À corps perdu... ft Caliban Muller
Mer 22 Nov 2023 - 4:46
Trigger warning : décès intra utérin
Juillet 2023
Les jours avaient passé, puis les semaines, puis les mois, puis une année sans qu'un hibou n'apporte ni jusquiame noire ni datura blanc à la maison Muller. À croire que la rencontre et la transaction entre Caliban Muller et l'apothicaire le moins social de tout Inverness n'avaient jamais eu lieu.
Pourtant, à deux reprises, le hibou annonciateur de la bonne nouvelle avait failli s'envoler par la fenêtre de la Lunar Society Apothecary. Par deux fois, Ambrosius Redgrave avait dû défaire son colis à la dernière minute, son contact ne pouvant plus lui assurer de fournir la marchandise. L'apothicaire savait se montrer patient, mais il doutait que le jeune client fasse preuve d'encore beaucoup de patience. Ambrosius était même étonné de n'avoir pas eu davantage de ses nouvelles au cours de l'année écoulée. À croire qu'il était plus sage que son âge ne le laissait supposer.
Mais en ce jour de juillet, sous un ciel vraiment trop clair et par une température qui se serait mieux accordée aux canicules londoniennes qu'aux Highlands écossaises, l'apothicaire avait enfin reçu le signal qu'il attendait depuis si longtemps. Et il s'apprêtait à encaisser beaucoup de gallions à la fin de cette transaction. Il s'en serait frotté les mains si elles n'avaient pas été plongées dans une mixture grise et épaisse en cet instant. Il inspecta la substance d'un air sévère, mais elle sembla répondre à tous les critères de l'homme, qui retira ses mains et les essuya sur un chiffon qui ne demeura pas propre très longtemps.
Un coup d'oeil à son horloge l'informa qu'il restait 50 minutes avant l'heure de rendez-vous avec son contact. Il valait mieux s'y préparer déjà et se mettre en route. Mais avant, Ambrosius s'assura que le paquet à envoyer au client était absolument prêt à s'envoler et que le hibou postal se trouvait bien dans une cage. À presque 1 heure du matin, le volatile observait ses moindres faits et gestes sans la moindre once de sommeil dans le regard. Il ne fallut que cinq minutes de plus au sexagénaire pour quitter l'atelier par la porte du jardin.
Quand cette porte se rouvrit, quelque 85 minutes plus tard, elle laissa passer un Ambrosius au visage moins fripé que d'ordinaire, comme si la boîte sous son bras lui enlevait un poids des épaules. Il la posa doucement sur la table, prit le paquet qui attendait son retour et ouvrit la porte de la cage du hibou. Quelques instants plus tard, le rapace s'envolait à tire d'ailes en direction du manoir des Muller avec sa cargaison, une simple branche de datura blanc.
L'apothicaire retira son chapeau et sa veste avant d'aller défaire le noeud qui tenait la boîte fermée. De la fumée blanche se dégagea de la boîte au fur et à mesure qu'elle s'ouvrait, et Ambrosius se dépêcha d'enfiler des gants et de saisir sa baguette. Adroitement, il dégagea la précieuse cargaison de ses attaches et fit léviter le tout petit corps jusqu'au bocal opaque contenant la mixture grise, laquelle le conserverait à bonne température pour plusieurs heures, en plus de le faire magiquement "disparaître" au regard de tous.
Ne restait qu'à attendre le client ou son courrier.
@Caliban Muller
Juillet 2023
Les jours avaient passé, puis les semaines, puis les mois, puis une année sans qu'un hibou n'apporte ni jusquiame noire ni datura blanc à la maison Muller. À croire que la rencontre et la transaction entre Caliban Muller et l'apothicaire le moins social de tout Inverness n'avaient jamais eu lieu.
Pourtant, à deux reprises, le hibou annonciateur de la bonne nouvelle avait failli s'envoler par la fenêtre de la Lunar Society Apothecary. Par deux fois, Ambrosius Redgrave avait dû défaire son colis à la dernière minute, son contact ne pouvant plus lui assurer de fournir la marchandise. L'apothicaire savait se montrer patient, mais il doutait que le jeune client fasse preuve d'encore beaucoup de patience. Ambrosius était même étonné de n'avoir pas eu davantage de ses nouvelles au cours de l'année écoulée. À croire qu'il était plus sage que son âge ne le laissait supposer.
Mais en ce jour de juillet, sous un ciel vraiment trop clair et par une température qui se serait mieux accordée aux canicules londoniennes qu'aux Highlands écossaises, l'apothicaire avait enfin reçu le signal qu'il attendait depuis si longtemps. Et il s'apprêtait à encaisser beaucoup de gallions à la fin de cette transaction. Il s'en serait frotté les mains si elles n'avaient pas été plongées dans une mixture grise et épaisse en cet instant. Il inspecta la substance d'un air sévère, mais elle sembla répondre à tous les critères de l'homme, qui retira ses mains et les essuya sur un chiffon qui ne demeura pas propre très longtemps.
Un coup d'oeil à son horloge l'informa qu'il restait 50 minutes avant l'heure de rendez-vous avec son contact. Il valait mieux s'y préparer déjà et se mettre en route. Mais avant, Ambrosius s'assura que le paquet à envoyer au client était absolument prêt à s'envoler et que le hibou postal se trouvait bien dans une cage. À presque 1 heure du matin, le volatile observait ses moindres faits et gestes sans la moindre once de sommeil dans le regard. Il ne fallut que cinq minutes de plus au sexagénaire pour quitter l'atelier par la porte du jardin.
Quand cette porte se rouvrit, quelque 85 minutes plus tard, elle laissa passer un Ambrosius au visage moins fripé que d'ordinaire, comme si la boîte sous son bras lui enlevait un poids des épaules. Il la posa doucement sur la table, prit le paquet qui attendait son retour et ouvrit la porte de la cage du hibou. Quelques instants plus tard, le rapace s'envolait à tire d'ailes en direction du manoir des Muller avec sa cargaison, une simple branche de datura blanc.
L'apothicaire retira son chapeau et sa veste avant d'aller défaire le noeud qui tenait la boîte fermée. De la fumée blanche se dégagea de la boîte au fur et à mesure qu'elle s'ouvrait, et Ambrosius se dépêcha d'enfiler des gants et de saisir sa baguette. Adroitement, il dégagea la précieuse cargaison de ses attaches et fit léviter le tout petit corps jusqu'au bocal opaque contenant la mixture grise, laquelle le conserverait à bonne température pour plusieurs heures, en plus de le faire magiquement "disparaître" au regard de tous.
Ne restait qu'à attendre le client ou son courrier.
@Caliban Muller
{ Lunar Society Apothecary }
Do you need anything? We have everything! Ask and you shall see. Fair prices. No credit. By The Other Road, Myrddin Wyllt District. Open MTWTF 8AM-4PM. Saturday by appointment only. Contact by owl. Total discretion.Re: À corps perdu... ft Caliban Muller
Jeu 15 Fév 2024 - 17:31
La patience est une qualité dit-on dans les milieux les plus sages. Pourtant, ta propre patience a ses limites, et à mesure que les semaines, puis les mois passaient, tu te demandais si cet infâme boutiquier qui ne t’inspirait aucune confiance avait bien pris en compte tes demandes. Ou alors peut-être était-il tout simplement incompétent, tu l’ignorais, mais tu n’allais certainement pas te rendre de nouveau dans sa boutique poussiéreuse pour en discuter avec lui. Tu avais fait une commande, et elle était claire. C’est au moment où tu avais imaginé te rendre dans une boutique d’arts obscures de Berlin que tu avais finalement reçus des nouvelles pour ta commande. Ainsi Ambrosius Redgrave se rappelait à son bon souvenir. L’été était arrivée entre temps, et avec lui la bonne nouvelle. C’était en pleine nuit que tu avais entendu le bec de ce volatile déplumé contre ta fenêtre. Aucune lettre, mais une simple branche de datura blanc, preuve du succès de la mission de l’apothicaire. Parfait, tes recherches allaient pouvoir enfin avancer. Il était temps. Immédiatement, tu pris du papier et une plume, pour prévenir ton vendeur de ton passage. Il n’y aurait rien de compromettant dans cette lettre, uniquement des indications précises, sans même une signature, car après tout était-ce vraiment nécessaire ? Les quelques mots griffonés dans une encre sanguine, tu glissas délicatement le mot dans une enveloppe avant de l’attacher aux serres du hibou qui était venu avec la branche de datura. Tu attachais solidement le courrier, soucieux qu’il ne le perde en route. Un maléfice protégeait cette lettre de toute intrusion, et seul Ambrosius Redgrave serait capable de l’ouvrir, au prix du sang. Une lettre qui provoque une simple coupure quand on essaie de l’ouvrir, et le maléfice vérifie si le sang est celui du bon destinataire. Une vieille technique utilisée chez les sorciers japonais.
Ces mots étaient les suivants.
***
La nuit était tombée, le ciel était noir, une nuit sans lune, parfait, personne pas même Séléné ne pourrait espionner les sombres affaires que tu entretenais avec cet Ambrosius Redgrave. Il ne faisait pas froid, alors tu ne portais pas de veste, uniquement ton costume d’été noir, en soie légère. A la porte, sachant le magasin fermé à une heure si tardive, tu frappas distinctement par trois coups, attendant que l’apothicaire finisse par ouvrir. Tu restes sur la défensive, même si pour le moment tu ne fais absolument rien de mal.
Ces mots étaient les suivants.
Bien reçu. Passerai dimanche à l’heure des complies pour récupérer le colis.
***
La nuit était tombée, le ciel était noir, une nuit sans lune, parfait, personne pas même Séléné ne pourrait espionner les sombres affaires que tu entretenais avec cet Ambrosius Redgrave. Il ne faisait pas froid, alors tu ne portais pas de veste, uniquement ton costume d’été noir, en soie légère. A la porte, sachant le magasin fermé à une heure si tardive, tu frappas distinctement par trois coups, attendant que l’apothicaire finisse par ouvrir. Tu restes sur la défensive, même si pour le moment tu ne fais absolument rien de mal.
Gloire à Satan.
Le Mal est un visage respectable ; il n'est pas borgne ou balafré. Il est avenant et même rassurant. Il n'a pas besoin de se grimer selon sa fonction, car n'importe qui est capable d'endosser sa vilenie.
Re: À corps perdu... ft Caliban Muller
Mer 20 Mar 2024 - 2:33
Trigger warning : décès intra utérin
On ne devient pas apothicaire quand on n'a pas quelques onces de patience en réserve, et si Ambrosius faisait singulièrement montre d'une impatience proverbiale envers les humains, surtout ceux qui consommaient un peu trop d'oxygène dans sa boutique, il pouvait faire montre d'une patience de loup quand il s'agissait d'attendre la bonne occasion d'affaire. Celle-ci lui avait pris bien plus de temps qu'escompté, mais il espérait que la ristourne serait à la hauteur. Aussi essuya-t-il la sueur qui lui coulait sur le front sans trop ronchonner pour une fois tandis que la grande aiguille de l'horloge murale grugeait le temps, une minute à la fois. À son doigt, une fine ligne rouge témoignait du faible prix qu'il avait déjà payé pour avoir la certitude que son client se présenterait au rendez-vous.
Quelque temps plus tard, trois coups marqués à la porte le firent relever la tête. À cette heure, la chaleur avait commencé à lui alourdir les paupières. Le vieil homme quitta sa chaise comme à regret, les pattes de bois raclèrent le sol, ce qui ne fit rien pour évacuer la nervosité dans ses muscles, qu'il détendit en s'étirant. Puis il se dirigea vers l'entrée de son apothicairerie, non sans un dernier regard vers son précieux colis en quittant l'arrière-boutique. Circonspect, Ambrosius ouvrit la porte d'un mouvement de sa baguette, qu'il garda en main en accueillant son visiteur nocturne.
« Bonsoir », fit-il avec une déférence qui ne lui seyait guère, mais Ambrosius savait reconnaître l'odeur d'une affaire bien juteuse sur le point de se conclure. Même son oie empaillée ne pipa mot, son bec glissé sous ses plumes, elle dardait un oeil noir sur le client.
Les doigts écartés, les mains décollées du corps, l'apothicaire fit signe qu'il ne représentait pas une menace en replaçant théâtralement sa baguette dans la poche de son tablier. Il ne portait pas ses lunettes cette fois-ci.
« Restez ici, je vous apporte le colis. »
Il ne disparut que trois minutes et demie derrière le rideau menant à son atelier, puis revint avec un bocal opaque qu'il posa sur le comptoir. Encore une fois, ce fut avec des gestes lents et mesurés qu'il ouvrit le couvercle et le déposa à son tour sur la surface de bois, invitant, d'un mouvement du menton, le client à s'approcher pour examiner le matériel. En attendant que celui-ci se décide à avancer, Ambrosius prit lentement les lunettes posées sur le comptoir et les plaça sur son nez. Pour une transaction d'une telle importance, il préférait voir clair, au diable la vanité.
« Fraîchement daté d'hier matin, arraché à son cocon linceul à 10h, 7 mois, de sang sorcier mixte. »
On ne devient pas apothicaire quand on n'a pas quelques onces de patience en réserve, et si Ambrosius faisait singulièrement montre d'une impatience proverbiale envers les humains, surtout ceux qui consommaient un peu trop d'oxygène dans sa boutique, il pouvait faire montre d'une patience de loup quand il s'agissait d'attendre la bonne occasion d'affaire. Celle-ci lui avait pris bien plus de temps qu'escompté, mais il espérait que la ristourne serait à la hauteur. Aussi essuya-t-il la sueur qui lui coulait sur le front sans trop ronchonner pour une fois tandis que la grande aiguille de l'horloge murale grugeait le temps, une minute à la fois. À son doigt, une fine ligne rouge témoignait du faible prix qu'il avait déjà payé pour avoir la certitude que son client se présenterait au rendez-vous.
Quelque temps plus tard, trois coups marqués à la porte le firent relever la tête. À cette heure, la chaleur avait commencé à lui alourdir les paupières. Le vieil homme quitta sa chaise comme à regret, les pattes de bois raclèrent le sol, ce qui ne fit rien pour évacuer la nervosité dans ses muscles, qu'il détendit en s'étirant. Puis il se dirigea vers l'entrée de son apothicairerie, non sans un dernier regard vers son précieux colis en quittant l'arrière-boutique. Circonspect, Ambrosius ouvrit la porte d'un mouvement de sa baguette, qu'il garda en main en accueillant son visiteur nocturne.
« Bonsoir », fit-il avec une déférence qui ne lui seyait guère, mais Ambrosius savait reconnaître l'odeur d'une affaire bien juteuse sur le point de se conclure. Même son oie empaillée ne pipa mot, son bec glissé sous ses plumes, elle dardait un oeil noir sur le client.
Les doigts écartés, les mains décollées du corps, l'apothicaire fit signe qu'il ne représentait pas une menace en replaçant théâtralement sa baguette dans la poche de son tablier. Il ne portait pas ses lunettes cette fois-ci.
« Restez ici, je vous apporte le colis. »
Il ne disparut que trois minutes et demie derrière le rideau menant à son atelier, puis revint avec un bocal opaque qu'il posa sur le comptoir. Encore une fois, ce fut avec des gestes lents et mesurés qu'il ouvrit le couvercle et le déposa à son tour sur la surface de bois, invitant, d'un mouvement du menton, le client à s'approcher pour examiner le matériel. En attendant que celui-ci se décide à avancer, Ambrosius prit lentement les lunettes posées sur le comptoir et les plaça sur son nez. Pour une transaction d'une telle importance, il préférait voir clair, au diable la vanité.
« Fraîchement daté d'hier matin, arraché à son cocon linceul à 10h, 7 mois, de sang sorcier mixte. »
{ Lunar Society Apothecary }
Do you need anything? We have everything! Ask and you shall see. Fair prices. No credit. By The Other Road, Myrddin Wyllt District. Open MTWTF 8AM-4PM. Saturday by appointment only. Contact by owl. Total discretion.
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