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I'm tired. I'm afraid. I need you.
Sam 16 Oct 2010 - 21:52
- Allongée sur mon lit, dans ma chambre -non pas la chambre étudiante que j’avais à Hungcalf, mais la chambre dans laquelle j’avais passé mon enfance - , je réfléchissais à ma lamentable petite vie. J’aimerais pouvoir être fière de quelque chose, pouvoir crier sur les toits que j’avais contribué à faire quelque chose de bien… C’est sans doute stupide, de dire ça, du haut de mes dix-neuf années. Même à la limite de l’absurde puisque je suis supposée avoir toute la vie devant moi pour réaliser de belles choses. Toute la vie. Laissez-moi rire… j’ai passé les quatre dernière années à m’enfiler toutes les substances illicites qui me passaient sous la main, et si je continue ainsi, le restant de ma vie risque d’être court. Le pire, c’est que même en pensant à cela, je n’ai qu’une envie : en reprendre. Encore et toujours, puisque c’est la seule chose qui me fait du bien.
« Ekstasy ? » J’augmentai le volume de ma radio pour ne pas avoir à répondre à mon père. Quoique je fusse un peu surprise qu’il soit au pas de la porte, étant donné qu’il ne traversait jamais le couloir qui séparait sa chambre de la mienne d'habitude. « EKSTASY ! » Avait-il bu ? Parce que si c’était le cas, il fallait mieux que je sorte avant qu’il ouvre ma porte de force, fou de rage. A contre cœur, j’éteignis la radio et allai ouvrir la porte, toisant mon père avec dédain. « Quoi ? » Ses yeux bruns me fixaient, mais ils me transperçaient, ils n'arrivaient pas à s'accocher à mon visage. Il ne me voyait pas, jamais. « On va voir ta mère. » Je jetai un coup d’œil à la chemise de nuit noire que je portais et haussai les épaules : « Je vais aller la voir, mais plus tard. Le temps que je prenne ma douche et tout. » Il soupira d’agacement. « Il est dix-huit heures et les visites se terminent à vingt heures alors tu ferais mieux de t’activer. Je t’attends. Sois en bas dans quinze minutes, Ekstasy. » Génial. Ça te laisse le temps de reprendre une ou deux bières. Je lui refermais la porte au nez et pris ma serviette, un de mes slim et un gros pull, avant d’aller prendre une douche. Une fois lavée et habillée, je ramenais mes cheveux en une queue de cheval mal soignée mais qui m’empêchait au moins d’avoir des mèches devant les yeux. Je descendis dans le salon et ne pus m’empêcher d’avoir un sourire méprisant en remarquant mon père – si je puis dire – affalé sur le canapé avec une bouteille de bière. Moi, je le connaissais plutôt bien. En m’apercevant, il finit à grande vitesse son verre et prit les clés de la voiture. « Tu te sens capable de conduire ? » lui dis-je d’une voix faussement candide, tandis qu’on montait dans la voiture. Il me fusilla du regard et alluma le contact. Vingt minutes de route. J’aurais pu y aller en transplanant, ça m’aurait évité de partager tout ce temps avec lui. Je n’avais jamais rien à lui dire, je ne l’aimais même pas…Si les médecins voyaient juste, si maman n’avait qu’une chance minime de survivre à l’intervention, et que je me retrouvais seule avec lui, je ne sais pas comment je m’en sortirai. Je n’avais qu’elle. Je détournai la tête vers la vitre au cas où une larme traitresse se mette à couler le long de ma joue, et attendis impatiemment l’immeuble blanc dans lequel était logée ma mère.
Je restais en retrait. Mon père tenait la main de ma mère, le visage tendu montrant que tout cela l'affectait. Il l’aimait, c’était certain, il m’avait même adoptée pour lui faire plaisir, c’est pour dire… Mais toutes les soirées qu’il avait gâchées, tous les sanglots qui nous étaient échappés, à maman ou à moi, lorsqu’il se mettait à la frapper frénétiquement, je ne les oubliais pas. Pourquoi maman semblait s’en foutre, en ce moment précis ? Pourquoi lorsqu’elle le regardait, ses yeux semblaient… tendres ? Il ne méritait pas ça. Il ne méritait que le pire.
Lorsque mon père sortit de la chambre, au bout de vingt minutes, je m’approchais de ma mère et lui adressai le sourire le plus doux que j’avais en réserve. « Mon ange, je suis contente que tu sois venue. » Ma gorge était serrée mais je ne voulais surtout pas pleurer, pas devant elle. Je devais lui montrer que j’étais forte. « C’est normal. » Je la fixai. Elle avait les yeux fatigués et le teint livide, elle n'avait plus l’éclat qu’elle possédait autrefois. Cette joie de vivre presque pesante pour ceux qui ne voyaient pas les choses avec son optimisme à toute épreuve. « Et ton école… Tu manques ? » J’haussai les épaules. « Y a aucun problème, je rattraperai les cours après. Et puis ce n’est que pour deux jours… » Oui parce que dans deux jours, elle se faisait opérer. Dans deux jours, elle ne ferait peut-être plus partie de ce monde. Surement, même. Les médecins disent que cette opération chirurgicale va être très difficile et qu’il ne faut pas se faire de faux espoirs. Elle a un cancer de la peau, stade quatre, et de toutes les façons, ses chances pour vivre sont quasi nulles. « J’ai beaucoup de choses à te dire encore, Stasy. » Je fronçai les sourcils et hochai négativement la tête. « Repose-toi, maman. » Elle ignora royalement ce que je venais de lui dire et me demanda de lui passer le sac qui était sur la chaise. Je m’exécutai. « Je t’ai écrit une lettre. Une longue lettre. Mais je ne veux que tu l’ouvres seulement mercredi… Je peux te faire confiance ? Je veux que tu l’ouvres une fois que tout ça sera…fini. »
J’approuvai et attrapai l’enveloppe d’une main tremblante, avant de la fourrer dans mon sac. « Oui. » Ma mère me sourit et je voyais qu’elle luttait pour ne pas fermer les yeux. Elle était épuisée mais ne voulait pas me le montrer. « Maman ? Je vais te laisser un peu d’accord. Je serai juste devant, je reviendrai te voir tout à l’heure. » Elle m’attrapa fermement le bras et je remarquai avec stupeur que ses yeux ne reflétaient plus du tout l’amour et la douceur, mais une intense frayeur. Elle était morte de peur. Tout comme moi. « Non ! Non… je ne veux pas rester toute seule… Les visites se terminent à huit heures et j’en ai assez d’être seule. » J’approuvai énergiquement et déposai un baiser sur son front. « D’accord ! Pas de soucis, maman. Je… je vais demander aux médecins si je peux dormir ici. Je pense que ça peut se faire dans… dans certains cas. »
« Ça me ferait plaisir. »
Je sortis de la chambre et fis donc ma demande aux médecins. Dès que je leur expliquais les circonstances, ils s’empressèrent d’accepter. Evidemment, lorsqu’ils tapent son nom sur leur ordinateur, ça ne donne rien de très réjouissant : Sarah Beansley – chambre 627 – cancer. Phase terminale.
Une fois ceci fait, je retournais dans la chambre et constatai qu’elle dormait. Décidant de ne pas la déranger, j’allais me prendre un café, histoire de tenir un peu. J’étais fatiguée. Je perdais les personnes à qui je tenais le plus, une par une. Si elles ne mourraient pas, elles partaient. J’étais seule au tout début, je serai seule à la toute fin. Ainsi soit-il.
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Re: I'm tired. I'm afraid. I need you.
Mar 19 Oct 2010 - 14:08
Je m’étais réveillé sur un banc ce matin là, ayant indéniablement passé la nuit dehors. Le vent frais avait d’ores et déjà modelé ma tignasse indomptable et rebelle, les ébouriffant plus que jamais. J’avais les extrémités gelées, et je grelottais légèrement. Cela n’avait rien d’étonnant quand je m’aperçus que je n’avais même plus ma chemise. Les muscles endoloris, les membres gourds, je finis par me redresser, émergeant peu à peu du coma caractéristique des lendemains de cuite. Une fois de plus, j’avais dépassé les bornes. Je ne savais même plus où j’étais ni même comment j’étais arrivé là. Le noir avait envahi mon esprit déjà perturbé sans que je n’aie besoin de l’aider un peu. Je finis par me frotter les tempes nerveusement, frissonnant de toucher une peau si froide, tant et si bien qu’on aurait pu croire que j’avais été sculpté dans du marbre. Par-dessus tout, et c’était sans doute ce qui ne fit que d’empirer mon état plus que précaire, j’avais une gueule de bois monstrueuse, signe que j’avais probablement un peu trop abusé sur l’alcool la veille. La tête me tourna un instant tandis que je m’étais posé sur mes deux pieds, mais le malaise se dissipa bien vite. Je devais impérativement rentrer à la maison, où je pourrai enfin m’effondrer dans mon lit et ronfler jusqu’à demain soir à défaut de survivre toute une journée en mode loque. Je réprimai un bâillement à m’en décrocher la mâchoire, avant de m’étirer de tous mes membres. Mes muscles protestèrent à leur manière, me faisant grimacer. Le plus inquiétant, dans toute cette histoire, c’est que je n’avais plus mes chaussures, juste des chaussettes trempées ,couvertes de vase et de boue, exactement les mêmes traces qui maculaient mon jean troué et usé. « Et merde! » ne pus-je m’empêcher de râler, comme à chaque fois que j’étais dans une situation que je ne maîtrisais pas. Comme si jurer allait, en soi, changer la face du monde ou améliorer le déroulement des évènements…Quoiqu’il en soit, je n’avais aucune espèce d’idée quant à ce que j’avais bien pu faire pour me retrouver dans un état pareil, et dans un endroit pareil de surcroît. A tâtons, je me mis à chercher mon téléphone portable dans les poches de mon pantalon, mais le Sagem resta introuvable. J’avais dû le perdre en paumant ma chemise. Ce qui en rien ne m’avançait, sachant que je mettais toujours le portable dans l’une des poches de mon jean.
Il semblerait que même mon cerveau fonctionnait au ralenti. J’avais du mal à établir un ordre de priorité sur les choses à faire dans l’immédiat. Je me sentais perdu, j’étais à moitié à poil dans un jardin public, je me la jouais clochard en plus d’avoir la gueule de bois. J’avais perdu mon portable, ma chemise, et probablement mon portefeuille. J’avais froid, et mon estomac criait famine. Le plus cruel dans l’histoire était sans aucun doute que je n’avais pas un centime qui pourrait me sauver la vie. Je m’indignai. J’étais certes pauvre, j’avais certes grandi dans un milieu populaire et dans un immeuble à la frontière du vétuste, mais il était hors de question que je m’abaisse à la mendicité. Tandis que je me reconnectais peu à peu à la réalité, je sentis le froid se faire plus offensif, plus mordant. Un tas de feuilles mortes vola devant moi avant de retomber dans un léger crépitement. Les feuillages s’agitaient, me faisant profiter de leur douce mélodie tandis que je grelottais, presque gelé. Dans l’immédiat, la seule chose qui me vint à l’esprit fut de marcher un peu pour me réchauffer. Je ne résistai pas longtemps avant de me mettre à longer l’allée à petites foulées, grimaçant presque à chaque pas tandis que les graviers s’enfonçaient dans ma chair. Soudain, je sentis une douleur fulgurante se propager à travers mon talon, tandis que je m’asseyais sur le premier banc qui venait. Ma chaussette blanche était tâchée de sang. Je m’étais blessé avec un des tessons de verre qui jonchaient le sol. C’était tellement prévisible, d’un autre côté, que je n’en fus pas réellement surpris. Le plus douloureux allait être à présent de défaire le morceau de verre qui s’était fiché dans ma peau avant qu’il ne m’écorche davantage. Je n’allais jamais pouvoir continuer à marcher dans un tel état. Je disparus bientôt dans un petit craquement, pour réapparaître dans ma chambre d’étudiant, à Hungcalf. Mon premier réflexe fut de m’asseoir sur mon lit, pour faire le point. C’est là que je vis mon portable et mon portefeuille. J’avais cinq appels en absence, et autant de messages qui m’attendaient. La plupart venaient d’Ekstasy, mon amie d’enfance, et accessoirement mon amoureuse quand j’étais tout gamin. Lorsque j’écoutais sa voix hachée à l’autre bout du fil, j’eus l’impression d’avoir avalé un bon kilo de briques. Aldéric? Oui, c’est moi…Ecoute…Maman est à l’hôpital. Il faut que tu viennes, j’ai besoin de toi. Le message s’arrêta, me laissant un goût amer dans la bouche.
Cela ne pouvait aller mieux, me permis-je d’ironiser tandis que je contemplais d’un œil vide mon pied qui continuait de pisser le sang. En claudiquant, j’allai dans la salle de bains, pour fouiller dans l’armoire à pharmacie. Je finis par trouver du désinfectant, et des pansements. Je m’assis sur le rebord de la baignoire, pince à épiler en mains, dans le souci de récupérer le morceau de verre. Je serrais les dents tandis que je parvins enfin à extraire l’intrus, au prix de nombreuses souffrances. Je finis par nettoyer le tout, et de me faire un bandage rudimentaire. Je me défis bientôt de mes vêtements sales, pour ensuite filer à la douche histoire de m’assainir autant soit peu. Je fus perplexe en voyant du sang s’écouler avec l’eau de la douche tandis que je me frottais le visage vigoureusement pour ôter cette impression de saleté qui persistait quand bien même je me serais décapé la peau. Je me séchai rapidement avant de jeter la serviette au sol et de sortir de la salle de bains pour partir à la recherche de vêtements propres. J’enfilais un caleçon puis une nouvelle paire de chaussettes, pour ensuite passer une chemise noire et un jean. Je retournai dans la salle de bains pour aller tout naturellement me raser, quand je compris pourquoi j’avais cette impression tenace de saleté. Je m’étais ouvert l’arcade sourcilière et un vilain bleu ornait ma joue. J’étais dans un sale état, vilainement amoché. Me connaissant, j’avais sûrement dû me bagarrer tout en étant ivre mort. J’avais l’alcool vraiment mauvais, mon agressivité avait tendance à croître. Il suffisait d’un rien pour que je cogne, moi qui étais d’ordinaire bagarreur. Une fois prêt, je finis par transplaner à l’hôpital, à Londres, là d’où était originaire Ekstasy.
Je finis par sortir des toilettes sous le regard interloqué d’un petit vieux qui était en train de lire son journal. Sans doute crut-il à une hallucination, de toute évidence il ne m’avait pas vu y entrer, en toute logique je n’aurais pas plus dû en sortir, tant et si bien qu’il retourna à sa lecture, paisiblement, tout en sifflant un air de sa composition. Je me dirigeai vers la standardiste pour lui quémander quelques renseignements sur la localisation de la famille Beansley. « Que puis-je pour vous? » me demanda-t-elle de son ton joyeux et sucré, alors qu’elle me dévorait littéralement des yeux. « Euh…Je suis venu rendre visite à euh…Sarah Beansley. » Elle fronça les sourcils, tandis qu’elle murmurait le nom de famille de mon amie. « Beansley, Beansley…Oh, oui, exact, ça me dit quelque chose. Sarah Beansley, c’est ça? C’est au sixième étage, chambre 627. C’est la chambre dans le couloir, au fond, sur votre gauche quand vous arrivez. Vous ne pouvez pas vous tromper. » Je la remerciai d’un signe de la tête, la gorge trop nouée pour pouvoir répondre quelque chose, quand je m’isolai dans la cage d’escaliers pour transplaner au sixième étage. Heureusement, le couloir était désert, l’accueil était déjà fermé. Je bénissais les moldus de ne pas connaître les sorts anti-transplanage, ce n’est pas ainsi que les choses se passaient à Poudlard. Je soupirai, désemparé par le dédale qui s’étendait à mes pieds, et dans lequel, j’en étais sûr, j’allais me perdre. Mon regard fut attiré par une silhouette familière, aux longs cheveux bruns ondulés. Elle était en train de mettre une pièce dans une machine à café. Je haïssais les cafés venant des distributeurs, ils avaient un sale goût de flotte. Mais néanmoins, ils s’avéraient excellents pour compenser un manque de caféine, même s’ils ne valaient pas les cafe latte de chez Starbucks. Ainsi-soit-il. Je me dirigeai vers la jeune fille, certain que c’était elle, Eksta, que j’aimais comme une sœur. Sitôt arrivé à sa hauteur, je me réjouis de voir que je ne m’étais pas trompé, mais ma joie se fana lorsque je vis son visage décomposé et fermé. Tandis que son café de fortune était en train d’être préparé, je la serrai doucement dans mes bras, avant de murmurer. « Hey, salut princesse. J'ai fait aussi vite que j'ai pu. Je suis là maintenant, ça va aller. » Je m’efforçais d’adopter un ton calme et responsable, pour elle; Plus que jamais, Ekstasy allait avoir besoin de mon soutien, et de l’amour purement fraternel que je lui portais depuis que nous étions tous gamins. Elle était de ces personnes pour qui je me sacrifierais sans problèmes. Une moue boudeuse s’invita sur mes lèvres tandis que je me rappelais pourquoi je n’aimais pas les hôpitaux. Je m’étais retrouvé entre ces murs sordides quand j’avais dix-sept ans et que je venais de tenter de me suicider. J’avais connu la batterie de psychologues et autres médecins de l’âme. Je ne pensais pas me retrouver dans un tel lieu de sitôt. « Que s’est-il passé? Pourquoi vous êtes tous là? C’est grave? Elle va s’en sortir? » Trop de questions, trop d’inquiétudes exprimées dans ma voix. J’adorais Mme Beansley, et je ne savais que trop bien ce qu’il adviendrait d’Ekstasy si elle venait à la perdre. Elle et son ivrogne de père, sordide duo, pour le meilleur et pour le pire. Surtout pour le pire.
Il semblerait que même mon cerveau fonctionnait au ralenti. J’avais du mal à établir un ordre de priorité sur les choses à faire dans l’immédiat. Je me sentais perdu, j’étais à moitié à poil dans un jardin public, je me la jouais clochard en plus d’avoir la gueule de bois. J’avais perdu mon portable, ma chemise, et probablement mon portefeuille. J’avais froid, et mon estomac criait famine. Le plus cruel dans l’histoire était sans aucun doute que je n’avais pas un centime qui pourrait me sauver la vie. Je m’indignai. J’étais certes pauvre, j’avais certes grandi dans un milieu populaire et dans un immeuble à la frontière du vétuste, mais il était hors de question que je m’abaisse à la mendicité. Tandis que je me reconnectais peu à peu à la réalité, je sentis le froid se faire plus offensif, plus mordant. Un tas de feuilles mortes vola devant moi avant de retomber dans un léger crépitement. Les feuillages s’agitaient, me faisant profiter de leur douce mélodie tandis que je grelottais, presque gelé. Dans l’immédiat, la seule chose qui me vint à l’esprit fut de marcher un peu pour me réchauffer. Je ne résistai pas longtemps avant de me mettre à longer l’allée à petites foulées, grimaçant presque à chaque pas tandis que les graviers s’enfonçaient dans ma chair. Soudain, je sentis une douleur fulgurante se propager à travers mon talon, tandis que je m’asseyais sur le premier banc qui venait. Ma chaussette blanche était tâchée de sang. Je m’étais blessé avec un des tessons de verre qui jonchaient le sol. C’était tellement prévisible, d’un autre côté, que je n’en fus pas réellement surpris. Le plus douloureux allait être à présent de défaire le morceau de verre qui s’était fiché dans ma peau avant qu’il ne m’écorche davantage. Je n’allais jamais pouvoir continuer à marcher dans un tel état. Je disparus bientôt dans un petit craquement, pour réapparaître dans ma chambre d’étudiant, à Hungcalf. Mon premier réflexe fut de m’asseoir sur mon lit, pour faire le point. C’est là que je vis mon portable et mon portefeuille. J’avais cinq appels en absence, et autant de messages qui m’attendaient. La plupart venaient d’Ekstasy, mon amie d’enfance, et accessoirement mon amoureuse quand j’étais tout gamin. Lorsque j’écoutais sa voix hachée à l’autre bout du fil, j’eus l’impression d’avoir avalé un bon kilo de briques. Aldéric? Oui, c’est moi…Ecoute…Maman est à l’hôpital. Il faut que tu viennes, j’ai besoin de toi. Le message s’arrêta, me laissant un goût amer dans la bouche.
Cela ne pouvait aller mieux, me permis-je d’ironiser tandis que je contemplais d’un œil vide mon pied qui continuait de pisser le sang. En claudiquant, j’allai dans la salle de bains, pour fouiller dans l’armoire à pharmacie. Je finis par trouver du désinfectant, et des pansements. Je m’assis sur le rebord de la baignoire, pince à épiler en mains, dans le souci de récupérer le morceau de verre. Je serrais les dents tandis que je parvins enfin à extraire l’intrus, au prix de nombreuses souffrances. Je finis par nettoyer le tout, et de me faire un bandage rudimentaire. Je me défis bientôt de mes vêtements sales, pour ensuite filer à la douche histoire de m’assainir autant soit peu. Je fus perplexe en voyant du sang s’écouler avec l’eau de la douche tandis que je me frottais le visage vigoureusement pour ôter cette impression de saleté qui persistait quand bien même je me serais décapé la peau. Je me séchai rapidement avant de jeter la serviette au sol et de sortir de la salle de bains pour partir à la recherche de vêtements propres. J’enfilais un caleçon puis une nouvelle paire de chaussettes, pour ensuite passer une chemise noire et un jean. Je retournai dans la salle de bains pour aller tout naturellement me raser, quand je compris pourquoi j’avais cette impression tenace de saleté. Je m’étais ouvert l’arcade sourcilière et un vilain bleu ornait ma joue. J’étais dans un sale état, vilainement amoché. Me connaissant, j’avais sûrement dû me bagarrer tout en étant ivre mort. J’avais l’alcool vraiment mauvais, mon agressivité avait tendance à croître. Il suffisait d’un rien pour que je cogne, moi qui étais d’ordinaire bagarreur. Une fois prêt, je finis par transplaner à l’hôpital, à Londres, là d’où était originaire Ekstasy.
Je finis par sortir des toilettes sous le regard interloqué d’un petit vieux qui était en train de lire son journal. Sans doute crut-il à une hallucination, de toute évidence il ne m’avait pas vu y entrer, en toute logique je n’aurais pas plus dû en sortir, tant et si bien qu’il retourna à sa lecture, paisiblement, tout en sifflant un air de sa composition. Je me dirigeai vers la standardiste pour lui quémander quelques renseignements sur la localisation de la famille Beansley. « Que puis-je pour vous? » me demanda-t-elle de son ton joyeux et sucré, alors qu’elle me dévorait littéralement des yeux. « Euh…Je suis venu rendre visite à euh…Sarah Beansley. » Elle fronça les sourcils, tandis qu’elle murmurait le nom de famille de mon amie. « Beansley, Beansley…Oh, oui, exact, ça me dit quelque chose. Sarah Beansley, c’est ça? C’est au sixième étage, chambre 627. C’est la chambre dans le couloir, au fond, sur votre gauche quand vous arrivez. Vous ne pouvez pas vous tromper. » Je la remerciai d’un signe de la tête, la gorge trop nouée pour pouvoir répondre quelque chose, quand je m’isolai dans la cage d’escaliers pour transplaner au sixième étage. Heureusement, le couloir était désert, l’accueil était déjà fermé. Je bénissais les moldus de ne pas connaître les sorts anti-transplanage, ce n’est pas ainsi que les choses se passaient à Poudlard. Je soupirai, désemparé par le dédale qui s’étendait à mes pieds, et dans lequel, j’en étais sûr, j’allais me perdre. Mon regard fut attiré par une silhouette familière, aux longs cheveux bruns ondulés. Elle était en train de mettre une pièce dans une machine à café. Je haïssais les cafés venant des distributeurs, ils avaient un sale goût de flotte. Mais néanmoins, ils s’avéraient excellents pour compenser un manque de caféine, même s’ils ne valaient pas les cafe latte de chez Starbucks. Ainsi-soit-il. Je me dirigeai vers la jeune fille, certain que c’était elle, Eksta, que j’aimais comme une sœur. Sitôt arrivé à sa hauteur, je me réjouis de voir que je ne m’étais pas trompé, mais ma joie se fana lorsque je vis son visage décomposé et fermé. Tandis que son café de fortune était en train d’être préparé, je la serrai doucement dans mes bras, avant de murmurer. « Hey, salut princesse. J'ai fait aussi vite que j'ai pu. Je suis là maintenant, ça va aller. » Je m’efforçais d’adopter un ton calme et responsable, pour elle; Plus que jamais, Ekstasy allait avoir besoin de mon soutien, et de l’amour purement fraternel que je lui portais depuis que nous étions tous gamins. Elle était de ces personnes pour qui je me sacrifierais sans problèmes. Une moue boudeuse s’invita sur mes lèvres tandis que je me rappelais pourquoi je n’aimais pas les hôpitaux. Je m’étais retrouvé entre ces murs sordides quand j’avais dix-sept ans et que je venais de tenter de me suicider. J’avais connu la batterie de psychologues et autres médecins de l’âme. Je ne pensais pas me retrouver dans un tel lieu de sitôt. « Que s’est-il passé? Pourquoi vous êtes tous là? C’est grave? Elle va s’en sortir? » Trop de questions, trop d’inquiétudes exprimées dans ma voix. J’adorais Mme Beansley, et je ne savais que trop bien ce qu’il adviendrait d’Ekstasy si elle venait à la perdre. Elle et son ivrogne de père, sordide duo, pour le meilleur et pour le pire. Surtout pour le pire.
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Re: I'm tired. I'm afraid. I need you.
Sam 23 Oct 2010 - 16:10
J’étais fatiguée. Si ça continuait comme ça, même avec cinq des cafés écœurants de l’hôpital, je ne tiendrai pas.
Je détestais les hôpitaux, je les évitais autant que possible. D’ailleurs, si mes souvenirs sont bons, à part pour mes séances de psy, je n’y étais allée que deux fois dans ma vie. Une fois lorsque je m'étais entaillée la cuisse sur les rochers ce qui m’avait valu un séjour de deux jours à l’hôpital et plusieurs points de suture et une autre fois lorsque mon père avait fait une overdose. J’avais dû me tenir à son chevet six journées d’affilée, ma mère travaillant et ne souhaitant pas le laisser seul ne serait-ce qu’une seconde. J’avais douze ans et alors que tous les enfants fêtaient noël avec leurs familles, je tenais compagnie à un père comateux qui avait mélangé médicaments et boissons. Les meilleures vacances de ma vie, aucun doute là-dessus.
Alors que je mettais les pièces dans le distributeur, j'aperçu mon père, affalé sur une chaise, un peu plus loin. Ses cheveux auparavant blonds cendrés commençaient à grisonner, son visage était ridé, abîmé par la vie, par la vieillesse, il ne restait plus rien du charme qui avait autrefois rendu ma mère folle amoureuse. Il a toujours été le même, beau-parleur, irritant, content juste lorsqu'il avait une bouteille à la main... Je crois bien qu'il n'a jamais connu une autre façon d'être heureux. Dire que ma mère avait partagé vingt et une années avec lui… Et que maintenant, elle allait mourir, se disant que sa vie se résumait à un mari alcoolique et à une fille droguée. Du moins… c’est ce que je me dirais à sa place. J’avais beau juger Jordan, ma mère biologique, j’avais beau juger mon père, j’étais aussi pitoyable qu’eux ; dépendante. Et j'avais beau dire, j'étais faible par ma dépendance.
Des bras forts m’enlacèrent soudain, empêchant mes ternes pensées de prendre de l'ampleur dans mon esprit. Heureuse qu’il ait eu mon message et qu’il soit venu, je me retournai et le serrai dans mes bras. « Hey, salut princesse. J'ai fait aussi vite que j'ai pu. Je suis là maintenant, ça va aller. » Qu’est-ce que je serais sans lui ? Aldéric était comme un frère pour moi, et je peux vous dire que quand le seul membre masculin que l’on compte dans sa famille est un ivrogne de père, il est reposant d’avoir un frère.
Je m’écartai ensuite légèrement et lui adressai un pâle sourire avant de remarquer son visage amoché. Je plissai le front, effleurant de mes doigts le contour de l’ouverture de son arcade sourcilière. « Avec qui tu t’es frappé cette fois ? » Je levai les yeux au ciel. Lorsqu’il buvait un peu trop, Aldéric cherchait toujours la bagarre. « Ça te fait pas trop mal au moins ? Et ce bleu…»
Il avait intérêt à faire attention à lui. Pour l’instant, il se sortait de ses altercations nocturnes sans trop de dégâts, mais il pourrait tomber un jour sur plus fort que lui et je n'avais aucune envie de voir le résultat. J’allais déjà perdre ma mère, hors de question qu’il lui arrive quelque chose, à lui aussi.
« Que s’est-il passé? Pourquoi vous êtes tous là? C’est grave? Elle va s’en sortir? » Mes yeux s’assombrirent de nouveau tandis que la vision maigre et fatiguée de ma mère me revint à l’esprit. Les cancers, ça se remarque, à un moment ou à un autre. A un stade avancé, ça peut même provoquer des hallucinations… Les proches sont forcés de se rendre compte que quelque chose ne va pas. Moi, je ne m’étais aperçue de rien. J’étais tellement accaparée par mes propres histoires, par ma propre vie à Hungcalf, que je n’avais même pas remarqué l’état critique de ma mère.
Or, c’était certain que ce n’était pas mon père qui allait s’occuper d’elle… J’eus honte. Je l’avais totalement délaissée ces derniers temps. J’avais trop souffert à cause de stupides histoires de cœur, à cause de la mort de Noah, et je m’étais autorisée à ignorer ses invitations, à ignorer ses appels au secours... Pire, lorsque j’étais allée leur rendre visite, en septembre, je n’avais rien remarqué d’anormal. Je m’étais concentrée sur mes petites affaires, comme d’habitude, cherchant par-ci par-là des souvenirs d’enfance qui me redonneront le sourire. Un sanglot se brisa dans ma gorge. « Elle a un cancer. Elle se fait opérer après-demain… mais c’est une intervention compliquée. Elle ne va pas s’en sortir. » Il y avait quoi… cinq pour cent de chances qu’elle s’en sorte, je ne voulais pas me faire de faux espoirs, je préférais m’ancrer dans le cerveau que ces instants étaient les derniers que je partageais avec elle. J’haussai les épaules et un rire nerveux s’échappa de mes lèvres, rire que je tentai de retenir lorsque je remarquai les regards mauvais qu'on me lançait. « J’ai peur. Merci d’être venu…» Me rappelant soudain que je n’avais pas encore pris mon café, je trempai mes lèvres dans le liquide tiède. Je fis la moue. C’était limite imbuvable. Je l'avalai néanmoins d’une traite, ce n’était pas le moment de faire la difficile si je voulais que mon corps et mon moral sérieusement endoloris supportent tout ça. « Tiens donc ! Aldéric ! Cela fait longtemps, c’était quand la dernière fois que je t’ai vu… il y a trois ans, peut-être quatre...? » J’écarquillai les yeux en voyant mon père donner une accolade à Aldéric comme s’ils étaient de bons potes. Je n’avais rien vu venir, malheureusement. «Comment va ta famille ? Tu diras à ton père que c’est quand il veut qu’il me passe un coup de fil ! Et ta charmante mère, toujours aussi belle ? Et le petit dernier, là, Jimmy, comment va cette petite bouille d’ange? » Mon cœur rata un battement lorsque j’entendis mon père prononcer le prénom du frère décédé d’Aldéric. Comment osait-il ? Il savait bien que Jimmy était mort et s’il l’avait momentanément oublié, il devait être bien plus soûl que je le pensais. Je le fusillai du regard tandis que j’attrapai la main d’Aldéric. « Viens, Aldé, je vais te montrer… » Je n’eus même pas le temps de finir ma phrase que mon père m'attrapa l'autre main et me compressa le poignet, des éclats de rage jaillissant de ses yeux. « Tu vas me laisser parler un peu avec Aldéric, toi ? » Baissant les yeux, je libérai vivement mon bras de son emprise. L’alcool décuplait ses émotions et il réagissait toujours excessivement lorsqu’il buvait… toujours, en somme. C’était terriblement gênant, même devant Aldéric qui connaissait pourtant bien mon père et ses sautes d’humeur.
Je détestais les hôpitaux, je les évitais autant que possible. D’ailleurs, si mes souvenirs sont bons, à part pour mes séances de psy, je n’y étais allée que deux fois dans ma vie. Une fois lorsque je m'étais entaillée la cuisse sur les rochers ce qui m’avait valu un séjour de deux jours à l’hôpital et plusieurs points de suture et une autre fois lorsque mon père avait fait une overdose. J’avais dû me tenir à son chevet six journées d’affilée, ma mère travaillant et ne souhaitant pas le laisser seul ne serait-ce qu’une seconde. J’avais douze ans et alors que tous les enfants fêtaient noël avec leurs familles, je tenais compagnie à un père comateux qui avait mélangé médicaments et boissons. Les meilleures vacances de ma vie, aucun doute là-dessus.
Alors que je mettais les pièces dans le distributeur, j'aperçu mon père, affalé sur une chaise, un peu plus loin. Ses cheveux auparavant blonds cendrés commençaient à grisonner, son visage était ridé, abîmé par la vie, par la vieillesse, il ne restait plus rien du charme qui avait autrefois rendu ma mère folle amoureuse. Il a toujours été le même, beau-parleur, irritant, content juste lorsqu'il avait une bouteille à la main... Je crois bien qu'il n'a jamais connu une autre façon d'être heureux. Dire que ma mère avait partagé vingt et une années avec lui… Et que maintenant, elle allait mourir, se disant que sa vie se résumait à un mari alcoolique et à une fille droguée. Du moins… c’est ce que je me dirais à sa place. J’avais beau juger Jordan, ma mère biologique, j’avais beau juger mon père, j’étais aussi pitoyable qu’eux ; dépendante. Et j'avais beau dire, j'étais faible par ma dépendance.
Des bras forts m’enlacèrent soudain, empêchant mes ternes pensées de prendre de l'ampleur dans mon esprit. Heureuse qu’il ait eu mon message et qu’il soit venu, je me retournai et le serrai dans mes bras. « Hey, salut princesse. J'ai fait aussi vite que j'ai pu. Je suis là maintenant, ça va aller. » Qu’est-ce que je serais sans lui ? Aldéric était comme un frère pour moi, et je peux vous dire que quand le seul membre masculin que l’on compte dans sa famille est un ivrogne de père, il est reposant d’avoir un frère.
Je m’écartai ensuite légèrement et lui adressai un pâle sourire avant de remarquer son visage amoché. Je plissai le front, effleurant de mes doigts le contour de l’ouverture de son arcade sourcilière. « Avec qui tu t’es frappé cette fois ? » Je levai les yeux au ciel. Lorsqu’il buvait un peu trop, Aldéric cherchait toujours la bagarre. « Ça te fait pas trop mal au moins ? Et ce bleu…»
Il avait intérêt à faire attention à lui. Pour l’instant, il se sortait de ses altercations nocturnes sans trop de dégâts, mais il pourrait tomber un jour sur plus fort que lui et je n'avais aucune envie de voir le résultat. J’allais déjà perdre ma mère, hors de question qu’il lui arrive quelque chose, à lui aussi.
« Que s’est-il passé? Pourquoi vous êtes tous là? C’est grave? Elle va s’en sortir? » Mes yeux s’assombrirent de nouveau tandis que la vision maigre et fatiguée de ma mère me revint à l’esprit. Les cancers, ça se remarque, à un moment ou à un autre. A un stade avancé, ça peut même provoquer des hallucinations… Les proches sont forcés de se rendre compte que quelque chose ne va pas. Moi, je ne m’étais aperçue de rien. J’étais tellement accaparée par mes propres histoires, par ma propre vie à Hungcalf, que je n’avais même pas remarqué l’état critique de ma mère.
Or, c’était certain que ce n’était pas mon père qui allait s’occuper d’elle… J’eus honte. Je l’avais totalement délaissée ces derniers temps. J’avais trop souffert à cause de stupides histoires de cœur, à cause de la mort de Noah, et je m’étais autorisée à ignorer ses invitations, à ignorer ses appels au secours... Pire, lorsque j’étais allée leur rendre visite, en septembre, je n’avais rien remarqué d’anormal. Je m’étais concentrée sur mes petites affaires, comme d’habitude, cherchant par-ci par-là des souvenirs d’enfance qui me redonneront le sourire. Un sanglot se brisa dans ma gorge. « Elle a un cancer. Elle se fait opérer après-demain… mais c’est une intervention compliquée. Elle ne va pas s’en sortir. » Il y avait quoi… cinq pour cent de chances qu’elle s’en sorte, je ne voulais pas me faire de faux espoirs, je préférais m’ancrer dans le cerveau que ces instants étaient les derniers que je partageais avec elle. J’haussai les épaules et un rire nerveux s’échappa de mes lèvres, rire que je tentai de retenir lorsque je remarquai les regards mauvais qu'on me lançait. « J’ai peur. Merci d’être venu…» Me rappelant soudain que je n’avais pas encore pris mon café, je trempai mes lèvres dans le liquide tiède. Je fis la moue. C’était limite imbuvable. Je l'avalai néanmoins d’une traite, ce n’était pas le moment de faire la difficile si je voulais que mon corps et mon moral sérieusement endoloris supportent tout ça. « Tiens donc ! Aldéric ! Cela fait longtemps, c’était quand la dernière fois que je t’ai vu… il y a trois ans, peut-être quatre...? » J’écarquillai les yeux en voyant mon père donner une accolade à Aldéric comme s’ils étaient de bons potes. Je n’avais rien vu venir, malheureusement. «Comment va ta famille ? Tu diras à ton père que c’est quand il veut qu’il me passe un coup de fil ! Et ta charmante mère, toujours aussi belle ? Et le petit dernier, là, Jimmy, comment va cette petite bouille d’ange? » Mon cœur rata un battement lorsque j’entendis mon père prononcer le prénom du frère décédé d’Aldéric. Comment osait-il ? Il savait bien que Jimmy était mort et s’il l’avait momentanément oublié, il devait être bien plus soûl que je le pensais. Je le fusillai du regard tandis que j’attrapai la main d’Aldéric. « Viens, Aldé, je vais te montrer… » Je n’eus même pas le temps de finir ma phrase que mon père m'attrapa l'autre main et me compressa le poignet, des éclats de rage jaillissant de ses yeux. « Tu vas me laisser parler un peu avec Aldéric, toi ? » Baissant les yeux, je libérai vivement mon bras de son emprise. L’alcool décuplait ses émotions et il réagissait toujours excessivement lorsqu’il buvait… toujours, en somme. C’était terriblement gênant, même devant Aldéric qui connaissait pourtant bien mon père et ses sautes d’humeur.
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Re: I'm tired. I'm afraid. I need you.
Dim 24 Oct 2010 - 22:22
De sombres réminiscences vinrent se rappeler à moi, me faisant frissonner d’horreur. Je n’avais plus mis les pieds dans un hôpital depuis trois ans au moins. Trois foutues années où mon état n’aura fait que d’empirer. Je me revoyais dans ce lit d’hôpital, avec de maigres bandages entourant mes poignets ouverts, avec pour seul vêtement la blouse bleue des patients, et l’expression désillusionnée à souhait. Maman avait été assise sur une chaise délabrée, mouchoir à la main, et avait pleuré toutes les larmes de son corps. Après avoir perdu son fils cadet, elle avait manqué de perdre son fils aîné. Je me mordillai la lèvre inférieure tandis que les souvenirs déferlaient. Pourtant, je n’avais jamais mis les pieds ici d’une quelconque façon que ce soit, rien ne me liait à ces lieux, si ce n’était qu’une foutue association d’idées qu’à présent j’étais en train de maudire. Je m’attendais encore à croiser mon ancien psy dans le couloir, et qu’il constate avec désarroi que rien n’avait changé en dépit de ces heures passées à essayer de me comprendre, d’analyser mon esprit trop torturé et auquel je n’avais jamais voulu lui donner accès. Je ne voyais pas l’intérêt de déballer ma vie à une bande de guignols. Je ne voyais pas non plus en quoi on pouvait aller mieux, il n’y avait pas de solutions à mes problèmes. Personne ne pouvait me rendre Jimmy, personne ne pouvait forcer mon père à m’aimer. Personne ne pouvait faire en sorte que tout aille mieux dans cette foutue famille, à moins d’envoyer tout le monde en cure de désintoxication. Et même une fois guéris de nos addictions, nous serions confrontés à une réalité bien trop sordide pour être supportable. Il était tout simplement impossible de rattraper le temps perdu. Le gouffre qui s’était creusé entre nous ne serait jamais plus comblé, et ne faisait que de se creuser davantage. Le phénomène s’était accéléré dès lors que j’avais été foutu dehors, mon père excédé par mon comportement qu’il jugeait alors limite. Maman avait eu beau protester, supplier, pleurer même, rien n’y avait fait, mon père, ce connard que je haïssais de tout mon être, avait fait la sourde oreille. Qu’importe.
Aujourd‘hui, je n’étais pas là pour moi. J’étais là pour Ekstasy qui avait besoin de moi. Malgré mon état précaire, le visage ravagé par les violences de la nuit dernière, j’avais transplané à l’hôpital, ce lieu que je haïssais tant. J’avais aperçu ma princesse près du distributeur à café, ces choses immondes qu’ils osaient proposer aux patients en quête d’un -maigre- réconfort. Le couloir était désert, hormis la fille de l’accueil qui, dans son bureau, était en train de compléter une grille de mots croisés. L’atmosphère était bien trop pesante et à la limite du supportable. Je maudissais cette putain de vie injuste, les aléas d’un destin pire que capricieux. Pourquoi jugeait-on bon de toujours s’acharner sur les mêmes personnes, ne souffraient-elles pas déjà assez comme ça? Mon cœur se serra en voyant le pâle sourire de la Wright. Ce n’était tellement pas elle, je l’avais connue tellement plus radieuse, tellement plus souriante. Je me souvenais de cette gamine qui s’obstinait à vouloir me faire des câlins alors que je n’aimais pas ça du tout, à qui je m’étais amusé à faire peur tant de fois, de ce rayon de soleil qui, désormais, commençait lentement à s’éteindre. La vie était une pute et elle nous avait baisés bien profond. « Avec qui tu t’es frappé cette fois ? Ça te fait pas trop mal au moins ? Et ce bleu…» Je fronçai les sourcils, mais la vive douleur qui irradiait l’arcade se rappela à moi, tant et si bien qu’il en résultait une grimace oscillant entre une expression des plus perplexes et un air blasé. Je finis par hausser les épaules nonchalamment. « Je me rappelle-même plus, c’est ça le truc. Mais ne t’inquiètes pas pour moi va, ça va aller. » Je ne disais pas seulement ça pour moi. Je disais aussi cela pour elle. Oui, il fallait que ça aille, que tout redevienne comme avant, comme quand nos vies ne partaient pas encore en vrille. J’espérais que ce qui était arrivé à la mère d’Ekstasy était suffisamment bénin pour qu‘elle s‘en sorte. J’espérais que dans trois jours, elle serait sortie et de nouveau à la maison. J’avais de l’espoir à revendre quand bien même j’avais appris à ne jamais rien attendre de la vie, ayant trop souvent été déçu. Et pourtant, j’avais l’impression insidieuse qu’au contraire tout allait mal, et que le destin allait nous asséner une nouvelle claque, encore plus magistrale que les autres, et ce plus tôt que prévu. Et comme prévu, la gifle fut retentissante, tant et si bien qu‘elle me coupant le souffle. « Elle a un cancer. Elle se fait opérer après-demain… mais c’est une intervention compliquée. Elle ne va pas s’en sortir. » Je fermai les yeux, vacillant légèrement sous le choc. NON! Avais-je envie de hurler. Pourquoi? POURQUOI? Quelque chose s’était brisé en moi, je me rappelais de Jimmy, mort bien trop jeune, alors qu’il n’était encore qu’à l’aube de sa vie. Et maintenant, Sarah.
Je me souvenais de son visage aimable et aimant, elle qui adorait tellement sa fille, son trésor. Elle m’avait accepté sans être regardante sur quoi que ce soit. Je repensais à tous ces souvenirs, plus ou moins lointains, quand nous étions petits, quand nous avions quinze ans. Et à chaque fois, c’était la même rengaine insupportable. J’imaginais sans peine la douleur qu’Ekstasy devait ressentir pour l’avoir ressentie moi aussi. À la différence près, qu’elle aurait eu le temps de s’y préparer. Et le choc aurait la même cruelle et blessante intensité une fois survenu, on ne pouvait jamais s’y déroger. Jamais. « J’ai peur. Merci d’être venu…» La gorge nouée, je ne trouvai rien à répondre. De toute manière, que pouvait-on trouver à redire? J’allais tout naturellement me saisir de sa main frêle, comme nous faisions quand nous étions enfants, mais mon initiative n’aboutit jamais. Son père venait de faire irruption, me donnant l’accolade, ce qui ne manqua pas de me surprendre. « Tiens donc ! Aldéric ! Cela fait longtemps, c’était quand la dernière fois que je t’ai vu… il y a trois ans, peut-être quatre...? » En effet, cela faisait longtemps. Cela coïncidait parfaitement avec la période où Jimmy est mort, où j’ai tenté de me suicidé, et, enfin, où j’ai été foutu dehors. Dès lors, plus jamais de noël en famille, plus d’anniversaires, plus de réunions pour le plaisir. Je ne voyais Ekstasy qu’à Poudlard puis ensuite à Hungcalf. «Comment va ta famille ? Tu diras à ton père que c’est quand il veut qu’il me passe un coup de fil ! Et ta charmante mère, toujours aussi belle ? Et le petit dernier, là, Jimmy, comment va cette petite bouille d’ange? » Je me frottai les tempes tandis qu’il évoqua les membres de ma famille disloquée. J’hésitais entre deux options. Lui dire la vérité ou le laisser parler. D’autant plus qu’Ekstasy semblait déterminée à m’emmener ailleurs. « Viens, Aldé, je vais te montrer… » Me montrer quoi? J’arquais un sourcil interrogateur tandis qu’elle avait pris ma main, mais à nouveau, la douleur vive et fulgurante se réveilla. Foutue blessure. Mais visiblement, son père ne semblait pas du même avis. J’assistai à leur altercation, témoin silencieux et existant. Pour un peu, j’aurais eu de la peine pour Ekstasy. Elle me faisait tellement penser à moi-même par moments. Elle avait toujours été cette petite fille frêle et innocente que je m’étais toujours efforcé de protéger. Et même maintenant qu’on avait grandi, elle était toujours ma princesse, même si nous étions désormais trop âgés pour cela. « Tu vas me laisser parler un peu avec Aldéric, toi ? » je serrai légèrement la main de la Wright pour lui témoigner mon entier soutien, tandis qu’elle se dégageait de l’emprise de l’ivrogne qui lui servait de père. Malgré tout le respect que je lui vouais, je me sentais mal à l’aise en sa présence, il me rappelait trop mon propre père sous certains aspects. Je regardai Ekstasy avec douceur, tout en lui murmurant. « Nan, c’est rien, laisse, je vais me débrouiller. » Puis je me tournai vers son père en le toisant de mon regard dénué de toute émotion. « Maman va bien, de ce que j’en sais. Je ne parle plus à mon père depuis trois ans, et Jimmy est mort. » Voilà qui était dit. Même si cela me faisait toujours aussi mal de prononcer ces paroles, et ce trois ans après. Je restai à le scruter un instant, toujours aussi impassible. Puis, je finis par soupirer lourdement. « Sauf votre respect Monsieur Beansley, on va y aller. Vous devriez rester auprès de votre femme, elle a besoin de vous. » sur-ce, je me tournai enfin vers Ekstasy, tournant presque le dos à son père. « Que voulais-tu me montrer tantôt? » avant que nous fussions interrompus, étais-je tenté d’ajouter. Mais comme le souligner aurait été considéré comme la dernière des impolitesses, je m’en étais abstenu. Je n’avais qu’une envie, quitter ce hall qui, à mon sens, devenait de plus en plus oppressant.
Aujourd‘hui, je n’étais pas là pour moi. J’étais là pour Ekstasy qui avait besoin de moi. Malgré mon état précaire, le visage ravagé par les violences de la nuit dernière, j’avais transplané à l’hôpital, ce lieu que je haïssais tant. J’avais aperçu ma princesse près du distributeur à café, ces choses immondes qu’ils osaient proposer aux patients en quête d’un -maigre- réconfort. Le couloir était désert, hormis la fille de l’accueil qui, dans son bureau, était en train de compléter une grille de mots croisés. L’atmosphère était bien trop pesante et à la limite du supportable. Je maudissais cette putain de vie injuste, les aléas d’un destin pire que capricieux. Pourquoi jugeait-on bon de toujours s’acharner sur les mêmes personnes, ne souffraient-elles pas déjà assez comme ça? Mon cœur se serra en voyant le pâle sourire de la Wright. Ce n’était tellement pas elle, je l’avais connue tellement plus radieuse, tellement plus souriante. Je me souvenais de cette gamine qui s’obstinait à vouloir me faire des câlins alors que je n’aimais pas ça du tout, à qui je m’étais amusé à faire peur tant de fois, de ce rayon de soleil qui, désormais, commençait lentement à s’éteindre. La vie était une pute et elle nous avait baisés bien profond. « Avec qui tu t’es frappé cette fois ? Ça te fait pas trop mal au moins ? Et ce bleu…» Je fronçai les sourcils, mais la vive douleur qui irradiait l’arcade se rappela à moi, tant et si bien qu’il en résultait une grimace oscillant entre une expression des plus perplexes et un air blasé. Je finis par hausser les épaules nonchalamment. « Je me rappelle-même plus, c’est ça le truc. Mais ne t’inquiètes pas pour moi va, ça va aller. » Je ne disais pas seulement ça pour moi. Je disais aussi cela pour elle. Oui, il fallait que ça aille, que tout redevienne comme avant, comme quand nos vies ne partaient pas encore en vrille. J’espérais que ce qui était arrivé à la mère d’Ekstasy était suffisamment bénin pour qu‘elle s‘en sorte. J’espérais que dans trois jours, elle serait sortie et de nouveau à la maison. J’avais de l’espoir à revendre quand bien même j’avais appris à ne jamais rien attendre de la vie, ayant trop souvent été déçu. Et pourtant, j’avais l’impression insidieuse qu’au contraire tout allait mal, et que le destin allait nous asséner une nouvelle claque, encore plus magistrale que les autres, et ce plus tôt que prévu. Et comme prévu, la gifle fut retentissante, tant et si bien qu‘elle me coupant le souffle. « Elle a un cancer. Elle se fait opérer après-demain… mais c’est une intervention compliquée. Elle ne va pas s’en sortir. » Je fermai les yeux, vacillant légèrement sous le choc. NON! Avais-je envie de hurler. Pourquoi? POURQUOI? Quelque chose s’était brisé en moi, je me rappelais de Jimmy, mort bien trop jeune, alors qu’il n’était encore qu’à l’aube de sa vie. Et maintenant, Sarah.
Je me souvenais de son visage aimable et aimant, elle qui adorait tellement sa fille, son trésor. Elle m’avait accepté sans être regardante sur quoi que ce soit. Je repensais à tous ces souvenirs, plus ou moins lointains, quand nous étions petits, quand nous avions quinze ans. Et à chaque fois, c’était la même rengaine insupportable. J’imaginais sans peine la douleur qu’Ekstasy devait ressentir pour l’avoir ressentie moi aussi. À la différence près, qu’elle aurait eu le temps de s’y préparer. Et le choc aurait la même cruelle et blessante intensité une fois survenu, on ne pouvait jamais s’y déroger. Jamais. « J’ai peur. Merci d’être venu…» La gorge nouée, je ne trouvai rien à répondre. De toute manière, que pouvait-on trouver à redire? J’allais tout naturellement me saisir de sa main frêle, comme nous faisions quand nous étions enfants, mais mon initiative n’aboutit jamais. Son père venait de faire irruption, me donnant l’accolade, ce qui ne manqua pas de me surprendre. « Tiens donc ! Aldéric ! Cela fait longtemps, c’était quand la dernière fois que je t’ai vu… il y a trois ans, peut-être quatre...? » En effet, cela faisait longtemps. Cela coïncidait parfaitement avec la période où Jimmy est mort, où j’ai tenté de me suicidé, et, enfin, où j’ai été foutu dehors. Dès lors, plus jamais de noël en famille, plus d’anniversaires, plus de réunions pour le plaisir. Je ne voyais Ekstasy qu’à Poudlard puis ensuite à Hungcalf. «Comment va ta famille ? Tu diras à ton père que c’est quand il veut qu’il me passe un coup de fil ! Et ta charmante mère, toujours aussi belle ? Et le petit dernier, là, Jimmy, comment va cette petite bouille d’ange? » Je me frottai les tempes tandis qu’il évoqua les membres de ma famille disloquée. J’hésitais entre deux options. Lui dire la vérité ou le laisser parler. D’autant plus qu’Ekstasy semblait déterminée à m’emmener ailleurs. « Viens, Aldé, je vais te montrer… » Me montrer quoi? J’arquais un sourcil interrogateur tandis qu’elle avait pris ma main, mais à nouveau, la douleur vive et fulgurante se réveilla. Foutue blessure. Mais visiblement, son père ne semblait pas du même avis. J’assistai à leur altercation, témoin silencieux et existant. Pour un peu, j’aurais eu de la peine pour Ekstasy. Elle me faisait tellement penser à moi-même par moments. Elle avait toujours été cette petite fille frêle et innocente que je m’étais toujours efforcé de protéger. Et même maintenant qu’on avait grandi, elle était toujours ma princesse, même si nous étions désormais trop âgés pour cela. « Tu vas me laisser parler un peu avec Aldéric, toi ? » je serrai légèrement la main de la Wright pour lui témoigner mon entier soutien, tandis qu’elle se dégageait de l’emprise de l’ivrogne qui lui servait de père. Malgré tout le respect que je lui vouais, je me sentais mal à l’aise en sa présence, il me rappelait trop mon propre père sous certains aspects. Je regardai Ekstasy avec douceur, tout en lui murmurant. « Nan, c’est rien, laisse, je vais me débrouiller. » Puis je me tournai vers son père en le toisant de mon regard dénué de toute émotion. « Maman va bien, de ce que j’en sais. Je ne parle plus à mon père depuis trois ans, et Jimmy est mort. » Voilà qui était dit. Même si cela me faisait toujours aussi mal de prononcer ces paroles, et ce trois ans après. Je restai à le scruter un instant, toujours aussi impassible. Puis, je finis par soupirer lourdement. « Sauf votre respect Monsieur Beansley, on va y aller. Vous devriez rester auprès de votre femme, elle a besoin de vous. » sur-ce, je me tournai enfin vers Ekstasy, tournant presque le dos à son père. « Que voulais-tu me montrer tantôt? » avant que nous fussions interrompus, étais-je tenté d’ajouter. Mais comme le souligner aurait été considéré comme la dernière des impolitesses, je m’en étais abstenu. Je n’avais qu’une envie, quitter ce hall qui, à mon sens, devenait de plus en plus oppressant.
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Re: I'm tired. I'm afraid. I need you.
Jeu 11 Nov 2010 - 20:09
Pourquoi mon père parlait toujours de ce qu'il ne fallait pas ? Pourquoi mettait-il toujours les personnes qu'il côtoyait mal à l'aise ? Etait-ce un jeu, une lubie, ou était-il simplement trop à côté de la plaque pour réaliser l’ampleur de ses mots ? Je ne sais même pas laquelle de ces possibilités serait préférable...qu'il soit assez pervers pour réveiller les souffrances de chacun ou qu'il soit tellement accro' à l'alcool qu'il oubliait toutes les choses ayant de l’importance ...?
« Nan, c’est rien, laisse, je vais me débrouiller. Maman va bien, de ce que j’en sais. Je ne parle plus à mon père depuis trois ans, et Jimmy est mort. » Je pinçai mes lèvres, soulagée qu'Aldéric n'ait pas laissé les propos de mon père le mettre en rogne. A sa place, Je ne sais pas comment j’aurais réagi. « Sauf votre respect Monsieur Beansley, on va y aller. Vous devriez rester auprès de votre femme, elle a besoin de vous. » Je jetai un coup d'œil à mon père, guettant sa réaction. Son visage restait impassible, comme s’il n’avait rien entendu, tandis qu’il haussait les épaules; « Non, je dois rentrer, j’ai beaucoup de choses à faire. Au revoir Aldéric. » Beaucoup de choses à faire ? Un sourire sarcastique éclaira mon visage d’une lueur bien pâle. Laissez-moi rire… Il avait dit cela comme s'il avait des responsabilités, comme si ce qu'il avait à faire à la maison ne pouvait pas attendre... alors que c'était faux. Il allait rentrer, s'asseoir sur le canapé et descendre toutes les bouteilles qui lui tomberaient sous la main. Je connaissais par cœur ce petit rituel depuis le temps. Je levai les yeux au ciel et ne répondis rien. A quoi ça servirait de toutes façons ?
Je me laissai entraîner quelques mètres plus loin par Aldéric. « Que voulais-tu me montrer tantôt? » Je lui souris, le remerciant encore intérieurement d'être venu. Sa présence me réconfortait, c'était certain, j'avais moins l'impression de n'être entourée que par des médecins en blouse blanche, un stéthoscope autour du cou, et par des patients pâlots sur le point de mourir. C'était trop morbide pour moi. « Hum… à vrai dire, je voulais essayer d'abréger la discussion avec mon père. Il n'a pas changé comme tu peux le constater. » Je suivis du regard la silhouette imposante de l’homme en question qui quittait le hall avant de reporter toute mon attention sur Aldéric. « Maman dort pour le moment mais je pense qu'elle aimerait te voir après... » J’esquissai un mince sourire avant de prendre Aldéric par le bras et de l’entraîner vers la sortie de l’hôpital. En attendant son réveil, il fallait à tout prix qu’on sorte d’ici. L’atmosphère qui régnait entre les murs blancs était de plus en plus oppressante. Et puis… nous étions à Londres, ma ville natale, et il était hors de question que l’on n’en profite pas. Surtout qu’Aldéric et moi avions beaucoup de souvenirs d’enfance ici, s’en rappeler nous ferait peut-être du bien.
« Et sinon... Comment tu vas, Aldé ? Ça se passe toujours bien avec Breeony ? » Discuter d’autres choses, comme si rien de grave, rien de sinistre, n’allait prochainement se produire. Marcher avec un ami dans les rues de Londres… Ça faisait du bien. Peut-être était-cela qu’il me fallait, afin de me vider la tête quelques instants des funestes pensées ?
La dernière fois que j’avais parlé de ses histoires de cœur avec Aldéric, tout se portait pour le mieux. J’espérais qu’il n’y avait pas eu d’embrouilles depuis… et j’espérais aussi qu’il ne me retournerait pas la question, je ne souhaitais pas m’étendre sur le sujet de mes idylles éphémères qui finissaient toujours autrement que je me l’imaginais.
( Je viens de récupérer word, encore désolée de l'attente :( (l) )
- InvitéInvité
Re: I'm tired. I'm afraid. I need you.
Ven 3 Déc 2010 - 17:19
« Non, je dois rentrer, j’ai beaucoup de choses à faire. Au revoir, Aldéric. » J’arquai un sourcil perplexe. La logique aurait voulu qu’il reste au chevet de son épouse, mais cet homme n’avait rien de logique. Et c’est tout? Avais-je envie de hurler dans le couloir. Il n’avait fait que de remuer le couteau dans la plaie, il laissait Ekstasy toute seule dans cet endroit glauque, et il n’avait même pas un mot d’excuse? Mon amie et moi échangeâmes un regard plus qu’éloquent. Ainsi, nous avions en commun d’avoir un père indigne, et une mère laissée à son triste sort. Les mots que j’aurais voulu jeter à la figure de Mr Beansley avaient déversé un goût âcre dans ma bouche et à présent me brûlaient les lèvres. Demain, sa femme se faisait opérer et elle risquait d’en mourir, alors pourquoi ne profitait-il pas des derniers instants qu’il pouvait passer avec elle? Bien après sa mort, il aurait le temps de vivre avec ses regrets, mais un homme comme lui était-il seulement capable d’éprouver des remords? J’en doutais sincèrement. Et pourtant, dans le fond, je le plaignais. Je savais combien il était difficile de vivre avec des regrets. La culpabilité, on se la traînait jusqu’à la mort. Je le laissai finalement partir, regard dégoûté dardé sur lui. Je lui en voulais, quand bien même il ne m’aurait rien fait. Je lui en voulais d’avoir suscité autant de souffrance chez sa fille, de l’avoir meurtrie, malmenée. Il avait brisé son innocence tout comme il avait anéanti ses illusions en la confrontant à un quotidien bien trop sordide. En vérité, j’avais peur pour elle, et de l’avenir morbide qui attendait la Wright. Sarah partie, qui la protègerait de cet homme? De toute évidence, je ne pouvais pas être toujours là, à veiller sur elle. Et la perspective qu’elle soit seule avec cet homme me glaçait le sang, seul Merlin savait ce qu’il était capable de lui faire sous l’emprise de l’alcool. Et ça, je ne cautionnais pas.
Elle se tourna finalement vers moi, sourire pendu aux lèvres. Rien de bien mirobolant, mais c’était toujours ça de gagné, elle ne méritait tellement pas ce qui lui arrivait. Et pourtant, elle subissait en silence, restant fière et digne aux yeux de tous. Elle et moi nous nous ressemblions tellement sur ce point. Même quand tout allait mal, on faisait semblant d’aller mal, ne serait-ce que pour ne pas susciter des questions aussi gênantes qu’inutiles. « Hum… à vrai dire, je voulais essayer d'abréger la discussion avec mon père. Il n'a pas changé comme tu peux le constater. » J’hochai finalement la tête, comprenant parfaitement là où elle voulait en venir. Même que cela s’appelait noyer le poisson. J’eus néanmoins un soupir blasé quand elle m’annonça qu’il n’avait pas changé. Force est de constater qu’arrivés à un tel stade, ils étaient incapables de changer véritablement et devenir des personnes meilleures. Tout bien considéré, c’était ainsi que je risquais de devenir, en restant prisonnier de mes vices. « Maman dort pour le moment mais je pense qu'elle aimerait te voir après... » J’hochai à nouveau la tête d’un air entendu. Ekstasy ne voulait pas rester une seconde de plus dans ce sinistre hôpital et je ne pouvais que la comprendre, ne supportant pas non plus ce lieu. J’aurai l’occasion d’y retourner bien trop tôt. Je me laissai entraîner sans résistance aucune quand elle me prit par le bras pour aller ailleurs. Sortir d’ici. Retourner à la liberté.
« Et sinon... Comment tu vas, Aldé ? Ça se passe toujours bien avec Breeony ? » Mon regard s’assombrit lorsqu’elle prononça le prénom de ma petite amie. À dire vrai, je ne savais pas trop ce qui se passait, une chose était sûre, c’est que rien ne s’était passé comme prévu, c’était bien moins idyllique que je l’aurais pensé. Me voilà donc mitigé, ne sachant pas quoi répondre à la Wright. Je me frottai nerveusement les tempes. Les mensonges et les non-dits continuaient de nous ronger tous les deux, et j’allais un jour ou l’autre devoir lui révéler mon secret, ce qui me tuait à petit feu depuis des années et qui m’obligeait à prendre toute la pléiade de médicaments qui allaient avec, autant de drogues douces qui m’aidaient à aller mieux mais qui en même temps empiraient mon état. Je frissonnai légèrement, avant de hausser les épaules, avec nonchalance, tout en allumant une cigarette. « Bof, j’en sais rien en fait. » Autant être honnête tout de suite. Trop de disputes, tout allait trop vite. Comme si le film passait en accéléré, les gestes et les paroles en devenaient presque ridicules. « Pour l’instant…ça va. Ça pourrait être mieux, mais je n’ai pas à me plaindre. Je suis très bien comme ça. » Je profitais de ces moments, en quelques sortes. Avant que je ne puisse plus le faire. Même si j’avais mal. Même si la jalousie me rongeait, tout comme la peur de passer après un autre. Notre couple souffrait d’un sérieux manque de confiance, et nos liens s’effritaient peu à peu, quand bien même l’un comme l’autre on se battrait comme des acharnés pour sauver ce qu’on avait mis tant de temps pour construire. « Même si niveau santé, je t’avoue que ça pourrait aller mieux. » Mon dernier bilan sanguin n’avait pas été des plus rassurants, bien au contraire. Mon état s’était aggravé, et cela semblait même s’être accéléré. Mes cernes violacés tout comme mon teint livide n’avaient-ils pas été suffisamment significatifs? Je soupirai lourdement, le moral au trente sixième au dessous. Même le goût du tabac, en ce moment précis, me paraissait dégoûtant. Je tendis finalement ma cigarette à Ekstasy. « Tiens, prends là, je n’en veux plus. Je suis à côté de mes pompes aujourd’hui. » Aujourd’hui comme 365 jours par an, m’abstiens-je de préciser. Je soupirai à nouveau, blasé. Je me tournai finalement vers la Wright, avant de la sonder du regard. « Bon…Alors, on va où? » Mes yeux ambrés semblaient dire un million de choses. S’il te plaît Ekstasy, fais moi rêver. Emmène moi ailleurs, comme nous le faisions quand nous étions enfants. J’en avais besoin, maintenant plus que jamais.
Elle se tourna finalement vers moi, sourire pendu aux lèvres. Rien de bien mirobolant, mais c’était toujours ça de gagné, elle ne méritait tellement pas ce qui lui arrivait. Et pourtant, elle subissait en silence, restant fière et digne aux yeux de tous. Elle et moi nous nous ressemblions tellement sur ce point. Même quand tout allait mal, on faisait semblant d’aller mal, ne serait-ce que pour ne pas susciter des questions aussi gênantes qu’inutiles. « Hum… à vrai dire, je voulais essayer d'abréger la discussion avec mon père. Il n'a pas changé comme tu peux le constater. » J’hochai finalement la tête, comprenant parfaitement là où elle voulait en venir. Même que cela s’appelait noyer le poisson. J’eus néanmoins un soupir blasé quand elle m’annonça qu’il n’avait pas changé. Force est de constater qu’arrivés à un tel stade, ils étaient incapables de changer véritablement et devenir des personnes meilleures. Tout bien considéré, c’était ainsi que je risquais de devenir, en restant prisonnier de mes vices. « Maman dort pour le moment mais je pense qu'elle aimerait te voir après... » J’hochai à nouveau la tête d’un air entendu. Ekstasy ne voulait pas rester une seconde de plus dans ce sinistre hôpital et je ne pouvais que la comprendre, ne supportant pas non plus ce lieu. J’aurai l’occasion d’y retourner bien trop tôt. Je me laissai entraîner sans résistance aucune quand elle me prit par le bras pour aller ailleurs. Sortir d’ici. Retourner à la liberté.
« Et sinon... Comment tu vas, Aldé ? Ça se passe toujours bien avec Breeony ? » Mon regard s’assombrit lorsqu’elle prononça le prénom de ma petite amie. À dire vrai, je ne savais pas trop ce qui se passait, une chose était sûre, c’est que rien ne s’était passé comme prévu, c’était bien moins idyllique que je l’aurais pensé. Me voilà donc mitigé, ne sachant pas quoi répondre à la Wright. Je me frottai nerveusement les tempes. Les mensonges et les non-dits continuaient de nous ronger tous les deux, et j’allais un jour ou l’autre devoir lui révéler mon secret, ce qui me tuait à petit feu depuis des années et qui m’obligeait à prendre toute la pléiade de médicaments qui allaient avec, autant de drogues douces qui m’aidaient à aller mieux mais qui en même temps empiraient mon état. Je frissonnai légèrement, avant de hausser les épaules, avec nonchalance, tout en allumant une cigarette. « Bof, j’en sais rien en fait. » Autant être honnête tout de suite. Trop de disputes, tout allait trop vite. Comme si le film passait en accéléré, les gestes et les paroles en devenaient presque ridicules. « Pour l’instant…ça va. Ça pourrait être mieux, mais je n’ai pas à me plaindre. Je suis très bien comme ça. » Je profitais de ces moments, en quelques sortes. Avant que je ne puisse plus le faire. Même si j’avais mal. Même si la jalousie me rongeait, tout comme la peur de passer après un autre. Notre couple souffrait d’un sérieux manque de confiance, et nos liens s’effritaient peu à peu, quand bien même l’un comme l’autre on se battrait comme des acharnés pour sauver ce qu’on avait mis tant de temps pour construire. « Même si niveau santé, je t’avoue que ça pourrait aller mieux. » Mon dernier bilan sanguin n’avait pas été des plus rassurants, bien au contraire. Mon état s’était aggravé, et cela semblait même s’être accéléré. Mes cernes violacés tout comme mon teint livide n’avaient-ils pas été suffisamment significatifs? Je soupirai lourdement, le moral au trente sixième au dessous. Même le goût du tabac, en ce moment précis, me paraissait dégoûtant. Je tendis finalement ma cigarette à Ekstasy. « Tiens, prends là, je n’en veux plus. Je suis à côté de mes pompes aujourd’hui. » Aujourd’hui comme 365 jours par an, m’abstiens-je de préciser. Je soupirai à nouveau, blasé. Je me tournai finalement vers la Wright, avant de la sonder du regard. « Bon…Alors, on va où? » Mes yeux ambrés semblaient dire un million de choses. S’il te plaît Ekstasy, fais moi rêver. Emmène moi ailleurs, comme nous le faisions quand nous étions enfants. J’en avais besoin, maintenant plus que jamais.
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Re: I'm tired. I'm afraid. I need you.
Lun 13 Déc 2010 - 18:50
« Bof, j’en sais rien en fait. Pour l’instant…ça va. Ça pourrait être mieux, mais je n’ai pas à me plaindre. Je suis très bien comme ça. » J’approuvai d’un signe de tête, une moue triste sur le visage. Finalement, je n’aurais peut-être pas du lui parler de Breeony. Les histoires de cœur étaient sans aucun doute les histoires les plus déroutantes et les plus éphémères. Un jour c’était oui, un autre non, un instant blanc et l’instant d’après devenait parsemé de petits nuages annonçant l’arrivée d’un orage. « Même si niveau santé, je t’avoue que ça pourrait aller mieux. » Je fronçai les sourcils, le regard désormais dans le vide. Aldéric se détruisait depuis plusieurs années, tout comme moi, et s’il venait lui aussi à disparaître, je ne le supporterai pas. Aldéric, mon plus vieil ami, mon frère. Il me gardait en vie et il était incontestablement une des seules personnes au monde à qui je la donnerais sans hésiter une seule seconde… mais est-ce qu’elle valait mieux, finalement ? Non, nos vies étaient toutes deux inconstantes. Et je ne pouvais pas aider Aldéric puisque je n’arrivais même pas à me sauver moi-même. « Tiens, prends là, je n’en veux plus. Je suis à côté de mes pompes aujourd’hui. » Et moi donc. Je pris la cigarette qu’il me tendait et la portai à mes lèvres, distraite. Je ne fumais qu’exceptionnellement mais aujourd’hui était une exception. Ce n’était pas tous les jours que je me promenais avec Aldéric dans ma ville natale, ma mère à l’hôpital en train de vivre ses dernières heures. « Bon…Alors, on va où? » Un sourire malicieux éclaira mon visage fatigué, tandis qu’un endroit précis flottait dans mon esprit. « J’ai ma petite idée. » J’écrasai la cigarette de ma chaussure, vérifiai que nous étions tranquilles, et attrapai ensuite le bras d’Aldéric, pour transplaner dans de bonnes conditions.
Arrivés au lieu espéré, je contemplais le London Eye avec satisfaction. Je n’y étais allée qu’une fois dans ma vie, malgré le fait que j’habitais tout près, et la seule fois où j’étais montée dans la grande roue, j’étais en compagnie d’Aldéric. Autant dire que j’en gardais un excellent souvenir.
Quelques moldus faisaient la queue mais il y avait beaucoup moins de monde que d’habitude. Sûrement à cause de la température qui ne devait pas excéder trois degrés ; les gens préfèrent rester chez eux près d’un feu de cheminée, et ce n’est pas une période à touristes. Tant mieux. Au bout de quelques minutes, nous étions dans une capsule, entourés de quelques autres personnes. On n’était pas seuls mais peu importe, on était tous les deux. Mes yeux clairs se posèrent sur Aldéric tandis que mes lèvres formèrent un léger sourire. « Tu te souviens ? » Je ne parlais pas fort, je murmurais presque, comme si ce que je lui disais était un secret. « On avait quoi... neuf et dix ans? Nos parents nous y avaient emmenés, une matinée d’été. » Je souris, repensant à la fameuse journée. « On était montés et je crois bien qu’on s’engueulait. Et puis quand on était arrivés au sommet, tu m’avais dit de me taire. Tu avais pris ton air pensif et tu m’avais dit que c’était juste…magique. Et que ça donnait l’impression qu’on pouvait souhaiter ce qu’on voulait, et que notre souhait se réalisera. » Je riais, repensant à ses paroles et à ce moment aussi enfantin qu’innocent. « Je t’avais répondu que j’avais fait un vœu. Tu m’avais demandé ce que c’était et pour toute réponse, je t’avais.. embrassé. » La scène se repassait dans ma tête au fur et à mesure que je la contais à Aldéric, au cas où il l’avait oubliée. C’était notre premier baiser. Non, notre deuxième puisque sa mère avait immortalisé le premier d’une photo que je dois encore avoir dans ma chambre. Il n’y en avait eu que deux. Parce qu’une fois l’innocence d’un amour d’enfant passée, il est mieux de tout arrêter et de ne plus jouer à ce petit jeu. Cette idylle enfantine restait ma plus belle histoire puisque c’était la seule qui s’était bien finie, et qui, au lieu de me briser le cœur, m’avait finalement donné un frère. Tu avais raison, à ce moment là, Aldéric, mon rêve s’était réalisé. Mais après quelques véloces minutes, on avait de nouveau les pieds sur terre et la réalité avait repris son court. Tous les plus beaux moments sont passagers. Tout est fugace, éphémère… mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas en profiter. Ces moments sont si rares qu’ils n’en sont que meilleurs. Profitant de la vue magnifique qui donnait sur une partie de la capitale, je me tus quelques instants, pensive. Néanmoins, une fois au sommet, je me tournai vers le visage abîmé et pourtant si doux de mon ami et lui fis un clin d’œil. « Fais un vœu. » Je souris, reportant ensuite mon attention sur le paysage. Tout est dur dans nos vies depuis quelques temps, Aldéric, mais j’ai envie de croire que bientôt, on se sentira mieux. J’ai besoin de croire que la noirceur de la vie peut s’estomper quand on est avec quelqu’un qu’on aime et qu’on arrive à s’évader, même pour quelques secondes. C’est parfois – souvent – grâce à la drogue que nous y parvenons, mais c’est ici grâce à nos souvenirs. C’est une version moins destructrice mais peut-être plus douloureuse au fond, lorsqu’on voit à quel point tout a changé depuis. Lorsqu'on voit que maintenant tout est plus sombre et qu’il n’y a pas possibilité de remonter le temps. Nostalgie, quand tu nous tiens.
Arrivés au lieu espéré, je contemplais le London Eye avec satisfaction. Je n’y étais allée qu’une fois dans ma vie, malgré le fait que j’habitais tout près, et la seule fois où j’étais montée dans la grande roue, j’étais en compagnie d’Aldéric. Autant dire que j’en gardais un excellent souvenir.
Quelques moldus faisaient la queue mais il y avait beaucoup moins de monde que d’habitude. Sûrement à cause de la température qui ne devait pas excéder trois degrés ; les gens préfèrent rester chez eux près d’un feu de cheminée, et ce n’est pas une période à touristes. Tant mieux. Au bout de quelques minutes, nous étions dans une capsule, entourés de quelques autres personnes. On n’était pas seuls mais peu importe, on était tous les deux. Mes yeux clairs se posèrent sur Aldéric tandis que mes lèvres formèrent un léger sourire. « Tu te souviens ? » Je ne parlais pas fort, je murmurais presque, comme si ce que je lui disais était un secret. « On avait quoi... neuf et dix ans? Nos parents nous y avaient emmenés, une matinée d’été. » Je souris, repensant à la fameuse journée. « On était montés et je crois bien qu’on s’engueulait. Et puis quand on était arrivés au sommet, tu m’avais dit de me taire. Tu avais pris ton air pensif et tu m’avais dit que c’était juste…magique. Et que ça donnait l’impression qu’on pouvait souhaiter ce qu’on voulait, et que notre souhait se réalisera. » Je riais, repensant à ses paroles et à ce moment aussi enfantin qu’innocent. « Je t’avais répondu que j’avais fait un vœu. Tu m’avais demandé ce que c’était et pour toute réponse, je t’avais.. embrassé. » La scène se repassait dans ma tête au fur et à mesure que je la contais à Aldéric, au cas où il l’avait oubliée. C’était notre premier baiser. Non, notre deuxième puisque sa mère avait immortalisé le premier d’une photo que je dois encore avoir dans ma chambre. Il n’y en avait eu que deux. Parce qu’une fois l’innocence d’un amour d’enfant passée, il est mieux de tout arrêter et de ne plus jouer à ce petit jeu. Cette idylle enfantine restait ma plus belle histoire puisque c’était la seule qui s’était bien finie, et qui, au lieu de me briser le cœur, m’avait finalement donné un frère. Tu avais raison, à ce moment là, Aldéric, mon rêve s’était réalisé. Mais après quelques véloces minutes, on avait de nouveau les pieds sur terre et la réalité avait repris son court. Tous les plus beaux moments sont passagers. Tout est fugace, éphémère… mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas en profiter. Ces moments sont si rares qu’ils n’en sont que meilleurs. Profitant de la vue magnifique qui donnait sur une partie de la capitale, je me tus quelques instants, pensive. Néanmoins, une fois au sommet, je me tournai vers le visage abîmé et pourtant si doux de mon ami et lui fis un clin d’œil. « Fais un vœu. » Je souris, reportant ensuite mon attention sur le paysage. Tout est dur dans nos vies depuis quelques temps, Aldéric, mais j’ai envie de croire que bientôt, on se sentira mieux. J’ai besoin de croire que la noirceur de la vie peut s’estomper quand on est avec quelqu’un qu’on aime et qu’on arrive à s’évader, même pour quelques secondes. C’est parfois – souvent – grâce à la drogue que nous y parvenons, mais c’est ici grâce à nos souvenirs. C’est une version moins destructrice mais peut-être plus douloureuse au fond, lorsqu’on voit à quel point tout a changé depuis. Lorsqu'on voit que maintenant tout est plus sombre et qu’il n’y a pas possibilité de remonter le temps. Nostalgie, quand tu nous tiens.
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Re: I'm tired. I'm afraid. I need you.
Jeu 16 Déc 2010 - 22:35
Quand nous fûmes sortis du St Thoma’s Hospital, je me sentis un peu mieux. Je n’aimais pas les hôpitaux pour les avoir fréquentés plus que la normale le nécessitait. Tant qu’à faire, si je pouvais éviter de m’y retrouver prématurément d’ici les cinq prochaines années, cela m’arrangerait. Mais ainsi allait la vie, on ne pouvait pas quelle catastrophe pouvait survenir demain. Mon regard ambré se posa sur son visage en cœur, que j’effleurai d’une caresse à la fois tendre, rassurante et inquiète. Je savais la jeune femme fragile et la vie n’avait pas nécessairement besoin de s’acharner sur elle de la sorte. « J’ai ma petite idée. » Un sourcil interrogateur s’arqua alors, tandis que mes prunelles sombres restèrent rivées dans ses beaux yeux. Quelques instants plus tard, nous avions transplané au bas du London Eye, Tandis qu’instinctivement, je levai la tête pour contempler l’immensité de la grande roue, redevenant en quelques fractions de seconde le gamin que j’étais. Je me souvenais d’avoir été littéralement fasciné par l’immensité de cet engin, que je ne me lassais pas de voir tourner. À l’époque cependant, je n’avais pas encore le vertige, j’avais même collé mon petit nez contre le carreau gelé de la nacelle tandis qu’elle s’élevait dans les airs. Je contemplais mon amie avec intensité, me demandant quel film pouvait se dérouler dans sa charmante petite tête. Nous nous installâmes finalement dans une nacelle, assis l’un à côté de l’autre. Nous avions l’air si complices, si proches qu’on aurait aisément pu nous prendre pour un couple, sauf que nous n’en étions pas un. J’avais eu envie de la serrer dans mes bras, comme je le faisais tout le temps quand elle est triste. Mais je n’en fis rien, sa voix cristalline et légère venait de formuler quelques mots magiques, relatant un souvenir qui nous était cher. « Tu te souviens ? On avait quoi... neuf et dix ans? Nos parents nous y avaient emmenés, une matinée d’été. » Dix ans. La belle époque. Celle où tout allait encore relativement bien. Où nous n’avions pas encore conscience de l’ampleur de nos problèmes, encore un peu protégés par l’insouciance de l’enfance. « On était montés et je crois bien qu’on s’engueulait. Et puis quand on était arrivés au sommet, tu m’avais dit de me taire. Tu avais pris ton air pensif et tu m’avais dit que c’était juste…magique. Et que ça donnait l’impression qu’on pouvait souhaiter ce qu’on voulait, et que notre souhait se réalisera. » j’en avais de l’espoir à revendre, quand j’avais dix ans. J’avais l’impression d’être invincible, que rien ne pouvait m’arriver, que tout était possible. Bien entendu, avec le recul, on comprenait qu’une grande-roue n’avait rien de magique, pas autant que les étoiles filantes ou les aurores boréales, mais quand on est un enfant, un rien suffisait à nous émerveiller. Un sourire vint bientôt ourler mes lèvres, tandis que je me rappelais. Remerciant intérieurement Ekstasy de m’avoir rappelé ce souvenir. « Je t’avais répondu que j’avais fait un vœu. Tu m’avais demandé ce que c’était et pour toute réponse, je t’avais.. embrassé. » Je souriais franchement à présent, un éclat semblait s’être rallumé dans mes prunelles ambrées qui pourtant s’étaient définitivement éteintes.
Je l’aimais tellement quand elle était petite, et je l’aimais encore. Elle était sans nul doute l’une des rares personnes à pouvoir se targuer d’avoir mon amour total et inconditionnel. Nous avions grandi depuis. Parfois je me surprenais à la désirer, mais je me refusais toujours de céder à mes pulsions, parce que ce ne serait pas bien. Peut-être même malsain. Je n’avais pas envie d’ajouter ma sœur de cœur à un tableau de chasse que trop garni, quand bien même elle aurait été mon amour d’enfance, mon amoureuse de petit garçon. Ma princesse, comme j’aimais l’appeler. Ma princesse qui avait bien grandi, qui avait connu bien des désillusions, qui avait eu le cœur brisé et pas de prince pour la consoler. Les princes en armures blanches n’existaient que dans nos histoires, ma belle, la réalité était malheureusement toute autre. Et quand parfois elle devenait insoutenable, on gardait tout de même le droit de rêver. De s’offrir quelques instants de bonheur avant qu’ils ne se dissipent dans le néant. « Fais un vœu. » je soupirai légèrement. Il y avait tant de choses que je souhaitais. Qui me concernaient moi, qui la concernaient elle. Je voulais que Sarah s’en sorte, qu’elle puisse rester avec sa fille. Je voulais que son père prenne soin d’elle si Sarah venait à décéder. Je voulais simplement qu’elle soit heureuse. Et quand mon souhait devenait d’aventure purement égoïste, je voulais guérir, je voulais continuer à la voir grandir, à la voir vieillir. Je voulais qu’on soit ensemble, maintenant ou à jamais, que l’on partage les menues expériences de la vie. Pouvoir continuer à en discuter encore et encore, jusqu’à parfois quatre heures du matin, parfois même dix ans après. Rire de nos déboires, des catastrophes que nous avions pu créer. De nos mésaventures. Relativiser nos échecs, se rappeler à quel point à vingt ans on pouvait être cons. Alors, je pris sa main dans la mienne, pour la serrer fort, comme pour sceller la promesse tacite que je venais de lui faire. « C’est bon. » finis-je par murmurer d’une voix rendue rauque par l’émotion. « Et tu sais quoi? » Je fus légèrement tendu tandis que je prononçais ces quelques mots. Je la fixais désormais avec intensité. « Je sais que si on révèle le vœu qu’on vient de faire, la légende dit qu’il ne se réalisera pas… » Je laissai planer volontairement le suspense, le temps de remettre de l’ordre dans mes idées chaotiques. « Mais.. » Mon souffle se faisait court. L’émotion me submergeait peu à peu. Mon cœur, lui, battait à tout rompre. « Mais c’est quelque chose qui me tient à cœur, princesse. Je veux que quoiqu’il arrive, nous serons ensemble. Tu te souviens, la promesse que je t’ai faite quand nous avions cinq ans? Quand tu étais venue à l’hôpital parce que j’y étais en consultation et que tu t’inquiétais pour moi? Quand tu as su après que j’étais malade et que je risquais de mourir jeune? » Ma voix s’éteignit sur ces derniers mots tant l’émotion m’étreignait la gorge. « Je t’ai promis que je serai toujours là, quoiqu’il arrive. » Mes prunelles ambrées étaient toujours rivées dans ses yeux clairs, ce regard qui petit me faisait fondre. « Cette promesse valait quand nous avions cinq ans. Elle vaut encore maintenant et elle vaudra toujours dans dix ans. C’est ça mon vœu, Ekstasy, c’est d’avoir le temps. » Et ce temps, je craignais de ne pas l’avoir. Un sourire osa s’épanouir sur mes lèvres tandis que je repassais le film de notre premier baiser. Un baiser d’enfant, chaste et innocent, loin de ceux que l’on se faisait une fois grands. J’avais eu envie de l’embrasser à mon tour, comme pour boucler la boucle, mais je ne pouvais pas, je n’avais pas le droit. Alors, mon regard quitta le visage de la belle pour se fixer dans la brume du paysage londonien. Dehors, quelques flocons de neige venaient de faire leur apparition.
Je l’aimais tellement quand elle était petite, et je l’aimais encore. Elle était sans nul doute l’une des rares personnes à pouvoir se targuer d’avoir mon amour total et inconditionnel. Nous avions grandi depuis. Parfois je me surprenais à la désirer, mais je me refusais toujours de céder à mes pulsions, parce que ce ne serait pas bien. Peut-être même malsain. Je n’avais pas envie d’ajouter ma sœur de cœur à un tableau de chasse que trop garni, quand bien même elle aurait été mon amour d’enfance, mon amoureuse de petit garçon. Ma princesse, comme j’aimais l’appeler. Ma princesse qui avait bien grandi, qui avait connu bien des désillusions, qui avait eu le cœur brisé et pas de prince pour la consoler. Les princes en armures blanches n’existaient que dans nos histoires, ma belle, la réalité était malheureusement toute autre. Et quand parfois elle devenait insoutenable, on gardait tout de même le droit de rêver. De s’offrir quelques instants de bonheur avant qu’ils ne se dissipent dans le néant. « Fais un vœu. » je soupirai légèrement. Il y avait tant de choses que je souhaitais. Qui me concernaient moi, qui la concernaient elle. Je voulais que Sarah s’en sorte, qu’elle puisse rester avec sa fille. Je voulais que son père prenne soin d’elle si Sarah venait à décéder. Je voulais simplement qu’elle soit heureuse. Et quand mon souhait devenait d’aventure purement égoïste, je voulais guérir, je voulais continuer à la voir grandir, à la voir vieillir. Je voulais qu’on soit ensemble, maintenant ou à jamais, que l’on partage les menues expériences de la vie. Pouvoir continuer à en discuter encore et encore, jusqu’à parfois quatre heures du matin, parfois même dix ans après. Rire de nos déboires, des catastrophes que nous avions pu créer. De nos mésaventures. Relativiser nos échecs, se rappeler à quel point à vingt ans on pouvait être cons. Alors, je pris sa main dans la mienne, pour la serrer fort, comme pour sceller la promesse tacite que je venais de lui faire. « C’est bon. » finis-je par murmurer d’une voix rendue rauque par l’émotion. « Et tu sais quoi? » Je fus légèrement tendu tandis que je prononçais ces quelques mots. Je la fixais désormais avec intensité. « Je sais que si on révèle le vœu qu’on vient de faire, la légende dit qu’il ne se réalisera pas… » Je laissai planer volontairement le suspense, le temps de remettre de l’ordre dans mes idées chaotiques. « Mais.. » Mon souffle se faisait court. L’émotion me submergeait peu à peu. Mon cœur, lui, battait à tout rompre. « Mais c’est quelque chose qui me tient à cœur, princesse. Je veux que quoiqu’il arrive, nous serons ensemble. Tu te souviens, la promesse que je t’ai faite quand nous avions cinq ans? Quand tu étais venue à l’hôpital parce que j’y étais en consultation et que tu t’inquiétais pour moi? Quand tu as su après que j’étais malade et que je risquais de mourir jeune? » Ma voix s’éteignit sur ces derniers mots tant l’émotion m’étreignait la gorge. « Je t’ai promis que je serai toujours là, quoiqu’il arrive. » Mes prunelles ambrées étaient toujours rivées dans ses yeux clairs, ce regard qui petit me faisait fondre. « Cette promesse valait quand nous avions cinq ans. Elle vaut encore maintenant et elle vaudra toujours dans dix ans. C’est ça mon vœu, Ekstasy, c’est d’avoir le temps. » Et ce temps, je craignais de ne pas l’avoir. Un sourire osa s’épanouir sur mes lèvres tandis que je repassais le film de notre premier baiser. Un baiser d’enfant, chaste et innocent, loin de ceux que l’on se faisait une fois grands. J’avais eu envie de l’embrasser à mon tour, comme pour boucler la boucle, mais je ne pouvais pas, je n’avais pas le droit. Alors, mon regard quitta le visage de la belle pour se fixer dans la brume du paysage londonien. Dehors, quelques flocons de neige venaient de faire leur apparition.
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Re: I'm tired. I'm afraid. I need you.
Ven 24 Déc 2010 - 14:56
Je profitais un maximum de ce genre de moments où la vie semblait belle. Je profitais du sentiment de bien-être qui enveloppait mon cœur d’un doux voile de réconfort, lorsque j’étais avec Aldéric. Je profitais, parce que ça faisait partie des rares moments où j’étais heureuse. Je savais que je n'étais absolument pas patiente mais je ne faisais qu’attendre, calmement. J’attendais que tout disparaisse. Parce que tout allait disparaître un jour ou l’autre, ce n’était pas possible autrement : à chaque fois qu’il y avait quelque chose de bien, la vie me l’enlevait. Elle ne m’aimait pas, mais au final, je me demandais si elle n’essayait pas de m’aider à achever ce que j’avais commencé ; ma propre destruction. La destruction que je menais depuis déjà quatre ans, depuis le premier jour où j’ai touché aux drogues et où je me suis condamnée à être comme je suis maintenant : Quelqu’un qui a beau hurlé, quelqu’un qui a beau pleuré mais qui voit que rien ne se passe, rien ne s’améliore. Quelqu’un d’impuissant, quelqu’un de las. Quelqu’un qui n’a plus qu’à attendre que la vie lui enlève ses dernières ressources d’oxygène. « Je sais que si on révèle le vœu qu’on vient de faire, la légende dit qu’il ne se réalisera pas… Mais… Mais c’est quelque chose qui me tient à cœur, princesse. Je veux que quoiqu’il arrive, nous serons ensemble. Tu te souviens, la promesse que je t’ai faite quand nous avions cinq ans? Quand tu étais venue à l’hôpital parce que j’y étais en consultation et que tu t’inquiétais pour moi? Quand tu as su après que j’étais malade et que je risquais de mourir jeune? » Aussitôt qu’il avait prononcé ces derniers mots, ma gorge se serra. On ne parlait jamais de ça, lui et moi. Je ne voulais pas le croire, c’était simplement trop dur... « Je t’ai promis que je serai toujours là, quoiqu’il arrive. Cette promesse valait quand nous avions cinq ans. Elle vaut encore maintenant et elle vaudra toujours dans dix ans. C’est ça mon vœu, Ekstasy, c’est d’avoir le temps. » Je me mordis la lèvre inférieure pour m’empêcher de sangloter, et, même si c’était dur, continuai de fixer les yeux chocolats de mon ami. Ses yeux avaient toujours su m’apaiser, et cela depuis que j’avais cinq ans, depuis que je connaissais Aldéric. Il était sans aucun doute le plus beau cadeau que mon père m’ait fait. « Ce… » Les mots qui devaient suivre restèrent coincés dans ma gorge. Ce que tu me dis, c’est horriblement triste mais c’est si beau... Tu auras le temps, Aldéric, tu dois l’avoir puisque je ne vois pas ma putain de vie sans toi. Tu dois l’avoir parce que, jusqu’à présent, j’ai tout perdu. Tu dois l’avoir parce que tu as encore beaucoup de choses à faire, que ton chemin ne s’arrête pas là… Voilà ce que j’avais envie de lui dire, j’avais aussi envie de le serrer dans mes bras et d’humer le délectable parfum au creux de son cou. Mais je n’en fis rien, je continuai seulement de le regarder, mes yeux voilés tristement. Je serais prête à tuer pour lui comme je serais prête à mourir. J’en avais assez de ce jeu qu’entretenaient la vie et la mort avec nous, pauvres et impuissants êtres humains. Ce n’était pas juste, rien de tout ça n’était juste. « Je t’aime, Aldéric Isaiah Van Achtoven. Je t'aime, d'accord ? » Ma voix tremblait lorsque je le lui dis, mais je ne pus empêcher le rire nerveux qui franchit mes lèvres. C’était comme ça, lorsqu’une atmosphère me pesait trop, j’étais obligée de rire. Oh oui, je l’aimais, je l’aimais comme un frère ; après toutes ces années, après tout ce qu'on avait affronté, ensemble, il faisait partie de ma vie comme de mon être. Je n’étais jamais totalement heureuse lorsqu’il n’était pas à mes côtés, comme s’il me manquait quelque chose… Quelque chose d’essentiel. Les gens autour de nous n’arrêtaient pas de nous jeter quelques furtifs regards ce qui accentua mon rire. En voilà qui avaient plus été intéressé par notre discussion que par la vue que l’on avait du haut du London Eye.
Je reportai ensuite toute mon attention sur le beau blond aux yeux marrons qui était à mes côtés, et la réalité me rattrapa en une fraction de seconde, si vite que je crus recevoir une gifle. Non, je ne veux pas que tu partes Aldéric. Je veux pas, je veux pas, je veux pas, je veux pas, je… je veux pas. Il ne pouvait pas mourir, pas lui. J’attrapai doucement sa main et mêlai mes doigts aux siens.
FLASH BACK
« Maman ? Pourquoi je viens avec vous voir vos amis ? Je vais m’ennuyer, moi… »
Mon visage poupon de gamine de cinq ans faisait la moue tandis que ma mère se retournait sur son siège pour m’adresser un franc sourire.
« Patrick, l’ami de papa, a un fils qui a presque ton âge, tu vas pouvoir te faire un ami comme ça. »
Je croisai les bras, boudeuse.
« J’ai déjà des amis. »
« Stasy, sois mignonne s’il te plaît. »
Elle me lança un regard désapprobateur avant de reporter son attention sur mon père qui se garait devant un bistrot. On sortit de la voiture et alors que je traînais des pieds derrière mes parents, je le vis. Il était blond comme les blés et possédait un visage aux traits si délicats que je ne pus m’empêcher de le comparer immédiatement à un ange.
« Stasy, viens dire bonjour à Aldéric. »
Je m’avançai cette fois-ci rapidement pour déposer un baiser sur la joue du jeune garçon.
« B-bonjour… »
FLASH BACK OVER.
« Maman ? Pourquoi je viens avec vous voir vos amis ? Je vais m’ennuyer, moi… »
Mon visage poupon de gamine de cinq ans faisait la moue tandis que ma mère se retournait sur son siège pour m’adresser un franc sourire.
« Patrick, l’ami de papa, a un fils qui a presque ton âge, tu vas pouvoir te faire un ami comme ça. »
Je croisai les bras, boudeuse.
« J’ai déjà des amis. »
« Stasy, sois mignonne s’il te plaît. »
Elle me lança un regard désapprobateur avant de reporter son attention sur mon père qui se garait devant un bistrot. On sortit de la voiture et alors que je traînais des pieds derrière mes parents, je le vis. Il était blond comme les blés et possédait un visage aux traits si délicats que je ne pus m’empêcher de le comparer immédiatement à un ange.
« Stasy, viens dire bonjour à Aldéric. »
Je m’avançai cette fois-ci rapidement pour déposer un baiser sur la joue du jeune garçon.
« B-bonjour… »
FLASH BACK OVER.
Finalement, Je crois aux coups de foudre. Dans les films cela sembla ridicule et improbable mais j’y crois parce que j’avais eu le coup de foudre pour Aldéric. Je l'avais aimé dès le premier regard.
Alors que nous dûmes sortir de la grande roue pour laisser la place à d’autres personnes qui allaient ou non, en profiter pleinement, je ne lâchai pas la main du Wright. Marchant côte à côte, mes yeux étaient cette fois-ci plantés droit devant moi. « Si je venais à mourir prématurément, Aldéric, je voudrais que ce soit toi qui me tienne la main sur mon lit de mort. » Parce que c’est toi. C’est toi qui m’as fait naître, une nouvelle fois. C’est toi, Aldéric, à qui je donnerais volontiers mon dernier souffle. « Et… » Ma voix tremblait malgré tous les efforts que je faisais pour qu’elle soit suffisamment claire pour être compréhensible. « Et si c’était toi qui… si c’était toi, je serai là. » Même si je suis quelqu’un de faible qui n’arrive pas à affronter la perte. Même si je suis quelqu’un d’impatient qui passe pourtant sa vie à attendre. « Parce qu’on se l’est jurés… que toi et moi, ce sera jusqu’à la fin. » Mais la fin, Aldéric, c’est la mort. Continuer à vivre dans les cœurs et dans les souvenirs, c’est bien beau, mais crois-moi, ça n’accentue qu’encore plus le manque… Notre fin, Aldéric, sera la tienne ou la mienne et c’est pour cela qu’on doit se battre tous les deux… à la fois pour sauver notre propre peau mais aussi pour sauver celle de l’autre.
Ma mère était à l’hôpital en train d’agoniser mais ça ne me suffisait pas, je parlais de choses morbides avec Aldéric. Ce qu’il nous fallait, c’était penser à autre chose mais on n’y arrivait jamais bien longtemps. J'eus un sourire ironique ; je le savais bien, que tout était éphémère. « A ton tour. Emmène moi rêver. »
- InvitéInvité
Re: I'm tired. I'm afraid. I need you.
Sam 25 Déc 2010 - 16:58
Je n‘aime pas le vide. J‘ai l’impression qu’à chaque instant il va m’aspirer, provoquant la chute mortelle. Mon angoisse était à fleur de peau, et pourtant je tâchais d’en réprimer les premiers symptômes du mieux que je puis, m’efforçant de ne pas penser que les maisons qui s’étalaient sous nos pieds n’étaient pas plus grandes que des boîtes d’allumettes. Les prunelles claires de mon amie me permettaient de penser à toute autre chose qu’à cette phobie qui m’avait pris du jour au lendemain. Elle semblait désemparée suite à ma douloureuse confession, mais je me sentais libéré de ce poids. J’avais ressenti le besoin de m’exprimer sur ce sujet pourtant tabou, comme si ma mort prochaine n’était qu’une formalité. « Ce… » Mon sourcil interrogateur s’arque alors. Elle s’apprêtait à dire quelque chose mais se décida finalement à dire toute autre chose. « Je t’aime, Aldéric Isaiah Van Achtoven. Je t'aime, d'accord ? » Je souris tristement. Je l’aimais aussi, lui avais-je seulement déjà dit? Probablement pas. J’étais lâche. J’étais incapable de dire aux gens que j’aime combien ils pouvaient compter pour moi. Et si d’aventure je me décidais, il était trop tard. Je les avais déjà perdus et il n’y avait de place que pour les regrets. « Si je venais à mourir prématurément, Aldéric, je voudrais que ce soit toi qui me tienne la main sur mon lit de mort. » C ’était injuste. La vie était injuste. C’étaient toujours les mêmes qui souffraient. Quand la vie avait choisi ses têtes de turc, elle les gardait jusqu’à la fin. Jusqu’à ce que mort s’ensuive. Il y avait tant de gens autour de nous. Autant d’imbéciles heureux, qui ont toujours vécu dans l’insouciance et qui s’éteindront avec. Je me demandais combien d’âmes meurtries il y avait autour de nous. J’aurais pu les envier mais non. Cela aurait été malvenu de ma part. On avait le droit de ne pas être heureux, mais surtout pas de souhaiter du malheur aux autres. Même la pourriture de la pire espèce n’avait pas le droit de connaître la vie telle que nous la connaissions. « Et…Et si c’était toi qui… si c’était toi, je serai là. » J’hochai la tête, vigoureusement. Nous avions tous peur du temps qui passe. Simplement parce qu’aucun de nous ne savait ce qui nous attendait après. J’avais peur, moi aussi. J’essayais de ne pas trop y penser. Parce que si je laissais ces idées délétères me gagner, je me laisserais complètement abattre au point de ne plus rien faire. Je serais mort prématurément. Incapable de profiter du temps qu’il me reste comme il se doit. « Parce qu’on se l’est jurés… que toi et moi, ce sera jusqu’à la fin. » Jusqu‘à la fin, oui. Et même au-delà. Moi aussi j‘avais peur de la perdre. Elle était tellement fragile, tellement vulnérable. Le train de vie qu’elle menait n’allait pas de pair avec sa force mentale. Un jour, elle finirait par lâcher prise et sombrer définitivement. Je ne voulais pas que cela arrive. Je m’étais juré de la protéger jusqu’au bout, j’honorerai cette mission que je m’étais arrogée jusqu’au bout, quoiqu’il m’en coûte. « A ton tour. Emmène moi rêver. » Je soupire, légèrement amer. Mais peut-être que j’avais finalement une idée, laquelle me fait légèrement sourire. Sans lâcher la main de la Wright, je nous entraîne à l’abri des regards, pour que nous puissions transplaner en toute discrétion.
L’abbaye de Westminster. Une église. Je n’aimais pas les églises. Je n’étais pas croyant de toute manière. Et ma présence en ces lieux avait un léger parfum de scandale. Une mamie frêle et rachitique sursaute tandis que nous passions à côté d’elle, tout en me jetant un regard noir. Ses yeux chafouins manquaient de sortir de leurs orbites tandis qu’elle voyait les tatouages qui dépassaient de mes manches relevées. Manches que je m’empresse d’abaisser parce qu’il faisait froid. Ce silence, invitant au recueillement, me mettait mal à l’aise. Nous finissons par nous asseoir au beau milieu d’une volée de chaises inconfortables et grinçantes. Mes prunelles ambrées se posent tour à tour sur un vitrail et sur le visage de mon amie. J’étais songeur. « Tu te rappelles de cet endroit? Je crois bien qu’on y étais venus une fois pour y célébrer le mariage de je ne sais quelle cousine éloignée. Toi et moi on s’ennuyait à mourir. » Le seul mariage auquel j’ai assisté dans ma vie. Les deux heures de messe avaient été un pur supplice. À la fin, je ne tenais plus en place. « Et après, il y a eu la réception. La valse des mariées. La robe d’Elizabeth te faisait rêver, tu voulais la même quand tu serais plus grande. Tu voulais aller danser mais moi je ne voulais pas parce que je n’aimais pas ça, et de toute manière je ne savais pas danser. Heureusement que tu as fini par insister, car je crois bien qu’à cette heure ci j’aurais pris racine. » Je me souviens d’avoir rougi tandis qu’elle avait passé son bras frêle autour de ma taille. Pour faire comme les grands. Je me souviens de son sourire radieux, alors que je n’avais pas du tout envie de rire. Bien au contraire, je voulais que ce moment s’abrège le plus tôt possible. « On avait quoi…Six, sept ans. On était encore plus jeunes que l’épisode du London Eye. On ne se connaissait pas depuis bien longtemps, mais c’était tout comme, nous étions toujours fourrés ensemble avec Elliot, à faire des bêtises. » Elliot n’était pas là ce jour là. Nous pensions nous ennuyer sans lui. Et jusqu’alors, cela avait été le cas. Parfois, l’envie nous avait prise de nous rouler par terre tout en suppliant nos parents de rentrer à la maison parce que deux heures de route s’ensuivaient. Heureusement, nous n’en fîmes rien. « Tu voulais faire comme les grands, alors je me suis retrouvé avec une princesse toute contente et toute fière entre les bras. Tu étais déterminée à me faire danser et je n’étais pas très coopératif, c’est le moins qu’on puisse dire. » Elle râlait. Elle boudait, une fossette creusait sa joue. Comment je pouvais résister à ça, moi? « Après quelques laborieux efforts, nous avons réussi à tournoyer légèrement sur nous-mêmes. Et puis Elizabeth a embrassé son mari tout neuf. Toi, tu t’es hissée sur la pointe des pieds et tu m’as fait un bisou. Je crois que c’est celui là que maman a immortalisé. » Le tout premier. À l’époque je ne me serais jamais douté qu’il ait pu y en avoir un deuxième. J’étais encore dans ma période où je clamais haut et fort que les filles, c'est nul. « Ce n’était pas le pire cependant. Parce qu’après, tu es allée voir Maman, et tout sourire tu lui as demandé si quand tu seras grande, tu auras le droit de te marier avec moi. Tu lui as carrément demandé l’autorisation pour pouvoir m’épouser. » Un sourire moqueur étira mes lèvres tandis que je revoyais Ekstasy, âgée d’à peine six ans demander à ma mère la permission pour m’épouser. Je me souvenais aussi de mon expression déconfite et blasée. Déjà, à l’époque, le mot mariage me faisait frémir. Je me tournai finalement vers elle, avant de reprendre, très sérieux. « Tu sais, si je n’avais pas été allergique à ce mot et si les choses avait évolué différemment…Je pense que je n’aurais pas été contre. » Sous le ton apparemment plaisantin de ma voix se cachait cependant une vérité. Tout nous prédestinait pourtant à finir ensemble. Tout le monde l’avait dit, à Poudlard. Autour de nous, même. Pourtant, il n’en était rien. Nous nous étions toujours refusés à franchir la limite que nous nous étions imposée, ne serait-ce que pour préserver cette relation qui était tellement précieuse pour l’un comme pour l’autre.
L’abbaye de Westminster. Une église. Je n’aimais pas les églises. Je n’étais pas croyant de toute manière. Et ma présence en ces lieux avait un léger parfum de scandale. Une mamie frêle et rachitique sursaute tandis que nous passions à côté d’elle, tout en me jetant un regard noir. Ses yeux chafouins manquaient de sortir de leurs orbites tandis qu’elle voyait les tatouages qui dépassaient de mes manches relevées. Manches que je m’empresse d’abaisser parce qu’il faisait froid. Ce silence, invitant au recueillement, me mettait mal à l’aise. Nous finissons par nous asseoir au beau milieu d’une volée de chaises inconfortables et grinçantes. Mes prunelles ambrées se posent tour à tour sur un vitrail et sur le visage de mon amie. J’étais songeur. « Tu te rappelles de cet endroit? Je crois bien qu’on y étais venus une fois pour y célébrer le mariage de je ne sais quelle cousine éloignée. Toi et moi on s’ennuyait à mourir. » Le seul mariage auquel j’ai assisté dans ma vie. Les deux heures de messe avaient été un pur supplice. À la fin, je ne tenais plus en place. « Et après, il y a eu la réception. La valse des mariées. La robe d’Elizabeth te faisait rêver, tu voulais la même quand tu serais plus grande. Tu voulais aller danser mais moi je ne voulais pas parce que je n’aimais pas ça, et de toute manière je ne savais pas danser. Heureusement que tu as fini par insister, car je crois bien qu’à cette heure ci j’aurais pris racine. » Je me souviens d’avoir rougi tandis qu’elle avait passé son bras frêle autour de ma taille. Pour faire comme les grands. Je me souviens de son sourire radieux, alors que je n’avais pas du tout envie de rire. Bien au contraire, je voulais que ce moment s’abrège le plus tôt possible. « On avait quoi…Six, sept ans. On était encore plus jeunes que l’épisode du London Eye. On ne se connaissait pas depuis bien longtemps, mais c’était tout comme, nous étions toujours fourrés ensemble avec Elliot, à faire des bêtises. » Elliot n’était pas là ce jour là. Nous pensions nous ennuyer sans lui. Et jusqu’alors, cela avait été le cas. Parfois, l’envie nous avait prise de nous rouler par terre tout en suppliant nos parents de rentrer à la maison parce que deux heures de route s’ensuivaient. Heureusement, nous n’en fîmes rien. « Tu voulais faire comme les grands, alors je me suis retrouvé avec une princesse toute contente et toute fière entre les bras. Tu étais déterminée à me faire danser et je n’étais pas très coopératif, c’est le moins qu’on puisse dire. » Elle râlait. Elle boudait, une fossette creusait sa joue. Comment je pouvais résister à ça, moi? « Après quelques laborieux efforts, nous avons réussi à tournoyer légèrement sur nous-mêmes. Et puis Elizabeth a embrassé son mari tout neuf. Toi, tu t’es hissée sur la pointe des pieds et tu m’as fait un bisou. Je crois que c’est celui là que maman a immortalisé. » Le tout premier. À l’époque je ne me serais jamais douté qu’il ait pu y en avoir un deuxième. J’étais encore dans ma période où je clamais haut et fort que les filles, c'est nul. « Ce n’était pas le pire cependant. Parce qu’après, tu es allée voir Maman, et tout sourire tu lui as demandé si quand tu seras grande, tu auras le droit de te marier avec moi. Tu lui as carrément demandé l’autorisation pour pouvoir m’épouser. » Un sourire moqueur étira mes lèvres tandis que je revoyais Ekstasy, âgée d’à peine six ans demander à ma mère la permission pour m’épouser. Je me souvenais aussi de mon expression déconfite et blasée. Déjà, à l’époque, le mot mariage me faisait frémir. Je me tournai finalement vers elle, avant de reprendre, très sérieux. « Tu sais, si je n’avais pas été allergique à ce mot et si les choses avait évolué différemment…Je pense que je n’aurais pas été contre. » Sous le ton apparemment plaisantin de ma voix se cachait cependant une vérité. Tout nous prédestinait pourtant à finir ensemble. Tout le monde l’avait dit, à Poudlard. Autour de nous, même. Pourtant, il n’en était rien. Nous nous étions toujours refusés à franchir la limite que nous nous étions imposée, ne serait-ce que pour préserver cette relation qui était tellement précieuse pour l’un comme pour l’autre.
- InvitéInvité
Re: I'm tired. I'm afraid. I need you.
Ven 21 Jan 2011 - 18:06
Ça ressemblait au bonheur. Les instants avec Aldéric ressemblaient à ce qu’on voulait tous éprouver ; le bonheur. Le but suprême. But qui paraissait parfois à proximité de nos fragiles petites mains d’humains, avant de s’envoler bien trop haut la minute d’après. Entrant dans une abbaye, je fronçai les sourcils. Cet endroit ressemblait à toute autre église mais pourtant, il était spécial. Je souris, me rappelant que nous n’étions pas dans n’importe quelle abbaye, mais celle de Westminster . Celle d’Elisabeth et d’Andrew. « Tu te rappelles de cet endroit? Je crois bien qu’on y étais venus une fois pour y célébrer le mariage de je ne sais quelle cousine éloignée. Toi et moi on s’ennuyait à mourir. Et après, il y a eu la réception. La valse des mariées. La robe d’Elizabeth te faisait rêver, tu voulais la même quand tu serais plus grande. Tu voulais aller danser mais moi je ne voulais pas parce que je n’aimais pas ça, et de toute manière je ne savais pas danser. Heureusement que tu as fini par insister, car je crois bien qu’à cette heure ci j’aurais pris racine. » Les paroles Aldéric avaient réussi à refaire revenir l’étincelle de malice dans mes yeux clairs. Cette même étincelle, que j’avais sans aucun doute eu au centre de mes pupilles, quand j’avais osé inviter Aldéric à danser, lorsque nous étions enfants.
« On avait quoi…Six, sept ans. On était encore plus jeunes que l’épisode du London Eye. On ne se connaissait pas depuis bien longtemps, mais c’était tout comme, nous étions toujours fourrés ensemble avec Elliot, à faire des bêtises. » Elliot, Aldéric, Ekstasy. Le trio infernal, les trois mousquetaires. Ils étaient mes acolytes, mes meilleurs amis. On se voyait trop peu souvent mais à chaque fois que l’on passait du temps ensemble, c’était magique. « Tu voulais faire comme les grands, alors je me suis retrouvé avec une princesse toute contente et toute fière entre les bras. Tu étais déterminée à me faire danser et je n’étais pas très coopératif, c’est le moins qu’on puisse dire. Après quelques laborieux efforts, nous avons réussi à tournoyer légèrement sur nous-mêmes. Et puis Elizabeth a embrassé son mari tout neuf. Toi, tu t’es hissée sur la pointe des pieds et tu m’as fait un bisou. Je crois que c’est celui là que maman a immortalisé. » Les commissures de mes lèvres remontèrent en un franc sourire lorsque je me repassai ce souvenir dans ma tête. Le tout premier, un des seuls qu’il y a eu et qu’il y aura d’ailleurs. A notre âge, les baisers, l’amour, ce n’est plus du tout un jeu, ce sont des choses qu’il faut manier avec tact et savoir-faire. C’est pour cela que toute relation devient compliquée lorsqu’on grandit, tout change. « Ce n’était pas le pire cependant. Parce qu’après, tu es allée voir Maman, et tout sourire tu lui as demandé si quand tu seras grande, tu auras le droit de te marier avec moi. Tu lui as carrément demandé l’autorisation pour pouvoir m’épouser. » J’éclatai de rire, me revoyant dans ma robe de petite princesse, demandant à sa mère si elle m’accorderait la main de son fils, dans un futur tout beau et tout parfait. Je ne voyais pas la mine blasée d’Aldéric, je ne voyais que l’Eglise encore plus grande qu’on aurait, que la robe somptueuse de Cendrillon que je porterai, que la divine pièce-montée, que les sourires que les gens auraient eulorsque je m’avancerai vers Aldéric, que les yeux humides de Maman qui m’auraient regardée avec tout son amour, que le bras de Papa, qui serait sobre et sain, et qui m’aurait conduite jusqu’à l’autel. Le mariage de mes rêves. Du moins jusqu’à quelques années, où, désolée de voir la tournure que pouvaient prendre les événements et les violentes disputes que pouvaient avoir des gens qui s'étaient aimés, je m’étais promis de ne jamais me marier. J’avais enfoui ce rêve tout au fond de moi, si bien, qu’avec le temps, il avait fini par disparaître. Complètement. Je crois. « Tu sais, si je n’avais pas été allergique à ce mot et si les choses avait évolué différemment…Je pense que je n’aurais pas été contre. » Mes yeux clairs se posèrent sur Aldéric, je ne souriais plus. Je réfléchissais, à la vie qu’on aurait pu avoir, côte à côte, si on avait pris d’autres tournants, si on n’avait pas fait les mêmes erreurs. Une vie simple, un amour qui ne serait jamais éteint. Comme dans mes rêves d’enfant. Un sourire sarcastique apparut sur mes lèvres ; au fond, j’étais utopiste, même si je le reniais de toutes mes forces, si bien que ça ne se remarquait pas. « C’est vrai ? C’est dommage alors, parce que c’est à cause de toi, c’est à cause de l’enthousiasme que tu m’avais montré, que j’ai abandonné l’idée de ce mariage. Que j’ai abandonné toute idée de mariage. » Je souris, et marquai une pause en regardant les rosaces dessinées sur cette église que je trouvais magnifique, moi qui n’étais pourtant pas une fervente admiratrice de tout ceci. « Et si j’avais su qu’un jour tu me dirais que tu n’aurais finalement pas été contre un mariage… je pense que j’aurais agis différemment. » Je n’aurais peut-être pas abandonné mon rêve de gamine. Maman disait toujours qu’Aldéric et moi, on finirait ensemble. Ce n’était pas la seule, la mère d’Aldéric le disait aussi. Tout notre entourage commun, en fait. Maman m’avait même dit, le jour où j’avais appris qu’elle était malade et qu’elle ne s’en sortirait sûrement pas, qu’il ne fallait que je ne fasse rien qui pourrait nuire à cette amitié. Qu’il devienne mon époux où qu’il reste mon ami, il fallait que je prenne soin de notre relation. Que je prenne soin de lui, pour que lui aussi, continue de prendre soin de moi.
« J’aurais peut-être tout fait pour que le futur que je m’imaginais devienne réalité. »
Je souris et lui fis un clin d’œil, avant de sentir mon portable vibrer dans ma poche de jean. Je fronçai les sourcils lorsque je constatai que le numéro qui s’affichait sur l’écran était celui de mon père et répondis presqu’aussitôt ; il ne m’appelait jamais, il devait donc avoir une bonne raison de le faire là…maintenant. « Oui ? »
Les paroles de mon père étaient étonnamment claires, malgré l’alcool qu’il avait du boire. Je n’eus aucun mal à comprendre ce qu’il voulait dire… Maman avait eu une attaque. Maman n’avait même pas pu attendre l’opération qui lui donnait 5 % de chances de survie. Maman était morte. Tout ce qui suivit passa à une vitesse effrayante, rompant sans ménagement la bulle dans laquelle j’étais depuis qu’Aldéric m’avait emmenée loin de mes problèmes.
Ensuite, plus rien, ou presque ; Je ne me souviens que de l’interrogation qui marquait le visage d’Aldéric, que de ma main, tremblante, qui n’avait pas su ranger mon portable dans sa poche, que de mon rythme cardiaque qui était tellement rapide que j’étais certaine que mon cœur sortirait de ma poitrine, et que du visage de ma mère, la dernière fois que je l’avais vue.
« On avait quoi…Six, sept ans. On était encore plus jeunes que l’épisode du London Eye. On ne se connaissait pas depuis bien longtemps, mais c’était tout comme, nous étions toujours fourrés ensemble avec Elliot, à faire des bêtises. » Elliot, Aldéric, Ekstasy. Le trio infernal, les trois mousquetaires. Ils étaient mes acolytes, mes meilleurs amis. On se voyait trop peu souvent mais à chaque fois que l’on passait du temps ensemble, c’était magique. « Tu voulais faire comme les grands, alors je me suis retrouvé avec une princesse toute contente et toute fière entre les bras. Tu étais déterminée à me faire danser et je n’étais pas très coopératif, c’est le moins qu’on puisse dire. Après quelques laborieux efforts, nous avons réussi à tournoyer légèrement sur nous-mêmes. Et puis Elizabeth a embrassé son mari tout neuf. Toi, tu t’es hissée sur la pointe des pieds et tu m’as fait un bisou. Je crois que c’est celui là que maman a immortalisé. » Les commissures de mes lèvres remontèrent en un franc sourire lorsque je me repassai ce souvenir dans ma tête. Le tout premier, un des seuls qu’il y a eu et qu’il y aura d’ailleurs. A notre âge, les baisers, l’amour, ce n’est plus du tout un jeu, ce sont des choses qu’il faut manier avec tact et savoir-faire. C’est pour cela que toute relation devient compliquée lorsqu’on grandit, tout change. « Ce n’était pas le pire cependant. Parce qu’après, tu es allée voir Maman, et tout sourire tu lui as demandé si quand tu seras grande, tu auras le droit de te marier avec moi. Tu lui as carrément demandé l’autorisation pour pouvoir m’épouser. » J’éclatai de rire, me revoyant dans ma robe de petite princesse, demandant à sa mère si elle m’accorderait la main de son fils, dans un futur tout beau et tout parfait. Je ne voyais pas la mine blasée d’Aldéric, je ne voyais que l’Eglise encore plus grande qu’on aurait, que la robe somptueuse de Cendrillon que je porterai, que la divine pièce-montée, que les sourires que les gens auraient eulorsque je m’avancerai vers Aldéric, que les yeux humides de Maman qui m’auraient regardée avec tout son amour, que le bras de Papa, qui serait sobre et sain, et qui m’aurait conduite jusqu’à l’autel. Le mariage de mes rêves. Du moins jusqu’à quelques années, où, désolée de voir la tournure que pouvaient prendre les événements et les violentes disputes que pouvaient avoir des gens qui s'étaient aimés, je m’étais promis de ne jamais me marier. J’avais enfoui ce rêve tout au fond de moi, si bien, qu’avec le temps, il avait fini par disparaître. Complètement. Je crois. « Tu sais, si je n’avais pas été allergique à ce mot et si les choses avait évolué différemment…Je pense que je n’aurais pas été contre. » Mes yeux clairs se posèrent sur Aldéric, je ne souriais plus. Je réfléchissais, à la vie qu’on aurait pu avoir, côte à côte, si on avait pris d’autres tournants, si on n’avait pas fait les mêmes erreurs. Une vie simple, un amour qui ne serait jamais éteint. Comme dans mes rêves d’enfant. Un sourire sarcastique apparut sur mes lèvres ; au fond, j’étais utopiste, même si je le reniais de toutes mes forces, si bien que ça ne se remarquait pas. « C’est vrai ? C’est dommage alors, parce que c’est à cause de toi, c’est à cause de l’enthousiasme que tu m’avais montré, que j’ai abandonné l’idée de ce mariage. Que j’ai abandonné toute idée de mariage. » Je souris, et marquai une pause en regardant les rosaces dessinées sur cette église que je trouvais magnifique, moi qui n’étais pourtant pas une fervente admiratrice de tout ceci. « Et si j’avais su qu’un jour tu me dirais que tu n’aurais finalement pas été contre un mariage… je pense que j’aurais agis différemment. » Je n’aurais peut-être pas abandonné mon rêve de gamine. Maman disait toujours qu’Aldéric et moi, on finirait ensemble. Ce n’était pas la seule, la mère d’Aldéric le disait aussi. Tout notre entourage commun, en fait. Maman m’avait même dit, le jour où j’avais appris qu’elle était malade et qu’elle ne s’en sortirait sûrement pas, qu’il ne fallait que je ne fasse rien qui pourrait nuire à cette amitié. Qu’il devienne mon époux où qu’il reste mon ami, il fallait que je prenne soin de notre relation. Que je prenne soin de lui, pour que lui aussi, continue de prendre soin de moi.
« J’aurais peut-être tout fait pour que le futur que je m’imaginais devienne réalité. »
Je souris et lui fis un clin d’œil, avant de sentir mon portable vibrer dans ma poche de jean. Je fronçai les sourcils lorsque je constatai que le numéro qui s’affichait sur l’écran était celui de mon père et répondis presqu’aussitôt ; il ne m’appelait jamais, il devait donc avoir une bonne raison de le faire là…maintenant. « Oui ? »
Les paroles de mon père étaient étonnamment claires, malgré l’alcool qu’il avait du boire. Je n’eus aucun mal à comprendre ce qu’il voulait dire… Maman avait eu une attaque. Maman n’avait même pas pu attendre l’opération qui lui donnait 5 % de chances de survie. Maman était morte. Tout ce qui suivit passa à une vitesse effrayante, rompant sans ménagement la bulle dans laquelle j’étais depuis qu’Aldéric m’avait emmenée loin de mes problèmes.
Ensuite, plus rien, ou presque ; Je ne me souviens que de l’interrogation qui marquait le visage d’Aldéric, que de ma main, tremblante, qui n’avait pas su ranger mon portable dans sa poche, que de mon rythme cardiaque qui était tellement rapide que j’étais certaine que mon cœur sortirait de ma poitrine, et que du visage de ma mère, la dernière fois que je l’avais vue.
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