de mal à réaliser. Et pourtant … Je commence lundi.

Il reprit une gorgée de boisson, et si ses lippes restaient encore humbles, il y avait un éclat dans son regard sombre qui ne pouvait mentir : il était heureux, véritablement heureux de passer la bonne nouvelle à la sorcière, qu’il considérait presque comme une amie, une petite protégée précieuse depuis qu’elle avait choisi de nicher dans le creux moelleux de l’un de ses fauteuils. Quand il avait refusé ce poste à Ilvermorny, l’année précédente, il avait cru avoir à faire le deuil, au moins temporaire, de sa vocation professorale, et s’était convaincu de jouer au jeu de la Patience, se concentrant sur sa famille, sur ses histoires personnelles et sur quelques travaux de recherches annexes. Aujourd’hui, il avait signé de sa plus belle paraphe le contrat l’engageant sur deux semestres pleins, charge à lui de se montrer à la hauteur de l’opportunité, aussi excitante qu’impressionnante, d’autant que le deal passé avec Mac Arthur n’était pas sans conséquence …

- Je suis censé tenir de front le secrétariat et le cours d’étude runique, sur cette année. Bien sur, le plus gros est passé avec la rentrée, mais nous avons quelques nouveaux arrivants dans le personnel à former et à guider, et les notes de Pence s’agissant de la programmation de son cours étaient pour le moins … Lacunaire. * un petit rictus apparut sur une de ses commissures, alors qu’il terminait sa première tasse* C’est un expert mondial des runes celtiques, la faculté avait de la chance d’avoir un si éminent chercheur sur le sujet mais … Il était un peu … Monomaniaque. Il a passé mes quatre années de thèse à essayer de me convaincre de changer mon sujet, un peu trop … Exotique à son goût. Heureusement que Cléopatra Amonwé était là pour me soutenir, sans quoi j’aurai eu bien du mal à aller jusqu’au bout. Enfin, je m’égare…

Quand on le connaissait un peu, on devinait dans les élans loquaces du Chaffinch son engouement, sa passion sur le sujet abordé, sans quoi sa parole se faisaient autrement plus économes. La théière lévita devant lui pour remplir à nouveau sa tasse, alors qu’il reprenait, un peu moins vite.

- Sapphire, nouvellement Bragnam, va m’être d’un grand secours pour ce qui est de la partie administrative, et heureusement. En revanche, Pence n’avait pas encore choisi son assistant pour cette année et, bizarrement, les candidats ne se bousculaient de toute évidence pas au portillon …

… Il fallait dire que le dit ancien enseignant, si brillant soit il, n’était pas vraiment un gai luron. Non que Dhan soit forcément un vrai bout en train, mais il espérait tout de même dégager un peu plus de chaleur que l’hermétique Irlandais du Nord.

- Alors je sais, je sais que tu n’es pas encore en thèse et que, par conséquent, tu ne peux officiellement briguer le post, mais puisque je suis moi même en théorie trop jeune pour le mieux … Je voulais savoir si tu étais intéressée pour me donner un petit coup de main pour préparer et tester, en avant première, mes premières maquettes de cours, m’éviter les écueils de ceux qui n’ont pas vraiment de pratique pédagogique … Une assistante officieuse, en quelque sorte.

Il détourna son regard de sa contemplation de l’âtre pour le plonger dans les piscines océaniques de ses prunelles avec un petit sourire :

- … S’il te plait ?

(c) SIAL ; icons wild heart; @"Pina Jakobsen"

Dim 22 Nov 2020 - 15:35

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« Tu as accepté, n'est-ce-pas ? » Demanda t-elle, dans l'urgence de confirmer que son année en cours runique alors prendre une tournure bien plus agréable. Consciente de la chance qu'elle avait eu à étudier avec un sorcier aussi éminent que monsieur Pence, Pina ne pouvait nier une seule seconde être aux anges. « C'est... super, oui, comme tu dis. C’est un peu inattendu, aussi, je ne pensais pas qu’on me le proposerait, considérant que j’ai, quoi, peut être une demi douzaine d’années de plus que certains dernières années, nous étions littéralement en classe ensemble quand j’étais encore à ta place … J’ai encore un peu de mal à réaliser. Et pourtant … Je commence lundi. » Pina imita son tout nouveau professeur en buvant une gorgée avant de poser délicatement mains et tasse contre ses jambes, silencieuse, consciente que le sorcier avait besoin de s'exprimer. « Je suis censé tenir de front le secrétariat et le cours d’étude runique, sur cette année. Bien sur, le plus gros est passé avec la rentrée, mais nous avons quelques nouveaux arrivants dans le personnel à former et à guider, et les notes de Pence s’agissant de la programmation de son cours étaient pour le moins … Lacunaire. » A mesure qu'il lui expliquait la situation, l'étudiante ouvrait un peu plus grand les yeux, consciente du travail que nécessitait seulement un de ces deux postes, inquiète pour le bien-être du secrétaire. Malgré tout, le fait qu'il soit du même avis qu'elle sur les cours de son collègue fit sourire Pina.

Sans ressentir le besoin de parler simplement pour lui signifier qu'elle l'écoutait, la lufkin se nourrissait des anecdotes confiée à elle. Pina était arrivée l'année où le Chaffinch quittait l'université, aussi n'avait-elle pas eu le plaisir de le découvrir en tant qu'étudiant. Elle ne connaissait que le bienveillant secrétaire qui avait accepté de la sauver de la pression des soirées universitaires et de l'angoisse de se fondre dans l'immense université. Grâce à lui, année après année, la renarde se sentait à sa place, cette année plus que jamais, alors qu'elle avait réussi à parfaire ses transformations d'animagie, qu'elle était entrée dans un cursus parfait pour elle, et qu'elle s'était ouverte aux relations sociales. Pina releva les yeux vers lui quand il prononça le prénom de la chargée de mission qu'elle n'avait croisée pour la première fois que récemment. Elle hochait positivement la tête, heureuse de savoir le secrétaire bien entouré, avant qu'il ne reprenne la parole en fixant la cheminée.

Pina elle, n'arrivait pas à décrocher son regard de Dhan, à mesure qu'il parlait. « Alors je sais, je sais que tu n’es pas encore en thèse et que, par conséquent, tu ne peux officiellement briguer le post, mais puisque je suis moi même en théorie trop jeune pour le mieux … Je voulais savoir si tu étais intéressée pour me donner un petit coup de main pour préparer et tester, en avant première, mes premières maquettes de cours, m’éviter les écueils de ceux qui n’ont pas vraiment de pratique pédagogique… Une assistante officieuse, en quelque sorte. » Elle resta un instant silencieuse, ramenée à la réalité que par son regard sombre qui brillait, cherchant en elle l'approbation qu'il attendait. « S'il te plait ? » Encore un instant, avant que les prunelles de l'étudiante ne brillent de fierté, de malice et d'innocence, « Oh, mais je-... Es-tu sur que je sois la meilleure candidate pour ça ? Je ne sais pas si j'ai réellement ce qu'il faut pour t'épauler et t'aider ! » dit-elle en reposant la tasse sur le bureau, malmenant la manche de son gilet en baissant un instant, les yeux, le cœur battant la chamade. « Je serais absolument ravie de t'aider, bien sur mais... » Pina releva les yeux pour chercher en lui le courage de simplement dire oui, et fut soufflée de lire en lui une demande sincère, une réelle envie de travailler avec elle. Dhan ne faisait pas les choses s'il n'en avait pas envie, se répétait-elle alors que son sourire fendait son visage. La timidité la poussa à pencher un peu la tête sur le côté, relevant les épaules comme pour se cacher dans le tissu le plus possible, le dos buttant sur le dossier de la chaise. « Tu es sur ? » demanda t-elle une nouvelle fois.

(c) SIAL ; icons wild heart; @Dhan chaffinch

Lun 30 Nov 2020 - 19:08

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Que Pina soit prise de cours face à une telle proposition ne le surprenait pas outre mesure : après tout, il avait lui-même eu l’idée au détour de l’une de ses errances intérieures, à fixer la danse des flammiches dans l’âtre, quelques jours plus tôt. Il connaissait la plupart des étudiants de runes, notamment ceux entamant leurs ultimes années de doctorat. Tout d’abord, il n’y en avait pas tant que cela qui avaient choisi la matière comme sujet principal et, pour les rares à s’être aventurés sur la voie obscure mais ô combien passionnante de l’étude des graphèmes, il se reconnaissait totalement en eux, à la même période de sa vie : il s’agissait avant tout de passionnés de la matière, souvent des rats de bibliothèque peu loquaces, du genre plus à l’aise parmi les livres que face à âme qui vive. Il était passé par là lui aussi, bien sur, avant de se découvrir une véritable fibre professorale, et il n’avait pas entendu parlé un seul d’entre eux de l’idée de devenir assistant, à un moment ou un autre. Peut être d’abord parce que l’ancien enseignant n’était pas vraiment du genre à prendre qui que ce soit sous son aile poussiéreuse, ensuite parce qu’aucun n’était assez sociable, assez enjoué pour apprécier vraiment les possibilités qu’offrait ce genre de position. Alors pourquoi Pina ? N’était-elle pas, elle aussi, d’une timidité maladive, ou presque ? Ne s’étaient-ils pas trouvés des points communs dans le silence et les échanges sans mot ?

- Je ne saurais te dire si tu es la meilleure candidate, simplement tu es la seule à qui j’ai envie de le proposer. En cela, j’ai l’intime conviction que tu me serais d’un soutien précieux.

La posture un peu repliée sur elle-même de la lufkin éveillait des instincts bien connus chez le Chaffinch, des élans d’affection fraternelle, l’aînesse ayant façonné son caractère doux presque aussi fortement que la maladie ou ses penchants solitaires. S’il s’était écouté un peu plus, sûrement serait il sorti de sa réserve pour enlacer les épaules laineuses de la jeune femme, l’aurait serré contre son torse, mélangeant les effluves amidonnées émanant de sa chemise blanche, les relents fuligineux de cheminée et le parfum doux et sucré de Pina. Il n’en fit rien, cependant, conscient que cela pourrait gêner la renarde plus que cela ne lui apporterait un réel réconfort. Il n’était pas sur, en tout cas, aussi il préférait s’abstenir.

- Bien sur, je ne te demanderai pas un travail aussi assidu et suivi que celui d’un assistant sous contrat, ce serait bien présomptueux de ma part. Simplement, il s’agirait peut être d’écouter mes cours une première fois, de m’aider à les peaufiner, peut être même de me dire ce qui intéressent vraiment les étudiants, ce qui pourrait les pousser à passer le pas de la porte avec un peu moins d’appréhension et plus d’entrain. Je travaille beaucoup en marchant, et le fond de l’air est de plus en plus froid et vivifiant. Serais tu d’accord pour que nous prenions, mettons, une heure ou deux par semaine pour marcher, et réfléchir à la construction des cours ? Bien sur, si tu souhaites être payée, c’est bien sur envisagé, que cela soit en gallions sonnants et trébuchants ou par des artefacts, des cours …

Presque fatigué d’avoir parlé autant, il se tut le temps de souffler sur sa tasse et d’en boire une gorgée, avant de conclure un peu plus bas.

- Je pense que cela me rassurerait de t’avoir près de moi.

(c) SIAL ; icons wild heart; @"Pina Jakobsen"

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« Je ne saurais te dire si tu es la meilleure candidate, simplement tu es la seule à qui j'ai envie de le proposer. En cela, j'ai l'intime conviction que tu me serais d'un soutien précieux. » Pina regarda longuement le visage du secrétaire face à elle, complètement submergée par ses émotions. Elle s'attela à décrypter les petites rides des années mêlées aux rires au bord de ses yeux, glissa sur la couleur joliment réchauffée de sa peau et sur les légères marques de vie sur ses joues, vite cachées sous l'épaisse forêt de la barque qui entourait ses lèvres. Et son sourire qui réchauffait son cœur, et lui offrait la paix et le calme dont elle avait besoin, la confiance, même, toutes ces années, de partager son espace privé avec elle.

Silencieuse, ses yeux, et ses épaules qui s'affaissaient, apaisée, à mesure qu'il lui expliquer son futur rôle, prouvait sans avoir besoin de mots qu'il la comprenait, et qu'ils pourraient sûrement (comme il le prédisait), bien travailler tous les deux. « Je pense que ça me rassurerais de t'avoir près de moi. » Touchée qu'il se livre avec autant d’authenticité, la jeune lufkin se redressa sur sa chaise afin d'un peu mieux se tenir, passant une jambe par dessus l'autre alors qu'elle s'avançait sur le bout de son siège, les deux mains en appuie sur le bureau.

La passion et la gratitude avaient balayé d'un geste la peur dans ses yeux, y avait posé des étoiles et son sourire s'envolait jusqu'à ses oreilles « J'en serais absolument ravie ! » Et déjà elle chassait d'un petit mouvement de la main, l'idée même d'être payée « Et pas question d'argent ou d'artefact ! J'aurais l'honneur de découvrir tes pensées, et mes cours, en avant-première, ça suffit largement à me combler ! »

L'excitation grandissait dans son corps alors qu'elle trépignait presque sur sa chaise, ramenant la tasse à ses lèvres pour reprendre un peu de contenance. « J'adore marcher, en plus » souffla t-elle avec joie, avant de se relever pour aller fouiller dans son sac « laisse moi regarder un peu mon emploi du temps, qu'on se trouve un créneau dans notre semaine -sans que ça n'influe sur les moments thé-cheminée dérobée en fin de journée ! » Enjouée, elle se reposait face à lui avec une nouvelle énergie, feuilletant un de ses carnets d'écritures jusqu'à un dessin appliqué de sa semaine « Le.... mardi, après manger ? Jeudi soir ? Ou vendredi matin, je n'ai cours de botanique qu'à dix heures. »

(c) SIAL ; icons wild heart; @Dhan chaffinch

D'ici là,
La lune brille pour toi
Elle guide chacun de tes pas
Dans l'escalier qui mène au toit

Dhan n’aurait su dire si les mots qu’il venait de prononcer étaient ceux dont avait véritablement besoin Pina, mais son sourire, aussi timide et lumineux que le soleil d’hiver, portait à lui faire croire que c’était le cas. Néanmoins, il fronça sensiblement les sourcils quand elle chassa du revers de main l’idée même d’être payée (à juste titre) pour les efforts à venir : dans son monde à lui, on ne demandait pas aux étudiantes de jouer les assistantes en bénévole. Il préféra malgré tout tourner cela à la plaisanterie légère, pour ne pas froisser la renarde ni son pelage doux.

- Ca, c’est ce que tu dis maintenant, sous le coup de l’émotion, mais gageons qu’une fois que tu auras du supporter des heures entières de me voir revenir sur le moindre détail quasiment infime d’un exemple obscur, crois moi que telle peine méritera salaire, ne serait ce que pour subvenir à tes besoins en sucre après une marche de deux heures dans le froid… Mes jambes sont autrement plus longues que les tiennes et je suis du genre empressé dans mes errances.

Il sourit un peu plus, et c’était comme si l’entente avait été scellée entre eux, sur ces bons mots. Il trouverait un moyen ou un autre de la remercier, que cela soit en monnaie sonnante et trébuchante, ou par des biais moins évidents. Il la laissa fouiller dans son sac alors que lui même tenait devant lui son agenda hebdomadaire, glissant le doigt sur chacun des horaires proposés. Lui-même avait un emploi du temps plutôt chargé, contraint par les réunions avec le doyen et le corps enseignant, mais également par ses obligations parentales : Si il avait l’immense privilège d’avoir une nourrice des plus arrangeantes en la personne de Niamh, il ne pouvait décemment pas en profiter constamment, pour le bien être de sa fille avant tout.

- Le soir c’est toujours compliqué, je dois m’occuper d’Héma et il est difficile de sortir de la maison une fois qu’elle est au lit. Le vendredi matin j’ai mon point avec Ezechiel, avant qu’il ne parte pour le week-end… Mardi en début d’après midi, ça pourrait être une bonne idée ? Une boisson chaude dans un thermos après le déjeuner, quand le soleil n’est pas trop timide, et la possibilité de marcher un moment avant que la nuit ne tombe, surtout l’hiver … Qu’en penses tu ? It’s a deal ?

(c) SIAL ; icons wild heart; @"Pina Jakobsen"

Ven 8 Jan 2021 - 10:50

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La renarde cacha ses émotions derrière un sourire timide, baissant un instant la tête sous la plaisanterie qui n'en était pas réellement une, acceptant d'un sourire et d'un hochement de tête le marché implicite de laisser Dhan lui offrir quelque chose en échange de son aide. Elle se hâta néanmoins de changer de sujet pour chercher un créneau qui pourrait s'intégrer à leur emploi du temps, buvant une gorgée du liquide réconfortant de temps en temps.

Assise là face à lui, lovée dans la chaleur de l'âtre et les volutes du parfum du thé, Pina se surpris à penser que ces moments-là allaient lui manquer quand ses études seraient terminées. Elle chassa d'un mouvement de sourcil des angoisses qui n'avaient pas lieu d'être pour le moment, loin d'être au bout de son cursus, pour trouver dans son carnet, entre dessins, croquis de plantes, rituels et morceaux de cours, son planning de la semaine. Elle hochait la tête en écoutant les réflexions du professeur, sourire timide s'inscrivant sur ses lèvres à l'idée de l'imaginer s'occuper de sa fille. « Mardi après midi, c'est très bien. Je n'ai qu'un TP avec le professeur Fra Daggry qu'une semaine sur deux, à 16h. Ça nous laisse largement le temps de faire le tour du lac ou de se perdre jusqu'aux docks. »

La lufkin baissa le nez sur son carnet, fouilla dans son sac à la recherche d'un stylo, et s'appliqua à écrire « Réunion, dhan, runes » juste en dessous de sa pause déjeuner. Après avoir minutieusement rangé son carnet, Pina reprit sa tasse entre ses mains tout en s'adossant à son fauteuil, un petit sourire malicieux éclairant son visage « Alors, Professeur Chaffinch... Quel est le thème de votre premier cours ? »

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Ven 8 Jan 2021 - 15:25

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Avec une synchronisation aussi spontanée que touchante, le sorcier avait ouvert son propre agenda dans un mouvement jumeau de celui de sa jeune amie, pour noter lui aussi pour son prochain mardi de bloquer la première partie de son après-midi pour une errance académique de concert. Cela deviendrait probablement un nouvel élément de routine, de ceux que le secrétaire affectionnait particulièrement. Il se resservit une tasse de thé, laissant la cuillère faire son office pour dissoudre quelques grains de sucre roux avant de la laisser s’envoler non loin, et de plisser le nez:en voilà, une bonne question. Enfin, oui et non, techniquement comme souvent, il avait déjà la réponse, mais il rechignait à annoncer l’évidence, quand il se doutait que ce n’était pas tout à fait ce que son interlocutrice attendait.

- Et bien, puisque le Professeur Pence commence toujours son premier semestre par les runes nordiques, je vais prendre la suite, là où il s’est arrêté. Il est un peu tard pour révolutionner son programme qui, si il n’exsude pas l’innovation et l’audace, a fait ses preuves sur des décennies d’enseignement, alors… j’ai reparcouru mes cours de l’époque, figure toi que c’est, mot pour mot, ce que vous faites actuellement, il n’y a pas une virgule de déplacée, l’homme était un modèle de … constance.

Il offrit à Pina un petit sourire en coin, avant d’aller chercher sur son bureau un manuscrit relié compilant ses cours d’étudiant en la matière sur une demi douzaine d’années : l’écriture était fine, soignée, malgré quelques ratures si et là, assurant de l’authenticité de la prise de note. Parfois, à la marge, il y avait des annotations faites par d’autres, aisément identifiables quand on connaissait son entourage de l’époque.

- … A une semaine près, nous en sommes à ce chapitre. Je pensais reprendre l’explication de la distinction des trois familles de graphèmes dans l’ancien Futhark, j’ai souvenir que Pence passait assez rapidement sur le sujet, qu’il ne trouvait lui même pas pertinent en ce qu’il était plutôt dans la mouvance runique holistique plutôt qu’incrémentale… si tu avais vu sa tête le jour où je lui ai dit que j’étais allé voir par moi même les pétrographes d’Hallristinger en Norvège pour étudier une possible filiation avec les écritures alpines … Je crois qu’il mourrait d’envie de m’enfoncer sa stèle dans l’oeil, mais amoureux des mythes d’Odin qu’il était, ça aurait été un honneur plus qu’une punition de m’énucléer, je crois …

Dhan avait raconté son anecdote d’un trait, tout en parcourant le papier parcheminé du bout des doigts, le sourire éclairant jusqu’aux rides au coin de ses yeux. Il ne le faisait pas exprès, mais le sujet était tel qu’il devenait terriblement bavard quand on le laissait faire. Intarissable, même.

- … Qu’en penses tu ? De la leçon, pas d’Hallristinger, bien sur ...

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Jeu 28 Jan 2021 - 14:59

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La douce hochait la tête en l'écoutant énoncé ses idées, suite logique des cours de leur ancien professeur ayant trôné sur les cours de runes depuis une bonne trentaine d'année. Amusée par le ton légèrement sarcastique du secrétaire, elle suivit du coin de l'oeil les gestes, puis le manuscrit dans lequel elle loucha en se redressant sur son fauteuil pour suivre les doigts qui glissaient avec aisance sur la fine écriture. « Je ne suis pas vraiment étonnée. J'avais eu l'occasion de loucher dans les notes d'un étudiant de deux ans plus vieux que moi, et... ça m'a effectivement permis de prendre de l'avance sur mon année sans avoir peur de ne pas suivre le bon chemin. » ajouta t-elle avec un petit sourire, croisant les mains sur le bout du bureau alors qu'elle s'aventurait à lire à l'envers les notes du début du chapitre tout en écoutant l'anecdote qui la fit sourire. Pina restait très humble sur ses connaissances en la matière et le travail acharnée qu'elle faisait, mais aurait pu aisément valider son année et suivre les cours de l'année suivante.

Elle avait relevé les yeux pour l'observer, avait laissé son regard parcourir les traits de l'indien comme la première fois, s'était perdue dans les petites rides autour de ses yeux et bercée par sa voix pleine de souvenirs. Elle l'avait écouté en silence et avait presque oublié de répondre quand il avait relevé les yeux pour l'interroger. Pina se redressa un peu sur son fauteuil en cachant le rose qui peignait ses joues derrière un sourire. « C'est une bonne idée. Nous avons déjà vu tout l'alphabet, mais Professeur Pence ne nous à effectivement pas parlé des familles. On a aussi pris connaissance des différentes façons de créer une rune complexe, sans entrer dans le vif du sujet. » Elle se perdit un instant dans ses souvenirs et ajouta avec un léger haussement d'épaules « Il n'était pas très pratique, non plus... Il faisait un peu plus de TP, à l'époque ? » demanda t-elle avec un petit sourire.

Les questions se bousculaient à présent sous son crâne, aussi continua t-elle sans lui laisser le temps de répondre « Est-ce que tu vas modifier un peu son programme, pour le second semestre ? Est-ce qu'on va faire des cours en communs avec d'autres matières ? J'adorerais mettre en pratique les runes avec mes cours d'Architecture, mais Miss Denezy n'a pas l'air très intéressée pour le moment. Oh! » Son regard s'illumina lorsqu'elle se rendit compte qu'elle n'avait pas encore partagé ses recherches avec le secrétaire. « J'ai commencé à travailler sur quelque chose pour mon mémoire. En utilisant justement les runes sur un granite particulier. J'essais de le faire réagir à la lumière de la lune, afin de rendre réfléchissant... »

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Comme souvent lorsqu’ils étaient tous les deux, Pina et Dhan avaient fini par se rapprocher, penchés de concert sur les notes manuscrites de l’occultiste, leurs épaules se touchant presque. Cela avait toujours été comme ça entre eux, malgré la distance qu’ils s’imposaient par principe et bienséance, après tout Pina était encore une étudiante, jeune de surcroît, Dhan n’avait jamais voulu que son comportement puisse la mettre mal à l’aise d’une manière ou d’une autre. Il suffisait que la conversation coule en direction de l’une ou l’autre de leurs nombreuses passions communes, et à l’instar de leurs esprits, leurs corps se rapprochaient subrepticement, deux âmes parallèle qui s’effleuraient sans jamais s’étreindre, la connivence intellectuelle trop belle pour se concrétiser sur le plan bassement physique.

- Pour tout te dire, j’avais moi-même pris les notes de ma marraine Lufkin de l’époque, qui s’appelait Marysa Dunham, qui aujourd’hui travaille comme documentaliste en ouvrages magiques rares auprès du ministère de la magie Autrichien. Crois le où non, il n’avait déjà pas changé une virgule, alors que nous avions déjà sept ans d’écart… Bon, pour sa défense, disons malgré tout que nous pouvons lui concéder que son cours était d’une exactitude et d’une rigueur académique hors du commun. Il lui manquait simplement un peu de … Modernité. Et, non, pas de TP, ou si peu, heureusement nous avions Cléopatra déjà pour nous permettre de faire le lien avec l’application concrète.

Dhan l’avait toujours regretté, d’ailleurs, d’autant que lui même avait mis en application ses apprentissages de manière on ne pouvait plus concrète et irréversible, à même sa propre peau. Heureusement pour lui qu’il était à la fois doué et très bien entouré, sans quoi ses prises de risque auraient pu avoir des conséquences proprement catastrophiques.

- Si Mac Arthur est satisfait de mon approche, et en consultation avec Cléopâtra, je pense en effet orienter le second semestre sur une mise en pratique des connaissances acquises lors du premier, et si cela fonctionne, je pourrais le décliner sur l’ensemble du cursus, jusqu’au années de thèse, en passant d’une culture à l’autre selon les années et les spécialités de chaque cursus. Les runes nordiques ont plus de sens pour les étudiants en architecture, alors qu’à mon sens, les futurs occultistes ont tout intérêt à se focaliser sur les runes orientales et égyptiennes, qui ont longtemps servi pour bénir et maudire des lieux ou des personnes … Vois tu ce que je veux dire ?

Il hocha la tête quand Pina reprit sur l’architecture, se frottant la barbe au niveau du menton : il n’était pas coutumier de la matière de cette chère Miss Denezy, n’avait lui même pas étudié l’architecture. Malgré tout, ce dont lui parlait l’islandaise lui parlait, bien sur.

- Je pense qu’il y aura toujours des moyens de faire des passerelles entre les matières, c’est en effet bien plus professionnalisant. Pour tes runes, j’imagine que tu as utilisé des runes nordiques ? Quel granite as tu utilisé, du granit local ? J’ai un vague souvenir d’un article d’une revue qui théorisait la résonance des matériaux avec les graphèmes de la même région géographique … Mais tu as certainement dpu le lire, déjà.

Ils continuèrent de bavarder comme cela pendant de longues, très longues minutes, qui s’étalaient en heures chaleureuses, confortables. Bientôt, Dhan serait dérangé, soit pas son travail, soit par son téléphone et sa vie de famille, mais il ne s’en chagrinait pas : Pina avait accepté sa proposition, et il en était à la fois ravi et sincèrement soulagé. Avec la jeune Jakobdottir à ses cotés, il avait l’impression d’avoir à la fois une alliée, une conseillère, et une perspective nouvelle qui lui permettrait d’éviter de tomber dans ses travers naturels de rat de bibliothèque.

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Dhina~ Et je te souhaite de trouver tes propres raisons (terminé)

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