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Entre chien et loup
Dim 3 Juin 2018 - 11:31
Il devait être aux alentours de vingt et une heures trente. Le soleil était en train de disparaître derrière l'horizon, laissant au ciel une teinte bleuâtre qui s'assombrissait davantage à chaque minute. Je venais de terminer ma ronde dans les couloirs de l'université, ayant vérifié chaque salle avant de fermer pour la nuit. Tout était en ordre et rien ne bougeait pour une fois.
Avec le retour des beaux jours les élèves désertaient les couloirs de l'université pour les pubs d'Inverness et le domaine. Il ne faisait pas encore assez chaud pour que cela se généralise, mais quelques groupes plus braves que les autres s'enhardissaient quand même à passer une partie de la soirée dehors. Mécaniquement, je devais adapter mon parcours au moment de rappeler tout ce petit monde à sa salle commune. C'était le jeu avec les élèves, mais depuis le temps je commençais à avoir l'habitude. Je connaissais tous les coins attractifs du parc, les planques et le reste, au point que ça en devenait presque ludique.
Cela dit, quand je suis arrivé au bord de l'étang ce soir là, je ne trouvais rien d'autre que des cadavres de bouteilles éparpillées dans l'herbe haute. Visiblement, les responsables de ce carnage se sont enfuis avant que j'arrive. J'ignore s'ils traînent encore dans les parages, d'ailleurs...
Ce sera à vérifier : mes sens aiguisés rendent les chasses à l'homme extraordinairement faciles, mais toujours stimulantes. Encore que, je m'en tirerais tout aussi bien avec un simple « hominum revelio »... Mais cela gâcherait tout l'intérêt de la chose, il faut bien le dire.
Dégainant ma baguette magique, je m'affaire à faire disparaître les bouteilles éparpillées autour de l'étang. Ce faisant, je m'interroge sur les raisons pour lesquelles les élèves se sont épargnés cette peine. Et je dois bien admettre que cela m'échappe un peu. Faut-il l'imputer à de l'inconscience, de la paresse, ou à l'envie d'embêter le personnel de l'Université ? A choisir, j'aimerais autant que cela soit la troisième option : ce serait un peu moins navrant et donnerait à la sanction une saveur toute particulière.
La dernière bouteille disparaît dans le néant. Je range ma baguette magique dans la poche intérieure de ma veste et dirige mon regard vers le ciel : le soleil est couché maintenant. Le ciel ressemble à une toile grise et on commence à voir apparaître les ombres de la nuit.
J'aime cette atmosphère. Ça me stimule. Je suis comme un enfant à qui on vient de donner l'autorisation d'aller jouer dehors : je me sens libre, les sens en éveil. C'est parfait.
A présent, il est l'heure de retrouver les coupables...
Avec le retour des beaux jours les élèves désertaient les couloirs de l'université pour les pubs d'Inverness et le domaine. Il ne faisait pas encore assez chaud pour que cela se généralise, mais quelques groupes plus braves que les autres s'enhardissaient quand même à passer une partie de la soirée dehors. Mécaniquement, je devais adapter mon parcours au moment de rappeler tout ce petit monde à sa salle commune. C'était le jeu avec les élèves, mais depuis le temps je commençais à avoir l'habitude. Je connaissais tous les coins attractifs du parc, les planques et le reste, au point que ça en devenait presque ludique.
Cela dit, quand je suis arrivé au bord de l'étang ce soir là, je ne trouvais rien d'autre que des cadavres de bouteilles éparpillées dans l'herbe haute. Visiblement, les responsables de ce carnage se sont enfuis avant que j'arrive. J'ignore s'ils traînent encore dans les parages, d'ailleurs...
Ce sera à vérifier : mes sens aiguisés rendent les chasses à l'homme extraordinairement faciles, mais toujours stimulantes. Encore que, je m'en tirerais tout aussi bien avec un simple « hominum revelio »... Mais cela gâcherait tout l'intérêt de la chose, il faut bien le dire.
Dégainant ma baguette magique, je m'affaire à faire disparaître les bouteilles éparpillées autour de l'étang. Ce faisant, je m'interroge sur les raisons pour lesquelles les élèves se sont épargnés cette peine. Et je dois bien admettre que cela m'échappe un peu. Faut-il l'imputer à de l'inconscience, de la paresse, ou à l'envie d'embêter le personnel de l'Université ? A choisir, j'aimerais autant que cela soit la troisième option : ce serait un peu moins navrant et donnerait à la sanction une saveur toute particulière.
La dernière bouteille disparaît dans le néant. Je range ma baguette magique dans la poche intérieure de ma veste et dirige mon regard vers le ciel : le soleil est couché maintenant. Le ciel ressemble à une toile grise et on commence à voir apparaître les ombres de la nuit.
J'aime cette atmosphère. Ça me stimule. Je suis comme un enfant à qui on vient de donner l'autorisation d'aller jouer dehors : je me sens libre, les sens en éveil. C'est parfait.
A présent, il est l'heure de retrouver les coupables...
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Re: Entre chien et loup
Mer 6 Juin 2018 - 20:55
entre chien et loup
La tombée du jour … moment où les agitations s’apaisent. Tu te promènes dans les cours et les jardins à la recherche des derniers resquilleurs. Certains souhaiteraient sûrement profiter de la nuit pour s’enjailler. Tes pas te mènent au bord de l’étang. Sa surface calme est apaisante. Mais rapidement tu aperçois au loin une silhouette et tu t’y diriges. Portant la main à ta baguette tu te prépares à jeter un sort si nécessaire. S’il s’agit d’un étudiant tu le lanceras peut-être par plaisir, quitte à prononcer de fausses excuses par la suite. Mais en t’approchant tu reconnais le concierge. Déception.
Tu l’observes un instant, il nettoie. Tu esquisse un léger sourire moqueur et tu retiens une remarque acerbe. L’entente cordiale est nécessaire pour qu’il ne vienne pas s’immiscer dans tes plans. « Bonsoir Thomas. » Lances-tu simplement, les mains toujours dans le dos et le visage froid et impassible. Ton regard s’en va vers l’autre berge de l’étang. « Belle soirée n’est-ce pas ? » Ces convenances te brûlent la gorge mais il faut rester courtois. Tu viens alors planter tes prunelles sombres dans les siennes qui luisent d’un reflet peu courant. Et alors que tu t’apprête à échanger de nouvelles banalités tu entends un frémissement un peu plus loin. « Je crois que nous avons notre coupable. » Le visage toujours imperturbable tu ressers sa poigne autour de ta baguette. Peut-être qu’un étudiant goûtera tout de même à ta magie ce soir.
Tu prends les devants. Tu te diriges vers ce fameux bruit et alors que tu lui fais dos tu laisses se dessiner sur tes lèvres un fin sourire sadique. Mais la présence de ton collègue te freine et tu effaces rapidement ce sourire si peu adapté à la vie en société. Tu dois bien penser à chacun de tes gestes, te le mettre à dos ne serait pas judicieux.
Tu l’observes un instant, il nettoie. Tu esquisse un léger sourire moqueur et tu retiens une remarque acerbe. L’entente cordiale est nécessaire pour qu’il ne vienne pas s’immiscer dans tes plans. « Bonsoir Thomas. » Lances-tu simplement, les mains toujours dans le dos et le visage froid et impassible. Ton regard s’en va vers l’autre berge de l’étang. « Belle soirée n’est-ce pas ? » Ces convenances te brûlent la gorge mais il faut rester courtois. Tu viens alors planter tes prunelles sombres dans les siennes qui luisent d’un reflet peu courant. Et alors que tu t’apprête à échanger de nouvelles banalités tu entends un frémissement un peu plus loin. « Je crois que nous avons notre coupable. » Le visage toujours imperturbable tu ressers sa poigne autour de ta baguette. Peut-être qu’un étudiant goûtera tout de même à ta magie ce soir.
Tu prends les devants. Tu te diriges vers ce fameux bruit et alors que tu lui fais dos tu laisses se dessiner sur tes lèvres un fin sourire sadique. Mais la présence de ton collègue te freine et tu effaces rapidement ce sourire si peu adapté à la vie en société. Tu dois bien penser à chacun de tes gestes, te le mettre à dos ne serait pas judicieux.
©Pando
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Re: Entre chien et loup
Jeu 7 Juin 2018 - 19:23
Les yeux encore suspendus en direction du ciel, j'entends des pas furtifs approcher. Faisant mine de n'avoir rien entendu je laisse mon regard se promener alentour. Ma gestuelle est naturelle, comme si j'ignorais que l'on était en train de m'observer. Mais rapidement, l'odeur de l'individu en question me parvient et c'est alors que je l'identifie : Deirdre. Le surveillant. J'aurais dû m'en douter.
Ma main se porte à la poche intérieure de ma veste en quête de mon paquet de cigarette. C'est alors seulement qu'il se décide à me saluer. Je fais donc volte face dans sa direction et lui adresse un regard faussement surpris, comme si je ne m'attendais pas à le voir apparaître.
« Oui, assez. Dis-je en réponse à sa remarque de circonstance. Les beaux jours sont finalement de retour.
J'expire une bouffée de fumée. Deirdre fait parti de ces gens que je n'arrive pas à sentir. Sa présence éveille en moi un sentiment de méfiance quasiment irrationnel tant il est fort. Je pourrais difficilement expliquer la raison précise qui me pousse à calculer mes faits et gestes en sa présence. Quoique l'expression perpétuellement impassible de son visage ne soit pas étrangère à l'affaire. Quand je l'entends me parler de la pluie et du beau temps, je vois bien que c'est par pure convention et que dans le fond, il s'en passerait volontiers.
Toutefois, cela n'avait toutefois rien à voir avec le comportement étrange du bibliothécaire (s'il fallait le comparer à un équivalent) qui, pour le coup, maniait aussi très mal les conventions sociales. Là, je sentais que ça allait au delà de la simple maladresse ou la tendance misanthrope que développent parfois des individus, passé un certain âge. Deirdre n'était pas juste un drôle de type un peu froid qui faisait des politesses pour la forme...
Il y avait autre chose.
C'était... Bizarre.
Le silence s'étire entre nous l'espace d'une seconde. Rien ne me donne spécialement envie d'entretenir la conversation avec lui. A dire vrai, je comptais plutôt retourner au château... Mais un bruit attire bientôt notre attention un peu plus loin. Deirdre pense tout de suite à un élève, le ou la responsable des jets de bouteille...
Moi, je dois bien admettre n'en être pas aussi sûr : d'ici, je n’aperçois aucune forme humaine et niveau odeur, il n'y a que les animaux, les plantes... Et lui. Cela dit, sait on jamais. D'ici à ce que le vent tourne, j'aurais peut-être une autre piste. J'espère seulement que le gamin (s'il en est) ne s'est pas hasardé dans la forêt. L'idée d'aller cueillir un jeune dans les bois au coucher du soleil, ce n'est pas l'idéal : les bêtes sont particulièrement actives à cette heure.
Sans mot dire, je prends donc la suite du surveillant, baguette en main. Il suit la piste avec intérêt avec la vivacité d'un chien excité par la chasse. De mon côté, mes yeux ne quittent pas son dos. En cet instant, j'admets me moquer éperdument de cette histoire de bouteille et l'idée de trouver le coupable m'indiffère complètement.
Ce qui m'intrigue, c'est lui.
Ma main se porte à la poche intérieure de ma veste en quête de mon paquet de cigarette. C'est alors seulement qu'il se décide à me saluer. Je fais donc volte face dans sa direction et lui adresse un regard faussement surpris, comme si je ne m'attendais pas à le voir apparaître.
« Oui, assez. Dis-je en réponse à sa remarque de circonstance. Les beaux jours sont finalement de retour.
J'expire une bouffée de fumée. Deirdre fait parti de ces gens que je n'arrive pas à sentir. Sa présence éveille en moi un sentiment de méfiance quasiment irrationnel tant il est fort. Je pourrais difficilement expliquer la raison précise qui me pousse à calculer mes faits et gestes en sa présence. Quoique l'expression perpétuellement impassible de son visage ne soit pas étrangère à l'affaire. Quand je l'entends me parler de la pluie et du beau temps, je vois bien que c'est par pure convention et que dans le fond, il s'en passerait volontiers.
Toutefois, cela n'avait toutefois rien à voir avec le comportement étrange du bibliothécaire (s'il fallait le comparer à un équivalent) qui, pour le coup, maniait aussi très mal les conventions sociales. Là, je sentais que ça allait au delà de la simple maladresse ou la tendance misanthrope que développent parfois des individus, passé un certain âge. Deirdre n'était pas juste un drôle de type un peu froid qui faisait des politesses pour la forme...
Il y avait autre chose.
C'était... Bizarre.
Le silence s'étire entre nous l'espace d'une seconde. Rien ne me donne spécialement envie d'entretenir la conversation avec lui. A dire vrai, je comptais plutôt retourner au château... Mais un bruit attire bientôt notre attention un peu plus loin. Deirdre pense tout de suite à un élève, le ou la responsable des jets de bouteille...
Moi, je dois bien admettre n'en être pas aussi sûr : d'ici, je n’aperçois aucune forme humaine et niveau odeur, il n'y a que les animaux, les plantes... Et lui. Cela dit, sait on jamais. D'ici à ce que le vent tourne, j'aurais peut-être une autre piste. J'espère seulement que le gamin (s'il en est) ne s'est pas hasardé dans la forêt. L'idée d'aller cueillir un jeune dans les bois au coucher du soleil, ce n'est pas l'idéal : les bêtes sont particulièrement actives à cette heure.
Sans mot dire, je prends donc la suite du surveillant, baguette en main. Il suit la piste avec intérêt avec la vivacité d'un chien excité par la chasse. De mon côté, mes yeux ne quittent pas son dos. En cet instant, j'admets me moquer éperdument de cette histoire de bouteille et l'idée de trouver le coupable m'indiffère complètement.
Ce qui m'intrigue, c'est lui.
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Re: Entre chien et loup
Mer 20 Juin 2018 - 14:45
entre chien et loup
Il t’a parlé mais tu ne l’as pas écouté. À quoi bon perdre du temps ? Pourquoi se soucier de la réponse à une question posée par simple convenance ? Tu as simplement hoché la tête avec un sourire faussement agréable. Tout ce qu’il veut du moment qu’il ne pose pas trop de questions. Le fameux bruit t’a heureusement sauvé du malaise qui aurait pu s’installer si la conversation avait durée. Tu continues d’avancer bien que tu n’entendes plus de bruit. Quand il te vient à l’esprit de piéger le concierge. Après tout, une fois la nuit tombée qui s’inquièterait de ne pas voir rentrer le concierge ? Vous êtes maintenant à l’écart, il suffirait de te retourner et de lui lancer un sortilège de pétrification pour que tu puisses laisser aller tes instincts les plus primaires. Si ce n’est pas un élève ou un animal, cela pourrait-être le concierge. Tu te demande d’ailleurs à quoi ressemble les entrailles de la bête. Son sang se vendrait-il bien au marché noir ?
Pendant que toutes ces pensées te traversent l’esprit, tu ralentis la marche. Vous êtes maintenant bien à l’écart. « J’ai dû me tromper. » Avoues-tu simplement. Ta baguette toujours en main, tu te retournes doucement et fait face à Thomas. Maintenant, serait le moment adéquat. Tu hésites. Pourquoi ? Tu sais qu’il se méfie de toi et d’ailleurs tu n’es pas étranger à ce sentiment et se débarrasser de lui serait plus simple que de tenter de garder de bonnes relations avec lui. Tu resserres ta poigne autour de ta baguette. La chaleur qui s’en dégage te brûle presque la paume mais tu ne ressens rien. Ton visage toujours impassible et sans expression observe de semi-vampire dans un silence presque assourdissant. « J’ai l’impression que tu ne m’aime pas beaucoup Thomas. » Déclares-tu sans plus de cérémonie. Cela ne te ressemble pas de parler, en général tu es plus dans l’action. Alors pourquoi ce besoin de parler ? Peut-être as-tu besoin de savoir ce qui ne colle pas dans ton jeu.
Pendant que toutes ces pensées te traversent l’esprit, tu ralentis la marche. Vous êtes maintenant bien à l’écart. « J’ai dû me tromper. » Avoues-tu simplement. Ta baguette toujours en main, tu te retournes doucement et fait face à Thomas. Maintenant, serait le moment adéquat. Tu hésites. Pourquoi ? Tu sais qu’il se méfie de toi et d’ailleurs tu n’es pas étranger à ce sentiment et se débarrasser de lui serait plus simple que de tenter de garder de bonnes relations avec lui. Tu resserres ta poigne autour de ta baguette. La chaleur qui s’en dégage te brûle presque la paume mais tu ne ressens rien. Ton visage toujours impassible et sans expression observe de semi-vampire dans un silence presque assourdissant. « J’ai l’impression que tu ne m’aime pas beaucoup Thomas. » Déclares-tu sans plus de cérémonie. Cela ne te ressemble pas de parler, en général tu es plus dans l’action. Alors pourquoi ce besoin de parler ? Peut-être as-tu besoin de savoir ce qui ne colle pas dans ton jeu.
©Pando
- InvitéInvité
Re: Entre chien et loup
Mer 20 Juin 2018 - 18:12
Suivre ainsi le surveillant m'évoque Alice. Je me demande s'il a l'intention de m’emmener dans son terrier : repaire de la folie, de la mort du temps... Chaque pas nous amène plus profondément dans la forêt. Au dessus de nous s'élèvent des arbres imposants, millénaires, dont les ramages épais dissimulent le ciel. Peu à peu, les ténèbres nous avalent, sombre gueule.
Je le vois alors qui se fige, après un moment... Mon échine me gratifie d'un frisson d'intuition mauvaise : on dirait le scénario type d'un film d'horreur moldu. Dois-je m'attendre à le voir se transformer en monstre ? A moins qu'il ne décide d'utiliser, sur moi, la baguette que cette main serre comme si la vie de son porteur en dépendait... Je ne peux m'empêcher de faire de même, prêt à jeter un sortilège de défense au moindre mouvement suspect de sa part.
Mais rien de vient.
Après un moment, constatant son erreur, le surveillant se fige simplement puis, effectue un lent volte face. Je le considère un moment sans mot dire, tandis que ses yeux me scrutent. La tension me maintien en état d'alerte, mais je demeure bien incapable de décrypter l'expression de son visage. Rien n'y vit, rien ne s'y passe. Pourrait-il penser à n'importe quoi, je serais bien incapable de le dire.
Il est un mur sans prises, une porte close.
Mais alors, après un moment, voilà qu'il se décide à rompre le silence. Sa remarque est une vérité nue déconcertante. Il va sans dire que je demeure bien incapable d'y répondre, dans un premier temps. Les usages veulent que l'on s'abstienne de parler de nos mésententes avec les personnes concernées. Et de voir avec quelle désinvolture il aborde la chose ne fait que me conforter davantage dans mon sentiment initial : quelque chose ne va pas avec Deirdre.
« Question de confiance, pas de sentiment.
Lui dis-je d'un ton effectivement méfiant. J'ignore pourquoi je m'aventure sur le terrain de l'honnêteté avec lui... Il serait beaucoup plus simple (et sage sans doute) de nier et rentrer tout de suite au château. Que l'on enterre cette conversation et que la vie poursuive son cours normalement... On continuerait alors à jouer au chat et à la souris, plein des faux semblants qui caractérisent normalement les rapports en société.
« J'aurais tendance à croire que l'appréciation est mutuelle, cela dit.
J'ajoute après un moment. Nos regards ne se quittent pas. Comme deux bêtes qui se jaugent, on n'ose bouger, de crainte que l'autre ne tente quelque chose. Je sais n'avoir pas grand chose à craindre de lui, dans le sens où ma condition physique surpasse largement la sienne. Mais il suffit de le regarder pour comprendre que l'on se trouve en face d'un individu totalement imprévisible.
Et de ne pas savoir à quoi m'attendre, c'est probablement ce qui m'inquiète le plus...
Je le vois alors qui se fige, après un moment... Mon échine me gratifie d'un frisson d'intuition mauvaise : on dirait le scénario type d'un film d'horreur moldu. Dois-je m'attendre à le voir se transformer en monstre ? A moins qu'il ne décide d'utiliser, sur moi, la baguette que cette main serre comme si la vie de son porteur en dépendait... Je ne peux m'empêcher de faire de même, prêt à jeter un sortilège de défense au moindre mouvement suspect de sa part.
Mais rien de vient.
Après un moment, constatant son erreur, le surveillant se fige simplement puis, effectue un lent volte face. Je le considère un moment sans mot dire, tandis que ses yeux me scrutent. La tension me maintien en état d'alerte, mais je demeure bien incapable de décrypter l'expression de son visage. Rien n'y vit, rien ne s'y passe. Pourrait-il penser à n'importe quoi, je serais bien incapable de le dire.
Il est un mur sans prises, une porte close.
Mais alors, après un moment, voilà qu'il se décide à rompre le silence. Sa remarque est une vérité nue déconcertante. Il va sans dire que je demeure bien incapable d'y répondre, dans un premier temps. Les usages veulent que l'on s'abstienne de parler de nos mésententes avec les personnes concernées. Et de voir avec quelle désinvolture il aborde la chose ne fait que me conforter davantage dans mon sentiment initial : quelque chose ne va pas avec Deirdre.
« Question de confiance, pas de sentiment.
Lui dis-je d'un ton effectivement méfiant. J'ignore pourquoi je m'aventure sur le terrain de l'honnêteté avec lui... Il serait beaucoup plus simple (et sage sans doute) de nier et rentrer tout de suite au château. Que l'on enterre cette conversation et que la vie poursuive son cours normalement... On continuerait alors à jouer au chat et à la souris, plein des faux semblants qui caractérisent normalement les rapports en société.
« J'aurais tendance à croire que l'appréciation est mutuelle, cela dit.
J'ajoute après un moment. Nos regards ne se quittent pas. Comme deux bêtes qui se jaugent, on n'ose bouger, de crainte que l'autre ne tente quelque chose. Je sais n'avoir pas grand chose à craindre de lui, dans le sens où ma condition physique surpasse largement la sienne. Mais il suffit de le regarder pour comprendre que l'on se trouve en face d'un individu totalement imprévisible.
Et de ne pas savoir à quoi m'attendre, c'est probablement ce qui m'inquiète le plus...
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Re: Entre chien et loup
Mar 3 Juil 2018 - 19:04
entre chien et loup
Il semble surpris d’entendre tes mots. Tu sens son malaise au moment où tu les prononces. Il n’y a pourtant là rien d’offensant, une simple analyse. Mais les hommes n’osent pas se dire les choses en face, il vaut mieux prétendre s’apprécier. Et c’est d’ailleurs pour cela que tu te donnes tant de mal à feindre les sentiments humains. Un sourire par-ci, un hochement de tête par-là et le tour est joué. Pourtant il suffit d’être sincère et franc pour les troubler. Son silence en dit long, il ne s’attendait pas à ça, d’ailleurs toi non plus. Tu ignores encore pourquoi tu as engagé la conversation plutôt que de l’attaquer comme tu en éprouves l’envie depuis votre première rencontre. C’est alors qu’il parle de confiance et de sentiment. La simple évocation de ces deux mots te donne la nausée. Tu détournes le regard, un voile de dégoût passe furtivement sur ton visage avant de disparaitre. Puis, arquant un sourcil tu replonges ton regard charbon dans celui du semi-vampire. « Soit. » Un seul mot, il n’est pas nécessaire d’en dire plus. Il ne te fait pas confiance. Il y a donc quelque chose dans ton jeu qui ne colle pas.
Aussi étonnant que cela puisse te sembler, il déclare une vérité sûrement à l’origine de sa méfiance. Tu ne l’apprécie pas non plus. D’ailleurs, peut-être faudrait-il connaître les sentiments pour ressentir quoi que ce soit à l’égard d’un autre. Les seules émotions que tu connaisses sont la douleur, la colère et la tristesse. Trio mortifère. En ce qui concerne la confiance, rien ne sert d’y aller par quatre chemins. « La seule personne en qui j’ai confiance c’est moi, n’y vois là rien de personnel. » Dis-tu faussement, sur le ton de la confidence, ne desserrant pas ta poigne autour de ta baguette. Prédateur tentant d’amadouer sa proie. Mais il semble tellement sur ses gardes qu’un seul mouvement de ta part pourrait le pousser à t’attaquer. Grisé par cette simple idée tu fais un pas vers lui en relevant légèrement ta baguette. Que cherches-tu vraiment ? Est-ce seulement une volonté de prouver que tu es meilleur que lui et que tu es capable de contrer la moindre de ses attaques ou bien une volonté de frôler la mort ? Souhaites-tu mourir ou juste prouver que rien ne peut te tuer ? Aucune idée. Quoi qu’il en soit tu as décider d’éprouver le concierge, impatient de connaître ses réactions. Tu n'auras qu'à feindre l'incompréhension s'il t'accuse de vouloir l'agresser.
Aussi étonnant que cela puisse te sembler, il déclare une vérité sûrement à l’origine de sa méfiance. Tu ne l’apprécie pas non plus. D’ailleurs, peut-être faudrait-il connaître les sentiments pour ressentir quoi que ce soit à l’égard d’un autre. Les seules émotions que tu connaisses sont la douleur, la colère et la tristesse. Trio mortifère. En ce qui concerne la confiance, rien ne sert d’y aller par quatre chemins. « La seule personne en qui j’ai confiance c’est moi, n’y vois là rien de personnel. » Dis-tu faussement, sur le ton de la confidence, ne desserrant pas ta poigne autour de ta baguette. Prédateur tentant d’amadouer sa proie. Mais il semble tellement sur ses gardes qu’un seul mouvement de ta part pourrait le pousser à t’attaquer. Grisé par cette simple idée tu fais un pas vers lui en relevant légèrement ta baguette. Que cherches-tu vraiment ? Est-ce seulement une volonté de prouver que tu es meilleur que lui et que tu es capable de contrer la moindre de ses attaques ou bien une volonté de frôler la mort ? Souhaites-tu mourir ou juste prouver que rien ne peut te tuer ? Aucune idée. Quoi qu’il en soit tu as décider d’éprouver le concierge, impatient de connaître ses réactions. Tu n'auras qu'à feindre l'incompréhension s'il t'accuse de vouloir l'agresser.
©Pando
- InvitéInvité
Re: Entre chien et loup
Mar 3 Juil 2018 - 21:59
Mes yeux ne quittent pas le surveillant. Je suis à l’affût du moindre mouvement, prêt à réagir si les choses devaient mal tourner. Une réaction peut-être excessive, mais à ce point irrationnelle que je n'ai d'autre choix que de l'écouter. Je suis assez alerte pour savoir quand je suis en danger. Les prédateurs savent se reconnaître entre eux, même si je n'espérais pas voir éclater entre nous une lutte pour la domination. Tant que Deirdre se tiendrait devant moi, baguette au poing, je ne serais pas tranquille. De cette chose là, j'étais sûr.
Mais le surveillant n'intente rien. Il me fait simplement un aveux d'un ton caressant. Comme une confidence, mais qui n'apporte rien à l'affaire. Je suis persuadé que c'est la vérité, cependant. Une vérité qui cherche à occulter ce qui se trouve derrière : pas de quoi abattre ma méfiance, cela dit.
D'ailleurs, je crois que la situation le grise en un sens. Autrement, je ne vois pas bien pourquoi il ferait un pas dans ma direction, baguette relevée. En réaction, je sens mes membres se mettre en mouvement sans mon consentement : je fais un pas en arrière, comme une façon de maintenir entre nous une distance de sécurité. Dans le même temps, mon emprise se resserre autour de ma propre baguette : je la relève autant que lui, comme un geste avorté après avoir constaté qu'il n'a rien tenté.
« Tu n'as confiance en personne, hein... Pourquoi ?
Lui demandais-je d'un ton clair et assuré. L'adrénaline me galvanisait, mais dans le fond je n'étais pas serein. Il m'en fallait toutefois beaucoup plus pour perdre mes moyens et les affrontements directs tendaient même à exciter la part la plus combative de ma personnalité.
« Il n'y a que des gens tranquilles ici...
Poursuivais-je. Je me mis alors à marcher doucement vers la droite, en traçant autour de lui un arc de cercle. Il n'était pas question pour moi de le laisser mener la danse. J'imprimais donc le mouvement, jusqu'à le contraindre à bouger aussi (s'il ne souhaitait pas me perdre de vue).
« C'est important la confiance, Deirdre, quand on travaille dans un établissement scolaire.
Fis-je dans la foulée d'un ton suave, mais néanmoins naturel. Je me moquais bien de le persuader. En vérité, mon propos était tourné de manière à l'obliger à se justifier. Je voulais garder la main et voir de quoi il était fait.
Mais le surveillant n'intente rien. Il me fait simplement un aveux d'un ton caressant. Comme une confidence, mais qui n'apporte rien à l'affaire. Je suis persuadé que c'est la vérité, cependant. Une vérité qui cherche à occulter ce qui se trouve derrière : pas de quoi abattre ma méfiance, cela dit.
D'ailleurs, je crois que la situation le grise en un sens. Autrement, je ne vois pas bien pourquoi il ferait un pas dans ma direction, baguette relevée. En réaction, je sens mes membres se mettre en mouvement sans mon consentement : je fais un pas en arrière, comme une façon de maintenir entre nous une distance de sécurité. Dans le même temps, mon emprise se resserre autour de ma propre baguette : je la relève autant que lui, comme un geste avorté après avoir constaté qu'il n'a rien tenté.
« Tu n'as confiance en personne, hein... Pourquoi ?
Lui demandais-je d'un ton clair et assuré. L'adrénaline me galvanisait, mais dans le fond je n'étais pas serein. Il m'en fallait toutefois beaucoup plus pour perdre mes moyens et les affrontements directs tendaient même à exciter la part la plus combative de ma personnalité.
« Il n'y a que des gens tranquilles ici...
Poursuivais-je. Je me mis alors à marcher doucement vers la droite, en traçant autour de lui un arc de cercle. Il n'était pas question pour moi de le laisser mener la danse. J'imprimais donc le mouvement, jusqu'à le contraindre à bouger aussi (s'il ne souhaitait pas me perdre de vue).
« C'est important la confiance, Deirdre, quand on travaille dans un établissement scolaire.
Fis-je dans la foulée d'un ton suave, mais néanmoins naturel. Je me moquais bien de le persuader. En vérité, mon propos était tourné de manière à l'obliger à se justifier. Je voulais garder la main et voir de quoi il était fait.
- InvitéInvité
Re: Entre chien et loup
Ven 13 Juil 2018 - 1:33
entre chien et loup
Un pas en arrière. Un léger sourire se dessine aux coins de tes lèvres. La vilaine bête aurait-elle peur qu’un simple mortel ? Cette idée te plait et tu exultes intérieurement. Tu lèverais volontiers ta baguette un peu plus pour le faire réagir mais à ce niveau là tu ne pourrais plus masquer tes intentions et ta place au sein de l’université est en jeu. Tu l’entends lorsqu’il te demande pourquoi tu n’as confiance en personne mais tu ne réponds pas. À quoi s’attend-il ? À ce que vous échangiez sur vos passés difficiles ? Peut-être souhaiterait-il que tu lui parles de cet homme pour qui tu avais moins de valeur qu’un animal ou bien de cet autre qui t’a rejeté en te riant au nez ? Très peu pour toi. Il te parle de gens tranquille. Et cet adjectif te fait sourire d’ironie. De qui parle-t-il exactement ? De l’infirmière nymphomane qui en veut à la terre entière pour ne pas être devenue médicomage ? Du professeur de défense contre les forces du mal qui participe à des combats clandestins ? Ou peut-être de lui-même, un semi-vampire ? « Vraiment ? Tranquilles tu dis ? Je crois que tu te trompes sur la nature des gens. » Car leur véritable nature, celle qu’ils souhaitent cacher par tous les moyens ou qu’ils désirent transcender pour qu’on arrête de les voir comme des bêtes curieuses, c’est là leur pire faiblesse.
Tu ne le quittes pas du regard pendant que vous entamez une danse sans musique. Tu pivote lentement pour maintenir ce lien qui semble être votre dernier rempart, si l’un de vous baisse sa garde l’autre en profitera peut-être pour l’attaquer. Prédateurs. Ta main reste rivée sur ta baguette. Tu trouves sa dernière phrase condescendante et tu ne saurais expliquer pourquoi. Peut-être est-ce à cause de ce ton qu’il utilise et qui te déplait. Tout en lui te dégoûte en réalité. De la nature de son sang à son aspect. Mais tu te cache bien de le lui montrer. Ton visage est redevenu impassible mais ta voix se fait froide et sèche. « La rigueur et le travail sont les seules choses nécessaires. » Et c’est d’ailleurs grâce à ces deux qualités que tu es devenus celui que tu es aujourd’hui. C’est grâce à la rigueur que tu as appris seul et c’est le travail qui t’a permis de perfectionner tes dons. Tu voudrais poursuivre mais tu t’arrêtes. Si tu en dis plus il saura, il comprendra et c’est exclu. Ce désir de l’attaquer revient alors encore plus fort. Tu es attisé par la volonté de voir ses entrailles, de l’entendre hurler mais une infime partie de toi te retient. Pourquoi ? Un frisson te parcourt l’échine. Le meurtre tu connais déjà mais la mutilation d’un être humain ce serait une première. Et dans le fond, peut-on le considérer comme un être humain ?
Tu ne le quittes pas du regard pendant que vous entamez une danse sans musique. Tu pivote lentement pour maintenir ce lien qui semble être votre dernier rempart, si l’un de vous baisse sa garde l’autre en profitera peut-être pour l’attaquer. Prédateurs. Ta main reste rivée sur ta baguette. Tu trouves sa dernière phrase condescendante et tu ne saurais expliquer pourquoi. Peut-être est-ce à cause de ce ton qu’il utilise et qui te déplait. Tout en lui te dégoûte en réalité. De la nature de son sang à son aspect. Mais tu te cache bien de le lui montrer. Ton visage est redevenu impassible mais ta voix se fait froide et sèche. « La rigueur et le travail sont les seules choses nécessaires. » Et c’est d’ailleurs grâce à ces deux qualités que tu es devenus celui que tu es aujourd’hui. C’est grâce à la rigueur que tu as appris seul et c’est le travail qui t’a permis de perfectionner tes dons. Tu voudrais poursuivre mais tu t’arrêtes. Si tu en dis plus il saura, il comprendra et c’est exclu. Ce désir de l’attaquer revient alors encore plus fort. Tu es attisé par la volonté de voir ses entrailles, de l’entendre hurler mais une infime partie de toi te retient. Pourquoi ? Un frisson te parcourt l’échine. Le meurtre tu connais déjà mais la mutilation d’un être humain ce serait une première. Et dans le fond, peut-on le considérer comme un être humain ?
©Pando
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Re: Entre chien et loup
Dim 15 Juil 2018 - 11:35
Je ne réagis pas lorsque Deirdre me répondit, mais je n'en pensais pas moins : non, je ne me trompe jamais sur la nature des gens. En outre, je savais justifiée ma méfiance à son endroit. Son comportement ne faisait que le confirmer à mesure que s'égrainaient les secondes.
Je voyais un homme solitaire et soupçonneux, misanthrope aussi. Il suffisait d'observer la manière dont il me regardait pour comprendre l'estime que cet individu portait au genre humain (encore que, dans mon cas, la question du sang se posait peut-être). Cela dit, je l'avais assez observé pour constater que cette attitude ne m'étais pas spécifiquement réservée. Il se comportait toujours de manière froide et désaffectée, peu importe les interlocuteurs.
Notre étrange ronde se poursuivit, tandis qu'il évoquait les seules valeurs utiles à ses yeux. Rigueur et travail : voilà bien les deux seules choses qu'il s'autorisait à afficher au quotidien. On pouvait effectivement le résumer à ça (à condition de ne pas chercher plus loin). J'en connaissais d'autres, cela dit, des gens qui ne se préoccupent que de leur travail. Aucun ne dégageait une aura comparable à celle de Deirdre. Lui, il était spécial : il avait l'air mauvais. Dangereux.
« Si je me trompe, peut-être pourrais-tu m'éclairer sur ce qu'il y a à craindre.
Lui dis-je tranquillement. La conversation demeurait largement superficielle, mais je savais que beaucoup de choses se jouaient en souterrain. On se tournait autour sans jamais entrer dans le vif du sujet (personne ne l'assumerait de toute façon). Il fallait sauver les apparences. J'aurais tout de même été bien curieux de savoir ce qu'il pouvait se dire en cet instant.
Mes sens aiguisés me permettaient de déceler l'agitation sous cette apparente froideur. Il gardait un masque de marbre, mais son corps le trahissait : pouls accéléré, odeur imprégnée de stress... C'était ces choses qui me maintenaient en alerte. Ces choses qui m'apportaient la conviction que je visais juste, à défaut de preuves plus concrètes.
Je voyais un homme solitaire et soupçonneux, misanthrope aussi. Il suffisait d'observer la manière dont il me regardait pour comprendre l'estime que cet individu portait au genre humain (encore que, dans mon cas, la question du sang se posait peut-être). Cela dit, je l'avais assez observé pour constater que cette attitude ne m'étais pas spécifiquement réservée. Il se comportait toujours de manière froide et désaffectée, peu importe les interlocuteurs.
Notre étrange ronde se poursuivit, tandis qu'il évoquait les seules valeurs utiles à ses yeux. Rigueur et travail : voilà bien les deux seules choses qu'il s'autorisait à afficher au quotidien. On pouvait effectivement le résumer à ça (à condition de ne pas chercher plus loin). J'en connaissais d'autres, cela dit, des gens qui ne se préoccupent que de leur travail. Aucun ne dégageait une aura comparable à celle de Deirdre. Lui, il était spécial : il avait l'air mauvais. Dangereux.
« Si je me trompe, peut-être pourrais-tu m'éclairer sur ce qu'il y a à craindre.
Lui dis-je tranquillement. La conversation demeurait largement superficielle, mais je savais que beaucoup de choses se jouaient en souterrain. On se tournait autour sans jamais entrer dans le vif du sujet (personne ne l'assumerait de toute façon). Il fallait sauver les apparences. J'aurais tout de même été bien curieux de savoir ce qu'il pouvait se dire en cet instant.
Mes sens aiguisés me permettaient de déceler l'agitation sous cette apparente froideur. Il gardait un masque de marbre, mais son corps le trahissait : pouls accéléré, odeur imprégnée de stress... C'était ces choses qui me maintenaient en alerte. Ces choses qui m'apportaient la conviction que je visais juste, à défaut de preuves plus concrètes.
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Re: Entre chien et loup
Jeu 26 Juil 2018 - 21:44
entre chien et loup
Le regard fixé au sien tu le laisses te tourner autour. Il croit peut-être prendre l’ascendant sur toi mais il n’en est rien. À mesure que ce cercle se dessine tu ne peux t’empêcher de te demander ce qu’il cherche réellement. Le meilleur angle d’attaque ? Ou simplement t’étourdir ? Tu commences à te lasser. Il te demande de l’éclairer mais tu l’écoutes sans vraiment l’entendre. Souhaite-t-il réellement poursuivre cet échange stérile ? Vous parleriez de la pluie et du beau temps que ton attention serait tout aussi captivée. Mais tu décèles chez lui sa volonté de te faire parler. Tu fais mine d’y céder. « Je ne voudrais pas briser tes illusions. » Tu marques une pause. « Mais ne dit-on pas qu’il faut se méfier de l’eau qui dort ? » Un blanc à nouveau. « Cet adage s’applique à tout le monde selon moi. On ne connait jamais vraiment les gens. » Ces phrases sont affligeantes de banalités mais pourtant criantes de vérité.
Il poursuit son mouvement. Il pense mener la danse mais il se trompe. Tu arrêtes de le suivre du regard et t’immobilise. Il se retrouve bientôt dans ton dos. Tu n’attends qu’une seule chose, qu’il t’attaque. Tu te prends à imaginer la sensation que tu ressentirais s’il utilisait un sortilège impardonnable. Mais tu sais qu’il n’en est pas capable. Un léger sourire étire tes lèvres fines. Tu devais te faire apprécier du concierge et finalement tu apprécies bien plus cette suspicion qui s’installe entre vous. Tu sais qu’il ne sera pas facile de mener à bien ta mission s’il se méfie de toi mais à cet instant précis tu n’en as que faire. « As-tu déjà mordu Thomas ? » Cette pensée t’échappe. Maintenant qu’elle a été prononcée à voix haute tu ne peux plus l’effacer alors tu attends sa réponse. Quelque part tu te demandes s’il pourrait te mordre ou simplement s’il en aurait la capacité. Mais tu en doutes. Tu le considères considère comme un eunuque, un petit vampire à qui on aurait coupé les crocs. Inoffensif. Tu gardes ces considérations secrètes. Tu attends.
Il poursuit son mouvement. Il pense mener la danse mais il se trompe. Tu arrêtes de le suivre du regard et t’immobilise. Il se retrouve bientôt dans ton dos. Tu n’attends qu’une seule chose, qu’il t’attaque. Tu te prends à imaginer la sensation que tu ressentirais s’il utilisait un sortilège impardonnable. Mais tu sais qu’il n’en est pas capable. Un léger sourire étire tes lèvres fines. Tu devais te faire apprécier du concierge et finalement tu apprécies bien plus cette suspicion qui s’installe entre vous. Tu sais qu’il ne sera pas facile de mener à bien ta mission s’il se méfie de toi mais à cet instant précis tu n’en as que faire. « As-tu déjà mordu Thomas ? » Cette pensée t’échappe. Maintenant qu’elle a été prononcée à voix haute tu ne peux plus l’effacer alors tu attends sa réponse. Quelque part tu te demandes s’il pourrait te mordre ou simplement s’il en aurait la capacité. Mais tu en doutes. Tu le considères considère comme un eunuque, un petit vampire à qui on aurait coupé les crocs. Inoffensif. Tu gardes ces considérations secrètes. Tu attends.
©Pando
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Re: Entre chien et loup
Ven 27 Juil 2018 - 21:52
Deirdre s'était finalement lassé de notre ronde silencieuse. Après un moment, il s'immobilisa tout à fait, me laissant le loisir de sortir de son champ de vision et passer dans son dos. Ainsi posté, je m'arrêtais à mon tour et demeurais à observer sa silhouette droite se découper au milieu des ombres. La nuit nous enveloppait à présent dans son voile opaque. Cette configuration me convenait davantage : je craignais moins de le voir utiliser cette baguette qu'il tenait toujours fermement en main.
Ses dernières paroles n'avaient appelé aucune réponse de ma part, même si aucun de nous ne tenait véritablement à poursuivre cette conversation, en vérité. Il ne s'agissait que de réflexions creuses destinées à entretenir un semblant de normalité. Il voulait donner le change et moi aussi... Mais certainement pas pour les mêmes raisons. Deirdre savait que je me méfiais de lui et s'appliquait à comprendre pourquoi. Moi, j'étais porté par l’irrationalité, car cet homme ne m'avait donné aucune raison concrète de me méfier de lui. C'était seulement une question de ressenti : d'instinct. J'aurais pu conclure à de la paranoïa, mais contrairement à la majorité des êtres humains, j'avais confiance dans l'acuité de mes sens.
Cependant, j'admettais bien volontiers me sentir un peu désarçonné par sa dernière question. Je ne m'attendais pas du tout à cela. Dans un premier temps, je m'interrogeais sur l'origine de cette curiosité soudaine pour les pratiques liées à ma particularité. Interrogations bientôt rejointes par un vague sentiment désagréable, germé du fond de mes entrailles : je me sentais sale qu'il me questionne de la sorte.
« Ce ne sont pas des choses que l'on demande à un dhampire.
Lui répondais-je, plus froidement (sans doute) que je ne l'aurais voulu. La morsure, c'était la zone grise des dhampires, car nous n'avions pas besoin de prélever du sang pour nous nourrir. Acte facultatif absent de toute nécessité, elle devenait donc un choix culturel. On la pratiquait pour le plaisir ou pour s'inscrire dans la continuité des pratiques familiales.
Car autour de la morsure, il y avait la chasse et le charme. C'était un acte (le plus souvent) hautement érotique, puisqu'il s'inscrivait dans un rapport de séduction et (ou) de domination. Il ne s'agissait donc pas de quelque chose d'anodin.
En définitive, Deirdre aurait tout aussi bien pu m'interroger directement sur ma sexualité ou la morsure : je l'aurais vécu de la même manière. Je n'avais aucune envie de discuter de cela avec lui.
« Pourquoi ça t'intéresse ?
Demandais-je tout de même d'un ton (un brin) agressif. Que l'on pointe aussi directement du doigt ma nature ne me plaisait pas. J'avais l'impression d'être objectivé, réduit à l'état de chose étrange qui ne mérite pas de se voir gratifié de la plus élémentaire délicatesse. Mes efforts pour intégrer la communauté des sorciers ne pouvaient décemment se voir balayer d'un simple revers de main de la part d'un individu qui ne verrait jamais en moi que les crocs. Je n'étais pas une bête.
Ses dernières paroles n'avaient appelé aucune réponse de ma part, même si aucun de nous ne tenait véritablement à poursuivre cette conversation, en vérité. Il ne s'agissait que de réflexions creuses destinées à entretenir un semblant de normalité. Il voulait donner le change et moi aussi... Mais certainement pas pour les mêmes raisons. Deirdre savait que je me méfiais de lui et s'appliquait à comprendre pourquoi. Moi, j'étais porté par l’irrationalité, car cet homme ne m'avait donné aucune raison concrète de me méfier de lui. C'était seulement une question de ressenti : d'instinct. J'aurais pu conclure à de la paranoïa, mais contrairement à la majorité des êtres humains, j'avais confiance dans l'acuité de mes sens.
Cependant, j'admettais bien volontiers me sentir un peu désarçonné par sa dernière question. Je ne m'attendais pas du tout à cela. Dans un premier temps, je m'interrogeais sur l'origine de cette curiosité soudaine pour les pratiques liées à ma particularité. Interrogations bientôt rejointes par un vague sentiment désagréable, germé du fond de mes entrailles : je me sentais sale qu'il me questionne de la sorte.
« Ce ne sont pas des choses que l'on demande à un dhampire.
Lui répondais-je, plus froidement (sans doute) que je ne l'aurais voulu. La morsure, c'était la zone grise des dhampires, car nous n'avions pas besoin de prélever du sang pour nous nourrir. Acte facultatif absent de toute nécessité, elle devenait donc un choix culturel. On la pratiquait pour le plaisir ou pour s'inscrire dans la continuité des pratiques familiales.
Car autour de la morsure, il y avait la chasse et le charme. C'était un acte (le plus souvent) hautement érotique, puisqu'il s'inscrivait dans un rapport de séduction et (ou) de domination. Il ne s'agissait donc pas de quelque chose d'anodin.
En définitive, Deirdre aurait tout aussi bien pu m'interroger directement sur ma sexualité ou la morsure : je l'aurais vécu de la même manière. Je n'avais aucune envie de discuter de cela avec lui.
« Pourquoi ça t'intéresse ?
Demandais-je tout de même d'un ton (un brin) agressif. Que l'on pointe aussi directement du doigt ma nature ne me plaisait pas. J'avais l'impression d'être objectivé, réduit à l'état de chose étrange qui ne mérite pas de se voir gratifié de la plus élémentaire délicatesse. Mes efforts pour intégrer la communauté des sorciers ne pouvaient décemment se voir balayer d'un simple revers de main de la part d'un individu qui ne verrait jamais en moi que les crocs. Je n'étais pas une bête.
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Re: Entre chien et loup
Mar 31 Juil 2018 - 22:58
entre chien et loup
La faiblesse. Le manque d’humanité. Tu as enfin mis le doigt dessus. Tu as touché la bête. Sa réaction te procure un plaisir non dissimulé. Mais comme il est dans ton dos il ne peut le voir. Ce sourire encore timide qui étirait tes lèvres s’élargit à mesure que les secondes passent. Mais tu dois te contenir. Et pourtant cette dualité t’excite plus que ton plan de départ. Ne pas éveiller les soupçons. Tu fermes les yeux un instant pour reprendre ton air froid et distant. Alors que tu t’apprêtes à répondre il te pose une question. Pourquoi ? Tu te retournes alors lentement vers lui afin de lui faire face à nouveau. « Je ne sais pas, par curiosité. Nous ne nous connaissons pas bien, je voulais juste faire connaissance. » Tu prends un air faussement innocent, presque naïf. Maintenant que tu as réussi à le mettre hors de lui tu sais que cette dernière phrase pourrait le faire basculer. Ou du moins c’est l’effet qu’elle aurait sur toi. Pour t’en assurer tu en rajoutes une petite couche. « Je ne pensais pas te vexer. » Mensonge. Tu espérais même qu’il explose de colère, mais ça va venir. Tu n’as pas abattu toutes tes cartes.
Tu plonges à nouveau ton regard ébène dans le sien et ce n’est pas anodin. Aucun de tes gestes, ni aucun de tes mots n’est choisi au hasard. Tu le jauges, tu l’affrontes. Tu n’espères qu’une seule chose c’est qu’il t’attaque. Tu ne doutes pas de tes capacités à réagir et répliquer malgré la pénombre qui vous entoure maintenant. Mais par soucis d’équité, car tu sais que la nuit lui est favorable, d’un léger geste du poignet, à l’aide de ta baguette tu fais apparaître des flammes magiques tout autour de vous. Tu sais que ce geste pourrait causer une attaque de la part du semi-vampire mais cela t’est égal. Pire, c’est ce que tu recherches. Une attaque rapide et violente ou bien une attaque furtive ou même sournoise. Qu’importe du moment qu’il t’attaque. Tu pourrais alors le blesser sans craindre de représailles. Cette simple attaque pourrait lui causer sa place et ainsi tu aurais le champ libre à l’université. Toutes ces pensées te traversent l’esprit en une seconde. Et chacune d’entre elle te procure plus de plaisir encore que le simple fait de le faire sortir de ses gonds.
Tu plonges à nouveau ton regard ébène dans le sien et ce n’est pas anodin. Aucun de tes gestes, ni aucun de tes mots n’est choisi au hasard. Tu le jauges, tu l’affrontes. Tu n’espères qu’une seule chose c’est qu’il t’attaque. Tu ne doutes pas de tes capacités à réagir et répliquer malgré la pénombre qui vous entoure maintenant. Mais par soucis d’équité, car tu sais que la nuit lui est favorable, d’un léger geste du poignet, à l’aide de ta baguette tu fais apparaître des flammes magiques tout autour de vous. Tu sais que ce geste pourrait causer une attaque de la part du semi-vampire mais cela t’est égal. Pire, c’est ce que tu recherches. Une attaque rapide et violente ou bien une attaque furtive ou même sournoise. Qu’importe du moment qu’il t’attaque. Tu pourrais alors le blesser sans craindre de représailles. Cette simple attaque pourrait lui causer sa place et ainsi tu aurais le champ libre à l’université. Toutes ces pensées te traversent l’esprit en une seconde. Et chacune d’entre elle te procure plus de plaisir encore que le simple fait de le faire sortir de ses gonds.
©Pando
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Re: Entre chien et loup
Mer 1 Aoû 2018 - 17:33
Deirdre se moquait ouvertement de moi, la chose était évidente. Il n'y avait pas besoin d'être un aigle pour comprendre que sa stratégie générale consistait à feindre l'insouciance, comme si il était tout à fait naturel de poser des questions indiscrètes à son entourage. Il piquait avant de prétexter le malentendu : logique perverse.
Cela dit, j'y voyais une nouvelle confirmation de ma théorie : ce type avait bel et bien un problème. Il me provoquait à dessein : j'en étais sûr désormais. Restait à comprendre pourquoi. M'en voulait-il personnellement ou bien avais-je affaire à un genre de misanthrope avide d'affrontement ? A force de provoquer son monde, il devait bien s'attendre à ce que cela dégénère à un moment ou un autre. Je ne pouvais pas croire qu'une telle attitude n'avait jamais rencontré de résistance.
En ce qui me concernait, j'avais le sentiment d'en avoir assez vu. L'envie de lui rentrer dedans me démangeais, cela va sans dire... Mais je ne voulais pas m'attirer d'ennuis inutiles. Deirdre n'en valait pas la peine et dans le cas présent, il ne me serait pas possible de justifier un « geste de trop » comme une réponse à de la provocation. En vérité, tout ce que je pouvais faire avec lui, c'était surveiller son travail et m'assurer du fait qu'il épargne les élèves de son étrange attitude.
J'étais donc parti pour simplement tourner les talons et ne plus y revenir, quand bien même cela manquerait de panache... Il était plutôt rare que je me paye le luxe d'un excès de fierté : une défaite est une défaite. Je m'en remettrais.
C'est alors que le surveillant anima sa baguette d'un léger mouvement du poignet. Je me raidis instinctivement, prêt à voir surgir la lumière éclatante d'un sortilège et y répondre par un rapide mouvement de défense... Cependant, ce qui advint fut bien pire que cela : un cercle de flamme se forma tout autour de nous, comme pour matérialiser l’arène dans laquelle nous nous étions symboliquement enfermé un peu plus tôt. Face à moi trônait le surveillant, véritable incarnation du diable en enfer.
Un frisson glacé me parcouru, du fond de la gorge jusqu'au creux de mes entrailles. Je me figeais, incapable de faire le moindre mouvement. Il n'était plus question de Deirdre, mais bien de ce feu que j'entendais crépiter de toutes parts. Cerné comme un rat, je revivais la scène de mes treize ans : la peur de mourir, les supplications vaines...
La sensation d'enfermement me gagnait à mesure que mes sens prenaient conscience de l'omniprésence des flammes. Je commençais à suffoquer, le cœur emballé, l'esprit vide de toute pensée : mon corps réagissait sans tenir compte de la raison. Je tremblais, paralysé par la peur, le regard vide. Ma volonté s'était dissoute dans le feu : j'étais piégé.
Tétanisé d'horreur.
Cela dit, j'y voyais une nouvelle confirmation de ma théorie : ce type avait bel et bien un problème. Il me provoquait à dessein : j'en étais sûr désormais. Restait à comprendre pourquoi. M'en voulait-il personnellement ou bien avais-je affaire à un genre de misanthrope avide d'affrontement ? A force de provoquer son monde, il devait bien s'attendre à ce que cela dégénère à un moment ou un autre. Je ne pouvais pas croire qu'une telle attitude n'avait jamais rencontré de résistance.
En ce qui me concernait, j'avais le sentiment d'en avoir assez vu. L'envie de lui rentrer dedans me démangeais, cela va sans dire... Mais je ne voulais pas m'attirer d'ennuis inutiles. Deirdre n'en valait pas la peine et dans le cas présent, il ne me serait pas possible de justifier un « geste de trop » comme une réponse à de la provocation. En vérité, tout ce que je pouvais faire avec lui, c'était surveiller son travail et m'assurer du fait qu'il épargne les élèves de son étrange attitude.
J'étais donc parti pour simplement tourner les talons et ne plus y revenir, quand bien même cela manquerait de panache... Il était plutôt rare que je me paye le luxe d'un excès de fierté : une défaite est une défaite. Je m'en remettrais.
C'est alors que le surveillant anima sa baguette d'un léger mouvement du poignet. Je me raidis instinctivement, prêt à voir surgir la lumière éclatante d'un sortilège et y répondre par un rapide mouvement de défense... Cependant, ce qui advint fut bien pire que cela : un cercle de flamme se forma tout autour de nous, comme pour matérialiser l’arène dans laquelle nous nous étions symboliquement enfermé un peu plus tôt. Face à moi trônait le surveillant, véritable incarnation du diable en enfer.
Un frisson glacé me parcouru, du fond de la gorge jusqu'au creux de mes entrailles. Je me figeais, incapable de faire le moindre mouvement. Il n'était plus question de Deirdre, mais bien de ce feu que j'entendais crépiter de toutes parts. Cerné comme un rat, je revivais la scène de mes treize ans : la peur de mourir, les supplications vaines...
La sensation d'enfermement me gagnait à mesure que mes sens prenaient conscience de l'omniprésence des flammes. Je commençais à suffoquer, le cœur emballé, l'esprit vide de toute pensée : mon corps réagissait sans tenir compte de la raison. Je tremblais, paralysé par la peur, le regard vide. Ma volonté s'était dissoute dans le feu : j'étais piégé.
Tétanisé d'horreur.
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Re: Entre chien et loup
Lun 1 Oct 2018 - 22:38
entre chien et loup
Son corps se fige et la terreur transparait dans son regard. Tu connais ces symptômes, tu les as vécus bien avant lui. Tu ne le quittes pas des yeux, bien que lui ne te regarde plus, l’esprit emprisonné dans ses souvenirs. Il ne se souvient visiblement pas de toi, mais toi tu ne l’as pas oublié. Comment oublier une bête ? Vous aviez fréquenté la même maison à Poudlard et tu avais eu vent du feu de joie. D’ailleurs tu avais été déçu de ne pas en être l’instigateur. Alors que tout son corps semble être pris de légères convulsions, tu hésites avant de réagir. Dois-tu feindre l’amitié ou bien poursuivre la torture ? Dois-tu essayer de te le mettre dans la poche ou en finir maintenant ? Un véritable débat commence en toi. Alors que ton choix est fait, tu t’approches du semi-vampire et plonges ton regard de jais dans le sien.
Soudainement tu fais un pas en arrière. Es-tu devenu cet homme que tu haïs tant ? Torturer les animaux c’est une chose mais s’en prendre à un être humain, même s’il ne l’est qu’à moitié, cela te fait le remémorer. Tu perds toute prestance, tu te décomposes, non pas par peur mais plutôt parce que tu te rends compte de ce que tu allais faire. Tu en prends conscience et ça te déstabilise. Alors que tu recules à nouveau d’un pas, tu manques de perdre l’équilibre, il n’y a plus ici de sorcier puissant, cette image que tu montres aux autres commence à se déliter. Tu balbuties des mots incompréhensibles. Que se passe-t-il réellement dans ton esprit. Toi qui semblais près à tuer, une fois devant la possibilité de le faire tu te ravises et pire que ça, tu vois planer sur toi l’ombre de ton grand-père.
Vainement tu essaies de te ressaisir, d’un geste de ta baguette tu éteins les feux crépitants derrière le concierge. « Je devrais rentrer. On ne trouvera plus les coupables à cette heure. » Tu clignes des yeux et contourne Thomas en te dirigeant vers l’obscurité te ramenant vers le château. La respiration courte, tu peines encore à comprendre ce qui vient de t’arriver. Cet homme ne te laissera donc jamais en paix ? Même après l’avoir empoissonné, tu le sens toujours dans ton dos, comme si d’un instant à l’autre il pouvait à nouveau poser sa main sur ton épaule et te faire payer la mort de sa fille. Des larmes commencent à rouler le long de tes joues mais tu ne t’en rends pas compte. Tes jambes ne supportent plus, tu t’affaisses devant l’étang, à genou. La tête baissée, les yeux fermés, on pourrait croire que tu médites mais ton âme est aux prises avec des fantômes.
Soudainement tu fais un pas en arrière. Es-tu devenu cet homme que tu haïs tant ? Torturer les animaux c’est une chose mais s’en prendre à un être humain, même s’il ne l’est qu’à moitié, cela te fait le remémorer. Tu perds toute prestance, tu te décomposes, non pas par peur mais plutôt parce que tu te rends compte de ce que tu allais faire. Tu en prends conscience et ça te déstabilise. Alors que tu recules à nouveau d’un pas, tu manques de perdre l’équilibre, il n’y a plus ici de sorcier puissant, cette image que tu montres aux autres commence à se déliter. Tu balbuties des mots incompréhensibles. Que se passe-t-il réellement dans ton esprit. Toi qui semblais près à tuer, une fois devant la possibilité de le faire tu te ravises et pire que ça, tu vois planer sur toi l’ombre de ton grand-père.
Vainement tu essaies de te ressaisir, d’un geste de ta baguette tu éteins les feux crépitants derrière le concierge. « Je devrais rentrer. On ne trouvera plus les coupables à cette heure. » Tu clignes des yeux et contourne Thomas en te dirigeant vers l’obscurité te ramenant vers le château. La respiration courte, tu peines encore à comprendre ce qui vient de t’arriver. Cet homme ne te laissera donc jamais en paix ? Même après l’avoir empoissonné, tu le sens toujours dans ton dos, comme si d’un instant à l’autre il pouvait à nouveau poser sa main sur ton épaule et te faire payer la mort de sa fille. Des larmes commencent à rouler le long de tes joues mais tu ne t’en rends pas compte. Tes jambes ne supportent plus, tu t’affaisses devant l’étang, à genou. La tête baissée, les yeux fermés, on pourrait croire que tu médites mais ton âme est aux prises avec des fantômes.
©Pando
- InvitéInvité
Re: Entre chien et loup
Mar 2 Oct 2018 - 21:49
J'avais perdu toute notion du temps et de l'espace. L'image des flammes me cernait : j'avais l'impression d'entendre leur infâme souffle crépiter jusqu'au fond de mon âme. Tout n'était qu'une réminiscence douloureuse du passé, une empreinte d'épouvante.
Deirdre aurait pu faire ce qu'il voulait de moi en cet instant : je n'étais bon à rien, incapable de me défendre ou même simplement bouger. Il avait exhumé ma plus grande faiblesse : seule à même de me paralyser complètement. Il avait gagné. A dire vrai, cela n'avait plus aucune importance. J'en oubliait même jusqu'à sa présence : il n'y avait plus que le feu.
Pourtant, rien ne vint. Deirdre ne profita pas de ma vulnérabilité pour tenter quoique ce soit. Il ne leva le voile sur aucun projet machiavélique, ne révéla aucun agenda obscur, ni geste suspect : rien. A l'inverse, le mur de feu disparu dans l'air frais de la nuit aussi vivement qu'il avait été invoqué.
Instinctivement, mon regard se reporta sur le surveillant (l'expression encore interdite et terrifiée) : quelque chose semblait le perturber. Il avait perdu la froideur caractéristique à son allure... Cette espèce de distance étrange qui avait généré chez moi tant de méfiance.
Je le dévisageais sans comprendre. Lui, ne me laissa pas le temps d'assimiler ce qui était en train de se passer. Il se contenta d'articuler une chose que mon esprit troublé ne parvint pas à comprendre, avant de simplement me contourner et tracer son chemin en direction du château (par là où nous étions venu).
Que venait-il de se passer ? Quel était le sens de tout ceci ? J'étais comme assommé debout, incapable de donner du sens à la scène surréaliste à laquelle je venais de prendre part bien malgré moi. Deirdre...
Quelque chose s'enclencha soudain dans mon esprit. Alors, je quittais mon immobilité, comme prit d'une inspiration soudaine. Dirigeant mes pas dans ceux du sorcier, je ne tardais pas à le rattraper : il n'était pas parti bien loin. Je le retrouvais à genou au bord de l'étang : posture étrange de la part de cet homme, mais cela m'étais égal sur le moment.
Une rage extraordinaire venait de s'emparer de moi, comme un feu d'une toute autre sorte et dont la combustion m'étais encore tolérable. Je m'en vins attraper le col de sa veste à deux mains et le plaqua au sol sans ménagement. Ma force (déjà largement supérieure à celle d'un humain ordinaire) était décuplée sous l'effet de l'adrénaline : il n'avait aucune chance de me résister. J'achevais de l'immobiliser en me vautrant sur son torse, un genou plaqué sur chacun de ses bras (afin de lui ôter toute envie d'utiliser sa baguette à nouveau).
« De quel droit salopard ?! Vociférais-je, n'hésitant plus à sortir les crocs. De quel droit ?!
Cela faisait bien longtemps que je n'avais hurlé de la sorte sur quelqu'un. Cela faisait des années que je n'avais cédé à une telle colère... Mais les flammes, la torture : ces choses m'étaient intolérables. J'aurais certainement pu le tuer, en cet instant. Oui, en d'autres circonstances, j'aurais certainement pu le tuer. La chose aurait été extraordinairement facile : je me serais acharné sur sa gorge. Un simple coup de croc et sa jugulaire aurait cédé. Il serait mort, exsangue, en quelques minutes, ou bien noyé dans son fluide, comme un moins que rien.
Cependant, mes yeux venaient de capter un détail glaçant. Deirdre : il pleurait. Aussitôt, mon souffle encoléré se figea. Je m'immobilisais en le fixant de mes prunelles brillantes, interdit à nouveau.
« Non... Non, non ! M'écriais-je à nouveau en le secouant vivement et avec brutalité. T'as pas le droit de me faire ça, salopard ! T'as pas le droit !
Je le relâchais alors comme on le ferait d'une chose répugnante, avant de me relever à la hâte. D'un pas presque chancelant, je m'éloignais alors de quelques mètres, le considérant toujours d'un air ahuri.
Mon souffle était silencieux et profond : je le toisais. Nul besoin d'explication, car j'avais compris. J'avais compris en voyant dans son regard de bête blessée. Je le connaissais, ce regard. Je connaissais cette haine de l'autre qui jaillit en réaction à la détestation. Je connaissais tout, tout ce qui se trouvait dans ce regard d'enfant de salaud qui pleure.
« Putain !
Lâchais-je finalement au ciel, à la forêt, à l'air alentour, en guise d'explosion. Mon agressivité venait de muer en frustration. Il m'avait désarmé. Maintenant que je l'avais vu, je ne pouvais plus rien lui faire. Il était de cette espèce là... Et moi, j'avais encore un peu de compassion pour « eux » : pour ces marginaux là, ces salopards là. Quel imbécile...
Sans rien ajouter de plus, je m'en allais alors. Je tournais les talons, une expression profonde de dégoût ravagée de doute fichée sur mes traits. Tout ceci était allé beaucoup... Beaucoup trop loin. Mais ce qui avait été vu ne pouvait plus s'effacer, jamais : c'était l'ordre des choses.
Et lui... Je l'avais vu.
Deirdre aurait pu faire ce qu'il voulait de moi en cet instant : je n'étais bon à rien, incapable de me défendre ou même simplement bouger. Il avait exhumé ma plus grande faiblesse : seule à même de me paralyser complètement. Il avait gagné. A dire vrai, cela n'avait plus aucune importance. J'en oubliait même jusqu'à sa présence : il n'y avait plus que le feu.
Pourtant, rien ne vint. Deirdre ne profita pas de ma vulnérabilité pour tenter quoique ce soit. Il ne leva le voile sur aucun projet machiavélique, ne révéla aucun agenda obscur, ni geste suspect : rien. A l'inverse, le mur de feu disparu dans l'air frais de la nuit aussi vivement qu'il avait été invoqué.
Instinctivement, mon regard se reporta sur le surveillant (l'expression encore interdite et terrifiée) : quelque chose semblait le perturber. Il avait perdu la froideur caractéristique à son allure... Cette espèce de distance étrange qui avait généré chez moi tant de méfiance.
Je le dévisageais sans comprendre. Lui, ne me laissa pas le temps d'assimiler ce qui était en train de se passer. Il se contenta d'articuler une chose que mon esprit troublé ne parvint pas à comprendre, avant de simplement me contourner et tracer son chemin en direction du château (par là où nous étions venu).
Que venait-il de se passer ? Quel était le sens de tout ceci ? J'étais comme assommé debout, incapable de donner du sens à la scène surréaliste à laquelle je venais de prendre part bien malgré moi. Deirdre...
Quelque chose s'enclencha soudain dans mon esprit. Alors, je quittais mon immobilité, comme prit d'une inspiration soudaine. Dirigeant mes pas dans ceux du sorcier, je ne tardais pas à le rattraper : il n'était pas parti bien loin. Je le retrouvais à genou au bord de l'étang : posture étrange de la part de cet homme, mais cela m'étais égal sur le moment.
Une rage extraordinaire venait de s'emparer de moi, comme un feu d'une toute autre sorte et dont la combustion m'étais encore tolérable. Je m'en vins attraper le col de sa veste à deux mains et le plaqua au sol sans ménagement. Ma force (déjà largement supérieure à celle d'un humain ordinaire) était décuplée sous l'effet de l'adrénaline : il n'avait aucune chance de me résister. J'achevais de l'immobiliser en me vautrant sur son torse, un genou plaqué sur chacun de ses bras (afin de lui ôter toute envie d'utiliser sa baguette à nouveau).
« De quel droit salopard ?! Vociférais-je, n'hésitant plus à sortir les crocs. De quel droit ?!
Cela faisait bien longtemps que je n'avais hurlé de la sorte sur quelqu'un. Cela faisait des années que je n'avais cédé à une telle colère... Mais les flammes, la torture : ces choses m'étaient intolérables. J'aurais certainement pu le tuer, en cet instant. Oui, en d'autres circonstances, j'aurais certainement pu le tuer. La chose aurait été extraordinairement facile : je me serais acharné sur sa gorge. Un simple coup de croc et sa jugulaire aurait cédé. Il serait mort, exsangue, en quelques minutes, ou bien noyé dans son fluide, comme un moins que rien.
Cependant, mes yeux venaient de capter un détail glaçant. Deirdre : il pleurait. Aussitôt, mon souffle encoléré se figea. Je m'immobilisais en le fixant de mes prunelles brillantes, interdit à nouveau.
« Non... Non, non ! M'écriais-je à nouveau en le secouant vivement et avec brutalité. T'as pas le droit de me faire ça, salopard ! T'as pas le droit !
Je le relâchais alors comme on le ferait d'une chose répugnante, avant de me relever à la hâte. D'un pas presque chancelant, je m'éloignais alors de quelques mètres, le considérant toujours d'un air ahuri.
Mon souffle était silencieux et profond : je le toisais. Nul besoin d'explication, car j'avais compris. J'avais compris en voyant dans son regard de bête blessée. Je le connaissais, ce regard. Je connaissais cette haine de l'autre qui jaillit en réaction à la détestation. Je connaissais tout, tout ce qui se trouvait dans ce regard d'enfant de salaud qui pleure.
« Putain !
Lâchais-je finalement au ciel, à la forêt, à l'air alentour, en guise d'explosion. Mon agressivité venait de muer en frustration. Il m'avait désarmé. Maintenant que je l'avais vu, je ne pouvais plus rien lui faire. Il était de cette espèce là... Et moi, j'avais encore un peu de compassion pour « eux » : pour ces marginaux là, ces salopards là. Quel imbécile...
Sans rien ajouter de plus, je m'en allais alors. Je tournais les talons, une expression profonde de dégoût ravagée de doute fichée sur mes traits. Tout ceci était allé beaucoup... Beaucoup trop loin. Mais ce qui avait été vu ne pouvait plus s'effacer, jamais : c'était l'ordre des choses.
Et lui... Je l'avais vu.
- InvitéInvité
Re: Entre chien et loup
Mer 24 Oct 2018 - 1:52
entre chien et loup
Le silence. Ce silence pesant te fait entendre chaque battement de ton cœur et cela t’est insupportable. Ton humanité prend le dessus, tes faiblesses te submergent et tes peurs t’envahissent. Ces larmes si longtemps contenues, que représentent-elles réellement ? Cette souffrance subit durant l’enfance ou bien le rejet récemment vécu ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi ici ? Tant de questions se bousculent dans ta tête qu’il t’est impossible de trouver de réponse. Tu prends ta tête entre tes mains, tous ces sentiments contraires, refoulés, inavoués ; c’en est trop pour toi. Tu te combats toi-même, comment pourrais-tu en venir à bout ? Tu tentes de calmer ta respiration mais tu as le souffle court, impossible de prendre une profonde inspiration. Tu aurais pourtant bien besoin d’une grande bouffée d’air pour mettre fin à ce supplice que tu t’inflige à toi-même. Tu te démènes tellement pour reprendre ton aplomb et ta froideur habituelle que tu ne sens pas le semi-vampire arriver dans ton dos. Il te plaque au sol et tu ne te défends pas, las de te débattre. C’est donc ainsi que ta vie va se terminer ? D’accord, finissons comme nous avons commencé, dans le sang, les larmes et la colère. Alors qu’il t’entrave de ses jambes et qu’il arbore agressivement ses crocs tu lui montres ta gorge et le supplies du regard d’abréger ton calvaire. Qu’il te morde et que la noirceur de la nuit t’emporte enfin. Tu le pensais prêt à exaucer ton souhait mais il se ravise. Tu essaies de bouger pour qu’il t’attaque mais il reste immobile un moment. Son regard fini par t’achever.
Mouvements brusques. Il te secoue avec ferveur. Poupée de chiffon entre ses mains, tu ne réagis pas. Tu n’en as plus la force. Tu as compris qu’il t’épargnerait et tu te laisses retomber lourdement au sol alors qu’il relâche son étreinte et s’éloigne. La tête tournée vers lui tu l’observes. Celui qui était ta proie était devenu le prédateur et maintenant il comprenait que tu étais sans doute plus un monstre que lui ne pouvait l’être ; il était sûrement plus humain que toi. Il vocifère. Tu restes immobile. Mais lorsqu’il s’éloigne un peu plus ta respiration s’accélère, il sait. Il sait ta faiblesse. Il sait et c’est insoutenable. Tu commences à nouveau à t’agiter. Tu te redresse et agrippe ta baguette. Tu ne peux le laisser partir comme ça, tu ne peux le laisser savoir, se souvenir. « Thomas ! » Hurles-tu dans sa direction. Comme dans un second souffle tu te relèves et te lances à sa poursuite. Aliéné évadé d’un asile tu cours dans sa direction. « Oubliettes ! » Lances-tu en agitant ta baguette vers lui. Tu manques de trébucher en prononçant le sortilège. Les larmes et la sueur te brouillent la vue, tu essuies ton visage d’un revers de manche. Tu ne ressembles en rien au Deirdre McDougall que chacun connait, tu n’es même plus l’ombre de toi-même. Tu ferais presque pitié. Quelque part tu remercies les circonstances d’avoir fait en sorte que le château soit vide à cette époque de l’année. Mais tu sais que malheureusement ton avenir entier se joue ce soir. S’il oublie tu pourras toi-même oublier, dans le cas contraire … Non, tu ne veux pas y penser, il n’y a qu’une issue possible. Il DOIT oublier. Tu poursuis ta course jusqu’à lui, si ton enchantement l’a touché il te faudra trouver une explication pour la raison de sa présence ici, ton état débraillé et sa perte de mémoire mais si ce n’est que ça, ce sera un moindre mal. Si en revanche tu l’as raté, tu ignores tout de la tournure dramatique que les choses pourraient prendre.
Mouvements brusques. Il te secoue avec ferveur. Poupée de chiffon entre ses mains, tu ne réagis pas. Tu n’en as plus la force. Tu as compris qu’il t’épargnerait et tu te laisses retomber lourdement au sol alors qu’il relâche son étreinte et s’éloigne. La tête tournée vers lui tu l’observes. Celui qui était ta proie était devenu le prédateur et maintenant il comprenait que tu étais sans doute plus un monstre que lui ne pouvait l’être ; il était sûrement plus humain que toi. Il vocifère. Tu restes immobile. Mais lorsqu’il s’éloigne un peu plus ta respiration s’accélère, il sait. Il sait ta faiblesse. Il sait et c’est insoutenable. Tu commences à nouveau à t’agiter. Tu te redresse et agrippe ta baguette. Tu ne peux le laisser partir comme ça, tu ne peux le laisser savoir, se souvenir. « Thomas ! » Hurles-tu dans sa direction. Comme dans un second souffle tu te relèves et te lances à sa poursuite. Aliéné évadé d’un asile tu cours dans sa direction. « Oubliettes ! » Lances-tu en agitant ta baguette vers lui. Tu manques de trébucher en prononçant le sortilège. Les larmes et la sueur te brouillent la vue, tu essuies ton visage d’un revers de manche. Tu ne ressembles en rien au Deirdre McDougall que chacun connait, tu n’es même plus l’ombre de toi-même. Tu ferais presque pitié. Quelque part tu remercies les circonstances d’avoir fait en sorte que le château soit vide à cette époque de l’année. Mais tu sais que malheureusement ton avenir entier se joue ce soir. S’il oublie tu pourras toi-même oublier, dans le cas contraire … Non, tu ne veux pas y penser, il n’y a qu’une issue possible. Il DOIT oublier. Tu poursuis ta course jusqu’à lui, si ton enchantement l’a touché il te faudra trouver une explication pour la raison de sa présence ici, ton état débraillé et sa perte de mémoire mais si ce n’est que ça, ce sera un moindre mal. Si en revanche tu l’as raté, tu ignores tout de la tournure dramatique que les choses pourraient prendre.
©Pando
- InvitéInvité
Re: Entre chien et loup
Mer 24 Oct 2018 - 19:40
J'allais dans la nuit, le sang bouillant d'émotions vives. L'adrénaline me rendait ivre : j'avais l'impression d'être invincible, en dépit du tumulte qui ravageait mes pensées. Un véritable animal enragé : la raison peinait à se reconstruire par dessus l'agitation des affects mis à nu. Haletant, le pas incertain, j'imaginais imposer entre nous la plus grande distance possible : laisser Deirdre se faire avaler par la pénombre environnante et ne plus jamais penser à ce qui venait de se passer.
Soudain, un jet de lumière vive percuta le tronc d'un arbre devant moi, me frôlant l'oreille à quelques centimètres seulement. Aussitôt, je sentis l'étreinte de l'action me resserrer vivement le corps, tandis que mes sens s'éveillaient pour la seconde fois : le surveillant était sur ma trace et bien décidé à éradiquer de ma mémoire les événements récents. Tout ceci le compromettait, assurément, mais je n'en étais pas encore arrivé au point où j'envisageais de lui faire payer l'affront qu'il m'avait fait subir (tout du moins d'un point de vue administratif).
Tout ce que je savais, en cet instant, c'est que j'étais en danger et qu'il fallait réagir vite. Réfléchissant à vive allure, je décidais finalement de m'immobiliser simplement et d'attendre qu'il me rejoigne (un pari risqué, mais j'avais confiance). Puisqu'il s'agissait d'un sortilège d'amnésie, Deirdre devait s'attendre à me trouver dans un état de confusion et ce fus précisément ce que je m'appliquais à mimer. Attentif, je me fiais au son de ses pas en train d'approcher, afin de choisir le bon moment pour me retourner et le désarmer.
« Expelliarmus !
M'écriais-je. J'avais attendu le dernier moment pour qu'il n'ait pas le temps d'esquiver. Ma baguette de sycomore avait pour elle une rapidité exceptionnelle et si on la couplait avec la vivacité de mes propres réflexes, il allait sans dire que me contrer relevait de l'exploit. Naturellement, Deirdre n'y parvint pas et je regardais sa baguette magique s'envoler de sa main d'un air mauvais.
« C'est amusant comme un sorcier sans baguette, ça ne ressemble plus à rien...
Fis-je alors, sarcastique. A ces mots, je rangeais la mienne dans la poche intérieure de ma veste. En temps normal, je n'aurais certainement pas parlé de la sorte (car après tout, j'étais autant sorcier que lui), mais il m'avait tellement poussé dans mes limites, tellement réduit à la moitié de ma nature, que j'en venais à m'y retrancher sans même y penser. Les vampires, comme toutes créatures non humaines, n'avaient pas le droit de posséder une baguette magique. C'était un privilège des sorciers, secret jalousement gardé (et donc intensément envié).
« Tu devrais mieux choisir les personnes avec qui tu joues, Deirdre.
Ajoutais-je en approchant, mes prunelles noires rivées sur son visage plein de trouble. Je ne reconnaissais pas l'homme qui se tenait devant moi, il était sans comparaison avec le surveillant froid et calculateur que je croisais tous les jours dans les couloirs de l'université. Celui-là était d'une écœurante vulnérabilité. Pour moi, c'était presque déstabilisant. Presque. Je m'immobilisais juste en face de lui, assez proche pour pouvoir détailler le moindre froissement de son expression.
« On dirait bien qu'on est coincé, tous les deux... Glissais-je alors en commençant à tourner lentement autour de lui. Tu voulais me faire oublier ton regard de gosse battu ? Peut-être que tu n'avais pas prévu que je sache si bien les reconnaître ?
Mon intonation se faisait suave, presque moqueuse. J'étais galvanisé dans mon rôle de vilaine bête, me délectant du passage de victime à celui de pervers, qui s'amuse à frapper là où ça fait mal. Ma compassion s'était envolée après l'attaque ratée sur ma mémoire. A présent, je ne songeais qu'à me venger en me montrant aussi mauvais que lui. C'est pourquoi, achevant mon tour, je m'arrêtais à son profil et me penchais légèrement sur son oreille au moment de conclure dans un murmure.
« C'était qui ? Maman ? Papa ? Un oncle ? Le grand-père ?
Soudain, un jet de lumière vive percuta le tronc d'un arbre devant moi, me frôlant l'oreille à quelques centimètres seulement. Aussitôt, je sentis l'étreinte de l'action me resserrer vivement le corps, tandis que mes sens s'éveillaient pour la seconde fois : le surveillant était sur ma trace et bien décidé à éradiquer de ma mémoire les événements récents. Tout ceci le compromettait, assurément, mais je n'en étais pas encore arrivé au point où j'envisageais de lui faire payer l'affront qu'il m'avait fait subir (tout du moins d'un point de vue administratif).
Tout ce que je savais, en cet instant, c'est que j'étais en danger et qu'il fallait réagir vite. Réfléchissant à vive allure, je décidais finalement de m'immobiliser simplement et d'attendre qu'il me rejoigne (un pari risqué, mais j'avais confiance). Puisqu'il s'agissait d'un sortilège d'amnésie, Deirdre devait s'attendre à me trouver dans un état de confusion et ce fus précisément ce que je m'appliquais à mimer. Attentif, je me fiais au son de ses pas en train d'approcher, afin de choisir le bon moment pour me retourner et le désarmer.
« Expelliarmus !
M'écriais-je. J'avais attendu le dernier moment pour qu'il n'ait pas le temps d'esquiver. Ma baguette de sycomore avait pour elle une rapidité exceptionnelle et si on la couplait avec la vivacité de mes propres réflexes, il allait sans dire que me contrer relevait de l'exploit. Naturellement, Deirdre n'y parvint pas et je regardais sa baguette magique s'envoler de sa main d'un air mauvais.
« C'est amusant comme un sorcier sans baguette, ça ne ressemble plus à rien...
Fis-je alors, sarcastique. A ces mots, je rangeais la mienne dans la poche intérieure de ma veste. En temps normal, je n'aurais certainement pas parlé de la sorte (car après tout, j'étais autant sorcier que lui), mais il m'avait tellement poussé dans mes limites, tellement réduit à la moitié de ma nature, que j'en venais à m'y retrancher sans même y penser. Les vampires, comme toutes créatures non humaines, n'avaient pas le droit de posséder une baguette magique. C'était un privilège des sorciers, secret jalousement gardé (et donc intensément envié).
« Tu devrais mieux choisir les personnes avec qui tu joues, Deirdre.
Ajoutais-je en approchant, mes prunelles noires rivées sur son visage plein de trouble. Je ne reconnaissais pas l'homme qui se tenait devant moi, il était sans comparaison avec le surveillant froid et calculateur que je croisais tous les jours dans les couloirs de l'université. Celui-là était d'une écœurante vulnérabilité. Pour moi, c'était presque déstabilisant. Presque. Je m'immobilisais juste en face de lui, assez proche pour pouvoir détailler le moindre froissement de son expression.
« On dirait bien qu'on est coincé, tous les deux... Glissais-je alors en commençant à tourner lentement autour de lui. Tu voulais me faire oublier ton regard de gosse battu ? Peut-être que tu n'avais pas prévu que je sache si bien les reconnaître ?
Mon intonation se faisait suave, presque moqueuse. J'étais galvanisé dans mon rôle de vilaine bête, me délectant du passage de victime à celui de pervers, qui s'amuse à frapper là où ça fait mal. Ma compassion s'était envolée après l'attaque ratée sur ma mémoire. A présent, je ne songeais qu'à me venger en me montrant aussi mauvais que lui. C'est pourquoi, achevant mon tour, je m'arrêtais à son profil et me penchais légèrement sur son oreille au moment de conclure dans un murmure.
« C'était qui ? Maman ? Papa ? Un oncle ? Le grand-père ?
- InvitéInvité
Re: Entre chien et loup
Jeu 8 Nov 2018 - 22:05
entre chien et loup
Il ne reste que quelques mètres. Ces quelques mètres qui te séparent de lui. Interminables. Le souffle court, les larmes désormais sèches mais le front humide de sueur tu avances dans sa direction en espérant que ton sortilège est bien touché sa cible. Ta chemise blanche ne l’est plus, parsemée de terre et de tâches d’herbe, tout comme ton pantalon noir. Tu ne ressembles plus à rien ou du moins plus à cette image froide et stricte que tu mets tant de mal à garder à toutes circonstances. Tes jambes te portent à peine, tu as l’air d’un fou. Enfin tu finis par apercevoir une silhouette. C’est lui. Il semble désorienté alors tu t’approches sans te méfier. Erreur impardonnable. Tu ressens soudainement une vive douleur à la main droite lorsqu’il s’attaque à toi et ta précieuse baguette se retrouve éjectée. Tu es de nouveau à sa merci mais cette fois il est impensable que tu le supplies de quoi que ce soit. Ton état d’esprit a changé, si tu ne peux lui faire oublier les minutes passées grâce à ta baguette, tu trouveras un autre moyen. Sa remarque ne te fait ni chaud ni froid. Bien qu’il soit à moitié vampire et malgré l’absence de ta baguette tu restes redoutable. Les combats clandestins avaient été un moyen rapide de te faire de l’argent après ton expulsion de Poudlard et autant dire que tu as de beaux restes. Mais pas encore … Tu l’observes ranger sa baguette lui laissant croire que tu es battu et que tu baisses les yeux un instant en signe de soumission. Mais il n’en est rien. Il se croit malin, tant mieux, il ignore ce qui se trame dans ta tête. Il se permet un conseil appuyé par l’utilisation de ton prénom, comme s’il voulait t’infantiliser. C’est d’ailleurs la première fois qu’il l’utilise et lorsque tu l’entends tu plisses légèrement les yeux, signe de ta colère sous-jacente, de ce refus de rendre les armes.
Il entame alors cette danse qu’il pratiquait plus tôt. À nouveau il te tourne autour. Tu sais que tu as réveillé la bête et semble aimer ça. Tu voudrais lui cracher au visage que tous les efforts qu’il fait pour garder cette partie de lui en sommeil sont vains, mais tu réalises qu’il pourrait te faire la même constatation. Toute cette énergie que tu utilises pour sauver les apparences, pour garder la bonne intonation au bon moment, ne pas dire un mot plus haut que l’autre. Tu te débats chaque instant pour feindre des sentiments que tu ne comprends pas, que tu ne connais pas. Tu perds ton temps à refouler cette colère et cette violence qui sont les seuls que tu connaisses. Debout au centre de ce cercle qu’il dessine autour de toi, tu sers les poings lors qu’il parle d’enfant battu. À cette simple allusion tu ressens les coups de cet homme que tu as détesté au point de lui ôter la vie. Tu fermes les yeux et tu sens sa présence derrière toi comme l’ombre qui cherche à se refermer sur toi et t’emporter pour toujours. C’est lui qui a fait de toi cet homme violent et froid, ce monstre. Mais le monstre c’était lui. À cet instant c’était comme s’il était cette part sombre de toi, finalement tu lui ressembles bien plus que ce que tu n’aurais voulu. Tu es devenu comme lui. Cette observation te fait ouvrir les yeux d’un seul coup et à ce même moment Thomas prononce les mots grand-père. Pris d’un élan de rage tu lui sautes littéralement dessus, vous vous retrouvez au sol. Comme porté par la fureur tu lui arraches sa baguette et la pointe en direction de sa trachée. « La ferme ! Tu ne sais rien !! RIEN ! » Tu hurles tel un forcené. Tellement que tu en viens à postillonner. Cette fois tu ne te contrôle plus. Tu voulais que l’animal en Thomas sorte et c’est toi qui deviens l’animal. Tu sembles perdre la raison, tu veux le faire. L’empêcher de te faire du mal. Tu enfonces un peu plus la baguette, ta respiration est haletante et ton cœur s’emballe. « Tu ne sais rien. » Répètes-tu encore et encore.
Il entame alors cette danse qu’il pratiquait plus tôt. À nouveau il te tourne autour. Tu sais que tu as réveillé la bête et semble aimer ça. Tu voudrais lui cracher au visage que tous les efforts qu’il fait pour garder cette partie de lui en sommeil sont vains, mais tu réalises qu’il pourrait te faire la même constatation. Toute cette énergie que tu utilises pour sauver les apparences, pour garder la bonne intonation au bon moment, ne pas dire un mot plus haut que l’autre. Tu te débats chaque instant pour feindre des sentiments que tu ne comprends pas, que tu ne connais pas. Tu perds ton temps à refouler cette colère et cette violence qui sont les seuls que tu connaisses. Debout au centre de ce cercle qu’il dessine autour de toi, tu sers les poings lors qu’il parle d’enfant battu. À cette simple allusion tu ressens les coups de cet homme que tu as détesté au point de lui ôter la vie. Tu fermes les yeux et tu sens sa présence derrière toi comme l’ombre qui cherche à se refermer sur toi et t’emporter pour toujours. C’est lui qui a fait de toi cet homme violent et froid, ce monstre. Mais le monstre c’était lui. À cet instant c’était comme s’il était cette part sombre de toi, finalement tu lui ressembles bien plus que ce que tu n’aurais voulu. Tu es devenu comme lui. Cette observation te fait ouvrir les yeux d’un seul coup et à ce même moment Thomas prononce les mots grand-père. Pris d’un élan de rage tu lui sautes littéralement dessus, vous vous retrouvez au sol. Comme porté par la fureur tu lui arraches sa baguette et la pointe en direction de sa trachée. « La ferme ! Tu ne sais rien !! RIEN ! » Tu hurles tel un forcené. Tellement que tu en viens à postillonner. Cette fois tu ne te contrôle plus. Tu voulais que l’animal en Thomas sorte et c’est toi qui deviens l’animal. Tu sembles perdre la raison, tu veux le faire. L’empêcher de te faire du mal. Tu enfonces un peu plus la baguette, ta respiration est haletante et ton cœur s’emballe. « Tu ne sais rien. » Répètes-tu encore et encore.
©Pando
- InvitéInvité
Re: Entre chien et loup
Ven 28 Déc 2018 - 12:45
Le dernier mot fit mouche. Je voyais le surveillant s'enflammer à nouveau, mais cette fois-ci de rage. Il me sauta littéralement à la gorge, avide de me faire ravaler mon audace et le reste. Je l’accueillais sans surprise, presque heureux d'avoir piqué au vif ce cinglé qui m'avait rendu si misérable quelques minutes plus tôt. Sans lutter, je regardais donc nos deux corps choir contre l'herbe rendue humide par la rosée nocturne. Sa position lui donnait l'ascendant sur moi : je ne pouvais pas bouger, ou pas beaucoup : il m'écrasait de son poids.
La succession rapide des événements lui donna l'opportunité de prendre ma baguette. En moins d'une ou deux secondes, nous venions d'inverser la balance des forces : de maître de la situation, je repassais au rang de victime, tandis qu'il me pointait la gorge avec ma propre baguette magique, vociférant au sujet de mon ignorance.
« Non, sans doute...
Articulais-je, la respiration entravée par la pression qu'il exerçait sur ma poitrine. Je n'aimais pas l'idée d'être menacé de la sorte par un être aussi instable, cependant le spectacle de sa colère me rendait étonnamment calme (tout du moins relativement serein comparé à tout à l'heure). Deirdre se montrait tel qu'il était et je crois que cela me rassurait en un sens. Nous jouions cartes sur table et je n'avais plus à craindre quelque coup dans le dos ou que sais-je : la vérité se montrait enfin toute nue... Et elle n'était pas belle à regarder. Fallait-il qu'un homme à ce point calculateur abrite pareil bête en son sein ? Je crois que je n'en avait jamais douté, dans le fond. Deirdre me faisait l'effet d'un immonde reflet dans un miroir déformant. Nous n'étions pas semblables (loin de là), mais certaines choses se faisaient étrangement écho dans nos deux natures.
« En tout cas j'en ai assez vu pour me faire une idée...
Glissais-je alors après un moment, laissant échapper une courte toux sèche en réaction à la pression sur ma gorge. Mon regard brillant s'attarda sur les traits déformés par la colère du surveillant. J'en arrivais au constat terrible qu'il ne m'inspirait aucune compassion... C'est idiot car j'imagine qu'on aurait pu se comprendre à une époque, mais peut-être que ce qui nous compose n'était pas si semblable que cela, après tout... Je ne sais pas. L'adrénaline m'empêchait de cogiter correctement pour tout dire. Je sentais les battements de mon cœur pulser à travers mes tempes comme pour me rappeler d'agir.
La suite s’enchaîna dans la foulée de notre chute, mes deux répliques n'ayant offert que quelques secondes de répit à notre affrontement. D'un geste sec, je lui adressais un violent coup de tête en plein front, obéissant aux directives d'un instinct qui me criait de ne pas laisser la situation s'éterniser. Je profitais alors de la confusion du moment pour le faire basculer de côté, de sorte à pouvoir me dégager. Je me ruais ensuite sur sa main, cherchant à reprendre ma baguette avant qu'il n'ait l'idée de s'en servir. L'une de mes mains agrippa fermement son poignet afin de l'empêcher de me pointer avec la baguette, tandis que l'autre tentait de l'atteindre pour la lui prendre. Cependant, il fallait encore que je me garde de ses répliques et il était bien difficile d'être tout à une tâche dans une situation pareille. J'essayais de le maintenir à l'écart avec mon bras libre, mais cela m'empêchait d'attraper l'objet. De plus, affalé au sol comme nous étions, il m'était impossible d'avoir un bon appuis et déployer véritablement toute ma force. En bref, la situation ne s'arrangeait guère et tout pouvait encore basculer d'une seconde à l'autre.
La succession rapide des événements lui donna l'opportunité de prendre ma baguette. En moins d'une ou deux secondes, nous venions d'inverser la balance des forces : de maître de la situation, je repassais au rang de victime, tandis qu'il me pointait la gorge avec ma propre baguette magique, vociférant au sujet de mon ignorance.
« Non, sans doute...
Articulais-je, la respiration entravée par la pression qu'il exerçait sur ma poitrine. Je n'aimais pas l'idée d'être menacé de la sorte par un être aussi instable, cependant le spectacle de sa colère me rendait étonnamment calme (tout du moins relativement serein comparé à tout à l'heure). Deirdre se montrait tel qu'il était et je crois que cela me rassurait en un sens. Nous jouions cartes sur table et je n'avais plus à craindre quelque coup dans le dos ou que sais-je : la vérité se montrait enfin toute nue... Et elle n'était pas belle à regarder. Fallait-il qu'un homme à ce point calculateur abrite pareil bête en son sein ? Je crois que je n'en avait jamais douté, dans le fond. Deirdre me faisait l'effet d'un immonde reflet dans un miroir déformant. Nous n'étions pas semblables (loin de là), mais certaines choses se faisaient étrangement écho dans nos deux natures.
« En tout cas j'en ai assez vu pour me faire une idée...
Glissais-je alors après un moment, laissant échapper une courte toux sèche en réaction à la pression sur ma gorge. Mon regard brillant s'attarda sur les traits déformés par la colère du surveillant. J'en arrivais au constat terrible qu'il ne m'inspirait aucune compassion... C'est idiot car j'imagine qu'on aurait pu se comprendre à une époque, mais peut-être que ce qui nous compose n'était pas si semblable que cela, après tout... Je ne sais pas. L'adrénaline m'empêchait de cogiter correctement pour tout dire. Je sentais les battements de mon cœur pulser à travers mes tempes comme pour me rappeler d'agir.
La suite s’enchaîna dans la foulée de notre chute, mes deux répliques n'ayant offert que quelques secondes de répit à notre affrontement. D'un geste sec, je lui adressais un violent coup de tête en plein front, obéissant aux directives d'un instinct qui me criait de ne pas laisser la situation s'éterniser. Je profitais alors de la confusion du moment pour le faire basculer de côté, de sorte à pouvoir me dégager. Je me ruais ensuite sur sa main, cherchant à reprendre ma baguette avant qu'il n'ait l'idée de s'en servir. L'une de mes mains agrippa fermement son poignet afin de l'empêcher de me pointer avec la baguette, tandis que l'autre tentait de l'atteindre pour la lui prendre. Cependant, il fallait encore que je me garde de ses répliques et il était bien difficile d'être tout à une tâche dans une situation pareille. J'essayais de le maintenir à l'écart avec mon bras libre, mais cela m'empêchait d'attraper l'objet. De plus, affalé au sol comme nous étions, il m'était impossible d'avoir un bon appuis et déployer véritablement toute ma force. En bref, la situation ne s'arrangeait guère et tout pouvait encore basculer d'une seconde à l'autre.
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